D’Aït Seroual à Aït Segoual

Partager

Le groupement en tribus des populations connues sus le nom de Béni Segoual est l’objet de la tradition suivante : Driss, khouan de Moulay Abderrahmane, originaire du Maroc, vint s’installer au 15e siècle de l’ère chrétienne, à Tassefsaft Alia. Il était accompagné de ses 6 fils prénommés El Ayadi, Boubeker, Kerami, Ahmed Bouhafna, Khelifa et Bourebaa. Driss était riche et possédait beaucoup de troupeaux. (Il n’a pas été possible aux rédacteurs du rapport de savoir qui habitait la région lors de l’arrivée de Driss et si son installation lui créa des embarras avec les anciens fossoyeurs du sol). Quand celui-ci et sa famille s’installèrent dans le pays, les indigènes qui l’habitaient ne portaient que des haïks et des burnous ; Driss portait un pantalon. Les autochtones l’appelèrent Béni Seroual, qui, plus tard, devint Segoual. Ce nom leur aurait été donné par les Béni Melloul qui étaient leurs voisins et qui le sont encore sous le nom de Béni Allam (Aït Laâlam actuel). Driss créa le village de Tassefsaft Alia entre Boulezazen et l’oued Ziama. Sa famille ayant pris proportion une considérable, ses fils créèrent de nouveaux villages et devinrent la souche de diverses fractions qui existent encore aujourd’hui et qui forment la tribu des Aït Segoual. Ces fractions sont connues sous les dénominations d’Aït Boubeker, Aït Kara, Aït Ayed, Aït Sahel (descendants de Bourebaâ), Aït Bouhaffan, Aït Khelifa. Les descendants de Driss vivaient des produits du sol (céréales, oliviers…), ils possédaient de nombreux troupeaux qui servaient également à leur alimentation. Les Aït Segoual étaient continuellement en guerre avec leurs voisins, les Aït Melloul (Aït Laâlam actuels), les Aït Hassein (Souk El Tenine, actuellement), les Aït Bou Youcef (Tammridjt, actuellement) et les Aït Maâd (hauteurs de Mansouriah actuellement). C’est avec ces derniers qu’ils eurent plus de querelles et de contestations, à la suite de vols et d’enlèvements de femmes. Les limites mal définies occasionnèrent souvent des rixes graves qui furent suivies de combats furieux. Malgré toutes ces querelles, les Aït Segoual purent se maintenir sur les terrains qu’ils avaient accaparés et qu’ils occupent encore. Pour les motifs indiqués ci-dessus, les Aït Segoual s’absentaient rarement de leur tribu par crainte de représailles ou des attaques qu’ils auraient eu à supporter, ils n’eurent jamais de relations avec les agents du gouvernement qui n’osèrent s’aventurer dans leur pays. La prise de Bgayet n’exerça aucune action sur les Aït Segoual, tant que tout le pâté montagneux dont ils font partie resta insoumis. Cette tribu conserva longtemps son indépendance ; elle ne prit qu’une petite part aux combats qui se livrèrent sous les murs de cette place. Ils ne prirent aucune part à l’insurrection de 1849 décienchée par les Aït Slimane, Aït Tizi, les Aït Ouareth et plusieurs autres tribus, ce qui nécessita l’envoi des colonnes commandées par De Sallès et St Arnaud. En 1853, lors de l’expédition des Babors, commandée par le Maréchal Randon, cet officier général envoya aux Aït Segoual le caïd Bouakkaz pour leur proposer l’aman s’ils reconnaissaient la suzeraineté de la France. Les Aït Segoual acceptèrent la proposition qui leur était faite et livrèrent trois des leurs comme otages.Ces derniers furent conduits à Jijel et de là, envoyés à Bgayet où ils restèrent quelques temps puis ils furent renvoyés chez eux. Deux ans plus tard, les Aït Segoual furent organisés en trois cheikhats qui eurent à leur tête : Saâdi Ou Belkacem pour les Aït Ayad et les Aït Khelifa, Ali Ben Messaoud pour les Aït Bourabaa et les Aït Boubekeur et enfin Belkacem Ben Slimane pour les Aït Keram et les Aït Bouhafan. Les Aït Segoual restèrent fidèles à leur parole jusqu’en 1865. A cette époque, ils écoutèrent deux Kabyles de Takitount, Traount et Mohamed Ou Bakir, qui vinrent leur prêcher la guerre sainte ; ils se joignirent aux insurgés qui attaquèrent le camp d’observation formé à l’oued Ziama. Ils firent de nouveau leur soumission et restèrent tranquilles jusqu’en 1871, époque à laquelle ils se soulevèrent de nouveau et prirent une large part à l’insurrection. Les habitants sont d’origine berbère, parlent la langue kabyle, ils ont les mœurs et les coutumes kabyles. Liés depuis longtemps par des intérêts communs et vivant en bonne intelligence, ils ont été constitués en un seul douar qui a été placé sous le commandement du cheikh Ali Ou Belkacem. Le douar des Aït Segoual dépendait primitivement du Bureau arabe de Bgayet. En 1873, il fit partie de l’annexe de Takitount et fut rattaché dès le 1er octobre de la même année au territoire civil, commune mixte de oued Marsa (Aokas actuellement). Après l’indépendance, ils dépendirent de la commune de Souk El Tenine et en 1984, la commune de Melbou fut créée.

A. Gana

Partager