Pour un coup d’essai ce fut un coup de maître. La robe kabyle semble séduire des opérateurs étrangers, notamment d’Allemagne. En Effet, c’est l’histoire de Mme Ouardia Sebaa de la région rurale de Beni Djellil dans la wilaya de Béjaïa, femme artisane, spécialisée dans la broderie à la main et dans la robe kabyle, qui est en passe de signer un contrat pour l’exportation de ses produits (broderies et robes kabyles) avec un partenaire allemand spécialisé dans l’habillement.
Et c’est dans ce sillage qu’une délégation allemande (trois modélistes) s’est déplacée à Béjaïa à la recherche de ce créneau, avant de jeter son dévolu sur l’artisane Mme Sebaa. Dans son petit atelier, la délégation allemande a pu voir les motifs et la broderie à la main et les robes kabyles. Émerveillés, les Allemands ont conclu de signer un contrat de travail avec cette artisane qui aura à «broder à la main les motifs berbères sur les tenues allemandes en plus d’achat de ses produits (broderie aux motifs berbères et robes kabyles). Ils m’ont donné des modèles que j’ai repris moi-même avec de la broderie à la main», nous a déclaré, hier, Mme Sebaa.
À noter qu’inscrite au concours national des femmes artisanes organisé le 2 mai dernier par la chambre nationale de l’artisanat et des métiers, elle a été lauréate du premier prix pour une robe brodée entièrement à la main. Mme Sebaa est une femme rurale qui activait auparavant dans l’élevage bovin et l’agriculture avant de se reconvertir dans la couture avec un crédit octroyé par l’Angem de Béjaïa. «Etant sans ressources et voyant que l’agriculture en zone rurale est un créneau qui ne rapporte pas grand chose, j’ai fait un stage à la chambre de l’artisanat.
Puis en 2016, j’ai eu un crédit via l’Angem pour installer un petit atelier de broderie kabyle dans lequel j’ai intégré aussi trois stagiaires qui travaillent avec moi. Sincèrement, ce contrat avec les Allemands c’est une agréable surprise pour moi et une fierté pour toutes les femmes rurales». Il faut rappeler que cette robe kabyle compte, en gros, trois grandes variantes. Il y a la robe richement brodée portée par les vieilles dames, celle de tous les jours utilisée par les villageoises et celle, bien sûr, vêtue à l’occasion des fêtes.
Elle a connu des changements importants au niveau de la découpe. Le style n’a cessé de s’améliorer tout en gardant, bien entendu, les broderies riches en couleurs inspirées des motifs traditionnels. La production de la robe kabyle et de ses accessoires a connu ces dernières années un véritable boom. De petits ateliers, employant généralement entre 5 à 10 personnes, ont vu le jour dans de nombreux villages et agglomérations et ce, grâce particulièrement aux aides octroyées par l’État. Les stylistes d’aujourd’hui créent encore des modèles plus sophistiqués, s’inspirant des robes modernes d’autres cultures, ils créent des robes qui satisfont les jeunes filles et femmes de nos jours.
Achour Hammouche

