La situation difficile de l’ENIEM remonte à plusieurs années, à vrai dire. Mais la crise a pris une autre tournure depuis les grèves à répétition des travailleurs et surtout le blocage des autorisations d’importation des collections CKD/SKD destinées à l’industrie de l’électroménager.
Ce qui a fait que l’entreprise, en rupture de stock de matière première, n’avait pas pu récupérer ses approvisionnements, bloqués au niveau du port d’Alger, bloquant du coup la production. Une situation de paralysie nette qui fait dire que le fleuron de l’industrie nationale était arrivé au bord du précipice et de l’étouffement.
Le bout du tunnel n’étant plus visible, la direction avait décidé de mettre les 1 800 ouvriers en congé anticipé. Une première mesure, certes nécessaire, mais qui ne garantissait aucune reprise des activités après ce congé annuel anticipé, d’autant plus que face à ce souci, il y avait un autre problème majeur de restriction de lignes de crédit avec la banque.
Des cris d’alerte et de détresse avaient été alors lancés çà et là par certaines parties, dans l’espoir de sauver le bateau ENIEM et 1 800 postes d’emploi. Plusieurs parties et personnalités économiques et politiques, notamment celles issues de la région, n’ont pas hésité à témoigner leur solidarité à l’ENIEM. Sur les réseaux sociaux les messages d’alerte et de soutien concernant la situation de l’entreprise se multiplient. Un large élan de solidarité avec l’entreprise et ses 1 800 ouvriers a vite pris naissance au niveau de la wilaya. Même les partis politiques se sont mêlés pour appeler à trouver une solution d’urgence.
Avant-hier, ce fut d’ailleurs au tour de l’APW de rendre public un communiqué à travers lequel l’Assemblée «exprime son soutien (…) et lance un appel urgent à toutes les parties concernées (…) pour débloquer la situation de l’entreprise». Cela dit, le ministère de l’Industrie et des Mines avait, entre-temps, annoncé, le 5 juillet dernier, l’installation d’un nouveau comité d’évaluation technique (CET) pour statuer sur la délivrance des autorisations d’importation des collections CKD/SKD destinées à l’industrie de l’électroménager et l’électronique.
«Compte tenu de la situation actuelle du pays, un nouveau comité en charge des autorisations d’importation des collections CKD/SKD a été installé au sein du ministère de l’Industrie et des Mines. Il est composé de nouveaux membres expérimentés», avait expliqué le directeur général du développement industriel et technologique, Mustapha Hamoudi, dans un entretien à l’APS.
Le nouveau comité avait donc à traiter les nouvelles demandes d’importation formulées par les entreprises activant dans l’électroménager et l’électronique, mais aussi «les autorisations délivrées, autrefois, par son ancienne composante», avait-il précisé. Celle de l’ENIEM était sans doute dans cette dernière catégorie. Il avait alors annoncé que les autorisations d’importation (de kits SKD/CKD) en souffrance seront débloquées au fur et à mesure. ET c’est chose faite pour l’ENIEM depuis hier.
En effet, joint au téléphone hier, le P-DG de l’ENIEM se dit désormais quelque peu soulagé pour l’avenir de l’entreprise en confirmant avoir finalement récupéré la fameuse autorisation pour entrer en possession de la matière première nécessaire à la fabrication des climatiseurs, des réfrigérateurs et des cuisinières, jusque-là bloquée au niveau du port d’Alger. Aussi, il annonce (voir entretien ci-contre) «une réunion avec la Banque extérieure d’Algérie (BEA) pour aujourd’hui (mercredi ndlr), afin de trouver une solution aux restrictions qu’affronte l’entreprise en termes de lignes de crédits». M. Mouazer confirme la reprise du travail et de la production pour le 1er août prochain, soit après expiration du congé annuel.
Hocine T.