Par S Ait Hamouda
A peine la campagne électorale entamée que certains candidats annoncent leur détermination à faire dans le séparatisme le plus obtus, le plus radical et le plus contre-producteur. Un postulant à la présidentielle de passage à Relizane annonce, sans que personne ne le lui demande, qu’il n’est pas Kabyle. Pourquoi cette assertion de trop ? Qu’est-ce qui la justifie ? Qu’est-ce qui la canalise ? Qu’est-ce qui la motive ? Certainement une vision étriquée de l’Algérie. Une Algérie «sauçonnée», divisée.
En un mot, un autre pays qui n’existe pas dans la réalité, mais dans les esprits traversés par plein de courants aussi inconciliables les uns que les autres, aussi ethnocentristes, aussi chauvins. Bengrina, pour ne pas le nommer, qui se propose de diriger l’Algérie, s’est d’emblée reconnu islamiste. Et voilà qu’il se présente, de surcroît, dans la peau du raciste en se délectant de ne pas être… Kabyle ! Est-ce une condition imposée par la loi ? En principe, cette profession de foi autonomiste devrait être interdite, de jure et de facto, à tout candidat à la magistrature suprême.
De toutes les façons, il est parfois salutaire qu’un lièvre fasse ce que font ses congénères pour être jugé sur pièce au moment du choix. Il en est pour quitte vis-à-vis des votants, il a prononcé les mots qu’il ne fallait pas et il sera fixé le jour «J» sur l’aura qu’il aura pris le temps d’une campagne. Il y a, en campagne, des gens comme ça, qui sortent du lot par leur langage en porte-à-faux par rapport à la réalité nationale, par rapport à la composition socioculturelle, la pluralité linguistique, l’ancrage historique du pays qu’ils sont censés représenter au cas où ils seraient élus.
Ce qui les amènera à jouer, un certain temps, au yoyo. Mais on ne joue pas longtemps à ce jeu, on finit toujours par se dévoiler, car que reste-t-il de soi après qu’on a fait l’islamiste, puis l’anti-kabyliste ? Rien qu’un tronc sans cerveau, rien qu’un squelette sans chair, rien qu’une image sans âme. Le jour où on comprendra que la Kabylie sans l’Algérie n’est pas la Kabylie et vice-versa, ce jour-là on aura compris que l’Algérie est une et indivisible.
S. A. H.