Feux et fournaise

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Comme s’il ne faisait pas assez chaud, avec une température qui oscille entre 46 et 47° à l’ombre, deux impressionnants incendies ont pris le départ la semaine dernière. Le premier a eu lieu à Ighzer Iwakuren en haute montagne dans la commune de Saharidj sur un terrain fort accidenté inaccessible aux pompiers. Poussé par un vent assez fort, les flammes lèchent rapidement plus de 50 ha de broussailles, ronces, fougères qui constituent l’essentiel de la pitance pour les troupeaux d’ovins, bovins et caprins.

Des bouquets géants de lauriers roses qui embellissaient agréablement les deux berges d’Assif Iwakuren ont été réduites en cendres. En un clin d’œil, l’un des plus beau sites du massif du Djurdjura grâce à son panorama de rêve est transformé en paysage lunaire où ne subsiste que des charbons noirs et de la roche calcinée à perte de vue. Dénudés, ces terrains d’Izerouel révèlent les traces de violents accrochages entre l’ALN et les forces coloniales durant la guerre de Libération.

Des fragments d’obus des mortiers de 120, des douilles de mitrailleuse, des enveloppes de roquettes et des traces du napalm sur les surfaces rocheuses et même des carcasses d’un avion militaire de la 8e armée de type « réaction » du bataillon des chasseurs Alpins. Le feu lève le voile sur la manière par laquelle a été acquise l’indépendance.

Le deuxième foyer de feux s’est déclaré à Adrar Seguen à distances égales entre le chef-lieu de la commune d’Ahnif et celui d’Ath Mansour, (Thaourirth), un lieu réputé fief du terrorisme en raison de son tissu végétal dense ajouté à un relief fort accidenté composé de ravins profonds, de hautes collines offrant de nombreuses caches. Pour l’heure, le feu continue à faire des ravages dans le maquis composé de pins d’Alep, de chênes verts, de cèdre…

Les brasiers ont plongé toute la région de la daïra de M’chedallah dans une fournaise à la limite du supportable à tel point qu’à partir de 11 heures, les rues sont désertes, les citoyens s’enferment chez eux évitant tout déplacement sauf dans le cas de force majeure, une chaleur qui n’est pas sans conséquences sur la santé publique. Une tournée effectuée au niveau des urgences du secteur sanitaire de M’chedallah nous a permis de constater une affluence assez importante de personnes âgées, des asthmatiques en particulier, et comme un malheur n’arrive jamais seul, un sirocco sévit depuis le début de la matinée balayant toute la région et soulevant sur son passage des nuages de poussière fine reproduisant une authentique tempête de sable du désert. Des citoyens d’Ath Mansour le village le plus proche de cet incendie qui nous ont contactés, nous ont fait part d’une forte odeur de chair brûlée qui enveloppe cette localité, en plus d’une fumée noire ocre ajoutée à une véritable tempête de cendres rendant l’air irrespirable.

Après investigation, des témoins oculaires nous ont appris que l’odeur provient d’une horde de sangliers d’environ 20 bêtes qui ont été dévorés par les flammes. “Pourvu que cet infernal climat ne se reproduise pas durant la période du Ramadhan”, prient les citoyens.

O. S.

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