Depuis le 22 février dernier, les vendredis se suivent et se ressemblent à Béjaïa. Hier encore, les mêmes slogans hostiles aux tenants du pouvoir et au vote ont été repris en chœur par les Béjaouis, sortis en nombre pour un 35e vendredi consécutif. Les principales rues du chef-lieu de wilaya étaient, comme chaque vendredi, noires de monde. Maintenant le cap d’une mobilisation qui reste intacte, les manifestants ont réclamé, encore une fois, la libération de tous les détenus d’opinion et politique, tout en appelant à un changement profond du système politique en Algérie. Agitant des drapeaux national et amazigh, les milliers de marcheurs ont réclamé, en pancartes et en slogans, le retrait du projet de loi de finance 2020 et celui relatif aux hydrocarbures.
Entamant sa marche comme à l’accoutumée depuis l’esplanade de la maison de la culture, la foule immense a, dès son arrivée au rond-point Matoub Lounes, observé une minute de silence à la mémoire des martyrs du Printemps noir, tout en rendant hommage à Krim Belkacem et Smail Yefsah, dont l’anniversaire de leur assassinat coïncidait avec le 35e vendredi de marche contre le système. Les Béjaouis ont également condamné les ingérences étrangères dans les affaires intérieures de l’Algérie, tout en invitant les symboles du régime finissant à s’éclipser et rendre le pouvoir au peuple. «La famille qui avance n’a qu’une seule cible : le système», pouvait-on lire sur une pancarte brandie par un sexagénaire.
De loin la mieux organisée depuis le début du mouvement populaire, la marche organisée, hier, dans les rues de Béjaïa, en sus d’avoir drainé des dizaines de milliers de manifestants, renseigne sur le degré de maturité du peuple et sa détermination à faire bouger les lignes. Après un défilé de plus de deux heures, les manifestants se sont dispersés dans le calme. Il est à signaler qu’une manifestation nocturne a été organisée, avant-hier jeudi, dans les rues du chef-lieu de wilaya pour exiger la libération de tous les détenus. Dans la matinée de la même journée, ce sont les robes noires qui ont battu le pavé pour réitérer leur soutien au mouvement populaire, réclamer «la libération des détenus d’opinion» et «dire non à la mascarade électorale». Les avocats de Béjaïa ont aussi observé, jeudi, une grève d’une journée.
Dalil S.