«La plate-forme de la Soummam reste un projet de société»

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L’association culturelle Imghi de Bouhadj (M’Kira), en collaboration avec l’APC, a programmé, avant-hier, une conférence-débat autour de l’indépendance de l’Algérie, 57 ans après, à la bibliothèque communale.

Après avoir écouté l’hymne national et observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de la Révolution et de la démocratie, le maire a donné un aperçu sur l’histoire de l’aârch n’M’Kiren.

«Notre région a été à l’avant-garde de tous les combats depuis le 5 juin 1830. A chaque période, nos ancêtres ont répondu présents à l’appel du devoir. Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, 19 jeunes de M’Kira, en compagnie d’Amar Ouamrane, ont mené des actions à Boufarik (Blida). M’Kira a enfanté le colonel Ali Mellah et sacrifié 1 500 de ses meilleurs fils pour la libération du pays. Mais, comme vous le constatez, aujourd’hui, nous sommes marginalisés et oubliés. En 2019, nous souffrons du manque d’eau et d’autres problèmes», a dénoncé M. Rabah Medjahed, en sa qualité de maire, devant une grande assistance et en présence de nombreux moudjahidine.

Il en a profité pour lancer un appel aux hauts responsables afin de s’intéresser à cette localité, en marge de tout développement socio-économique. Le premier conférencier, M. Kamal Slih, professeur et maître assistant à l’université de Tipasa, a rappelé dans son exposé l’engagement d’Imkiren, en 1830, où des hommes choisis dans le douar sont allés s’opposer à l’arrivée de l’envahisseur à Sidi Fredj. Puis en 1871, en appuyant l’insurrection de Cheikh Aheddad et, bien sûr, en 1954, où 19 jeunes ont été envoyés à la Mitidja.

«Personne ne doit oublier le parcours du colonel Ali Mellah. C’est lui qui avait créé et dirigé la Wilaya 6 historique», a-t-il souligné. Ce professeur est revenu aussi sur la date de l’indépendance de l’Algérie : «Réellement, l’Algérie a eu son indépendance le 3 juillet, juste après le référendum du 1er juillet et les résultats du 2 juillet.

D’ailleurs, le 3 juillet, le colonel Mohand Oulhadj a hissé le drapeau algérien à Sidi Fredj, en présence des moudjahidine de la Wilaya 3 historique, dont ceux de la région. Malheureusement, Ben Bella et son groupe ont décidé que ce soit le 5 juillet. C’était une façon pour Ben Bella de devenir un héros», a-t-il poursuivi. Le conférencier s’est étalé ensuite sur plusieurs événements ayant précédé la proclamation de l’indépendance.

Lors des accords d’Evian, notamment, les luttes de clans pour la prise du pouvoir aidant, les deux principes, qui consistaient en la mise en place d’une période de transition, allant de 03 à 06 mois, et l’élection de l’Assemblée constituante ont été mis de côté. Cependant, Ben Bella et son groupe en ont décidé autrement, en commençant par un coup de force après le congrès de Tripoli.» L’orateur s’est arrêté aussi sur la guerre des wilayas avant la prise du pouvoir par le bureau politique dirigé par Ben Bella et l’état-major sous Boumediène. « Ils ont réussi, a-t-il précisé, à mettre leur plan et gouverner ainsi avec un parti politique unique au nom du FLN ».

A cette occasion, il a cité la déclaration de Hocine Aït Ahmed, qui avait dit : «On a libéré la patrie mais on n’a pas encore libéré le peuple.» Sans transition, le deuxième conférencier, M. Ali Ahmed Chabane, professeur à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, a fait, d’emblée, une comparaison entre ce qui s’est passé en 1954 et ce qui se passe aujourd’hui.

«Nous vivons des moments inoubliables. Aujourd’hui, nous sommes de plain- pied dans un mouvement révolutionnaire comme en 1954», dira-t-il. Le deuxième intervenant a décortiqué avec force détails le contenu de la plate-forme de la Soummam, en revenant, notamment, sur trois points essentiels, à savoir la décentralisation ou la régionalisation, qui devrait être le modèle de gouvernance, la primauté du civil sur le militaire et aussi la primauté de l’intérieur sur l’extérieur.

M. Ali Ahmed Ali Chabane a expliqué, un par un, ces points, en les plaçant dans le contexte actuel. «Aujourd’hui, chaque Algérien doit vivre sereinement son «Algérianité» dans toutes ses diversités culturelle, sociale, linguistique et religieuse.

D’ailleurs, le mouvement populaire est sur cette voie. En tout cas, les résolutions de la plate-forme de la Soummam constituent un projet de société dont s’inspirent d’autres pays, à l’exemple de la Tunisie qui a déjà fait un pas», a-t-il expliqué. Il a aussi évoqué l’écriture de l’histoire du pays, qui est primordiale, ainsi que l’investissement dans le savoir.

«En 1956, Abane Ramdane avait appelé les étudiants à aller en Tunisie parce que le savoir est la clé de la réussite de toute nation», a-t-il rappelé. En tout cas, les deux conférenciers ont su comment vulgariser le thème de leur conférence de fort belle manière, pédagogiquement et scientifiquement. Au terme de ces deux conférences, un large débat a été ouvert autour de plusieurs sujets qui ont trait, notamment, à l’actualité et au mouvement populaire du 22 février.

Amar Ouramdane

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