Les figues de la providence

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Elles sont devenues des fruits exotiques au fil des temps. C’est le résultat de l’abandon pur et simple de l’entretien de cet arbre béni de Dieu, cité dans le Coran et la Bible. Ils ne sont pas nombreux à se consacrer à son entretien, hormis quelques agriculteurs de l’ancienne génération, qui lui consacrent leur amour et leur force de travail. Ils le piochent deux fois par an, une fois au printemps pour lui permettre d’absorber le maximum d’eau pluviale nécessaire à la fructification et à l’automne où le terrain est plus propice à ce travail éreintant. Les jeunes, comme nous l’avons signalé dans un de nos reportages consacré à cette commune à vocation agricole de montagne, préfèrent louer leur force de travail ailleurs dans les chantiers du bâtiment des villes, dans les champs pétroliers du Sud pour les plus “chanceux”, quand ce n’est pas l’emigration autorisée ou clandestine dans le pays de predilection de leurs parents, la France. Ces derniers temps, une autre destination bien plus lointaine celle-là attire l’attention de ces jeunes. Il s’agit de l’Afrique du Sud et du Canada. Tous ne partent pas bien sûr et l’on se rabat sur les interminables parties de dominos dans les nombreux cafés maures plus nombreux ici que toutes les autres activités commerciales, et de service. Résultat de courses tout est à l’état d’abandon. Combien de fois avons-nous vu des oliviers, figuiers ensevelis sous les ronces et genêts. Pour cette année, aussi bien pour le raisin, la figue sera abondante et l’on se prépare déjà à la fabrication de claies, faites à base de roseaux pour pouvoir sécher le surplus et en faire des figues sèches, qui ont atteint ces dernières années plus de 100 DA le kg. A quelque chose, malheur est bon. Cette révolte exceptionnelle est le fruit non d’un quelconque effort supplémentaire des paysans, mais le résultat heureux de la chute abondante des neiges. “Les figuiers ont bu de l’eau, jusqu’au plus profond de leurs racines” a tenté de nous expliquer un sexagénaire propriétaire d’une figueraie. Au pays de la providence, la figue a été ainsi ressuscitée par la grâce d’une météo capricieuse et qui ne fait pas que dans les malheurs. Elle nous fait comprendre, par la, les rechesses et les potentialités d’un pays à la nature généreuse. Pour peu que tout le monde retrousse ses manches et l’aide à accomplir son travail de pourvoyeuse de richesses.

M. Ouaneche

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