Quand on a que ses yeux pour pleurer

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A quelques jours du mois de Ramadhan, un mois où normalement la Rahma serait de mise pour être en conformité avec les recommandations de notre religion et permettre du même coup à tous les citoyens d’accomplir leurs devoirs religieux dans des conditions favorables et propices, malheur est de constater que la gourmandise et l’égoïsme l’emportent largement. Faire plus de bénéfice et ramasser plus d’argent est l’unique objectif des commerçants et des spéculateurs de tous bords, peu importe les conséquences que cela générera. Les pouvoirs publics et les services régulateurs du marché se contentent uniquement d’affirmer que tous les produits sont disponibles en quantité suffisante sur les étals, chose qui démontre que la flambée des prix n’est pas due à la pénurie, ce qui doit alerter les services anti-fraude et les pousser à réagir pour mettre fin à la spéculation qui gangrène le marché et provoque inévitablement l’érosion du pouvoir d’achat des citoyens en général et des petites bourses en particulier. Après un été cauchemardesque fait de canicule, de feu, de manque d’eau et de coupure d’électricité, les citoyens de Maâtkas et de toute la Kabylie auront encore l’obligation de serrer davantage la ceinture car les prix de beaucoup de produits de première nécessité et de large consommation sont déjà hors de portée des modestes bourses.

Les raisons de la flambée

Même les services concernés et les pouvoirs publics ne fournissent aucune raison valable et se contentent seulement de dire que tous les produits sont disponibles et que l’Etat a pris les mesures nécessaires pour éviter le manque, ce qui doit, selon eux, garantir la stabilité des prix. Pire illusion, puisque sur le terrain, il s’agit d’une toute autre histoire car les prix sont tout sauf stables ! Un marchand des fruits de légumes, apostrophé à ce sujet révélera : “C’est devenu malheureusement une habitude, les prix s’envolent à chaque événement, nous achetons plus chers et vendons plus chers par conséquent”. Un autre commerçant comme pour soutenir son collègue enchaînera : “Nous les détaillants sommes pour rien dans cette affaire, il faut voir avec les grossistes et les spéculateurs”. Un client visiblement désorienté et déçu, nous dira sans hésitation : “J’ai fait le tour du marché et comme vous voyez je n’ai presque rien acheté, c’est trop cher, avec l’arrivée du mois sacré, les prix s’envoleront davantage pour une seule et unique raison : “la cupidité””.

Les prix pratiqué à la hausse

Les différents étals et commerces que nous avons visités du côté de Mechtras, Souk El Tenine et Maâtkas affichent des prix presque identiques, une entente parfaite dans ce domaine dont le dénominateur commun est la flambée ! A commencer par la pomme de terre, ce tubercule prisé par les ménages et qui constitue le légume de base des plats des ménagères qui est cédé à partir de 40 DA le kg. L’oignon qui se vend à pareille période à 10 DA le kg son prix oscille actuellement entre 35 et 40 DA. L’haricot vert se négocie autour de 100 DA, la tomate à 70 DA et les piments à 70 DA le kilo. La salade n’est cédée qu’au prix de 70 DA, la carotte 50 DA et la courgette a fini par atteindre la barre des 60 DA.

Les fruits de bonne qualité sont inaccessibles pour la plupart puisque le prix d’un kilo de raisin dépasse les 90 DA, celui du melon à 80 DA, ce qui contraint les chefs de famille à se rabattre sur les fruits de moindre qualité qui eux demeurent à peu près accessibles. Pour ce qui est des viandes, il y a fort à parier que la majorité des ménages ne songeront même pas à en consommer car les prix sont inabordables depuis déjà longtemps. Un kilo de viande rouge est cédé à 700 DA, un kilo de bifteck à 1200 DA.

La viande congelée, elle aussi fait des siennes à 620 DA. La sardine à 100 DA et enfin le poulet n’est cédé qu’à partir de 380 DA le kilogramme. L’huile de table qui se vendrait il y a seulement quelques jours à 450 DA le bidon de 5 litres est passée à 580 DA, le sucre, le café, la tomate en boite et la farine ont eux aussi subi des augmentations sensibles.

L’alternative pour le citoyen

Comme à l’accoutumée, les pouvoirs publics ne réussiront pas à mettre un terme à cette flambée vertigineuse des prix des produits des fruits et légumes, des viandes et des différents produits prisés par les Algériens spécialement pendant le Ramadhan, alors les citoyens n’auront d’autres choix qu’à se rabattre sur les pâtes alimentaires, le couscous, le pain et le lait au risque de mettre leur santé en péril. Il faut avouer que les prix de ces quatre produits sont stables et abordables et puis l’Algérien est connu pour être un grand consommateur de pain.

N’oublions pas aussi de signaler que les dépenses relatives à l’Aïd et à la rentrée scolaire nous attendent au bout du chemin. Allez, bon courage et bon Ramadhan ! Même si vous avez le sentiment d’être abandonnés et livrés aux spéculateurs plus cupides que jamais.

Hacine Taib

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