Par S Ait Hamouda
Kateb Yacine, l’auteur génial de «Le cadavre encerclé», «Nedjma» et «Le polygone étoilé» s’est éteint le 28 octobre 1989. Il a aimé l’Algér ie, sa patrie, plus que tout. Il fut un écrivain majeur dès «Nedjma ou le poème ou le couteau», son premier recueil de poésie, publié chez un imprimeur qui mettait la clé sous le paillasson, aidé en cela par Si L’Mokhtar. Il a démantelé les résiduels et les essentiels parce qu’il a découvert la révolution le 8 mai 1945 en détention. Il est définitivement acquis à la cause nationale, tandis qu’il voit sa mère «devenir folle». Exclu du lycée, traversant une période d’abattement, plongé dans Baudelaire et Lautréamont, son père l’envoie au lycée de Bône. Il y rencontre Nedjma (l’étoile), «cousine déjà mariée», avec qui il vit «peut-être huit mois», confiera-t-il, et y publie en 1946 son premier recueil de poèmes.
Ce qu’il advint à Yacine après, c’est qu’il était prédestiné à formuler par l’écrit ses sentiments tus et ses colères exprimées. Il s’est inspiré, dit-on, de Faulkner, de Rimbaud, de la littérature populaire et de plein de choses encore. En 1947, Kateb arrive à Paris, «dans la gueule du loup» et Prononce en mai, à la Salle des Sociétés savantes, une conférence sur l’émir Abdelkader et adhère au Parti communiste algérien.
Là il avait rencontré Malek Haddad. Ils étaient vendangeurs dans le Midi de la France. Après l’indépendance, il rentre en Algérie, pas pour longtemps, après plusieurs voyages en Union Soviétique, en Allemagne, Italie, Belgique, Yougoslavie, Vietnam, par le truchement du novembriste Ali Zamoum, il rentre en Algérie travaille d’abord avec la troupe le théâtre de la mer, puis crée «L’action culturelle des travailleur s» avec laquelle il monte «La révolution millénaire» ; «Palestine trahie» ; «Les rois de l’ouest». Kateb Yacine a marqué la jeunesse de son époque. L’homme était entier, fait d’une branche inconnue jusque-là. Il vociférait, il gueulait, il rouspétait il disait en clair ce que pas mal de monde taisaient. Il a été un poète, un romancier, un dramaturge hors pair. Novembre, il l’a sublimé et il était sublimé par novembre.
S. A. H.