La reprise des cours à l’université Abderrahmane Mira de Béjaïa à partir de la semaine prochaine, après les vacances hivernales, risque d’être perturbée suite à l’appel à la protestation lancé par le CNES local.
En effet, la section locale du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), dans un communiqué transmis avant-hier à notre rédaction, dénonce d’emblée les tentatives de l’administration rectorale d’empêcher la tenue de son assemblée générale du 20 décembre dernier, tout en appelant à une journée de protestation.
«Le scénario vécu à Aboudaou s’est quasiment répété en raison de la présence, dès 10 heures, d’agents de sécurité venus empêcher la tenue de notre assemblée. Le nombre conséquent d’enseignants et leur détermination les ont dissuadés et l’assemblée s’est finalement tenue. (…) Après débats, il a été décidé d’organiser une journée de protestation avec un sit-in devant le rectorat dès la reprise (date à fixer sous peu), pour dénoncer les agissements de l’administration envers les enseignants, mais aussi toute la communauté universitaire», lit-on dans le document de la section CNES de l’université de Béjaïa.
Le respect du droit des enseignants à l’exercice syndical a été soulevé avec acuité durant cette assemblée générale organisée dans un amphithéâtre du campus Targa Ouzemour. «Nous dénonçons ces violations répétées des franchises pédagogiques, qu’est un amphithéâtre, qui nuisent à la nature de l’université, lieu de savoir, de débats et de libertés d’expression. Notre assemblée agit en tant que section locale du CNES, agréée par le ministère du Travail, en date du 7/1/1992.
L’administration rectorale doit impérativement cesser ces agissements d’un autre âge», s’est indigné ce syndicat. Par ailleurs, les enseignants affiliés au CNES ont validé, lors de cette AG, leur plate-forme de revendications socioprofessionnelles élaborée le 13 décembre dernier. La revalorisation des salaires, le logement, l’amélioration des conditions de travail, ainsi que le renforcement de la sécurité et de l’hygiène sont les principales doléances de ces enseignants. «Aucune revalorisation de salaires n’est enregistrée depuis 2008. (…) Aucune avancée n’est constatée au sujet du problème du logement, hormis ceux distribués d’une manière occulte. Ni nouveaux quotas, ni projets inscrits depuis longtemps, à l’exemple de celui des 80 logements dit projet du Président, ne sont encore lancés», a-t-on regretté.
En outre, ce syndicat réclame la révision des statuts de l’enseignant-chercheur, l’allègement de l’IRG et le réajustement des salaires pour endiguer les disparités avec d’autres secteurs, comme la justice, la santé et les énergies, en brandissant le slogan «Au même diplôme, même salaire». La section CNES exige, concernant le dossier du logement, la communication par l’administration de l’état détaillé du parc logement de l’université. Dans le même sillage, ce syndicat insiste sur la livraison «immédiate» des 70 logements d’El-Kseur au profit des enseignants bénéficiaires avec toutes les commodités respectables nécessaires et l’engagement de la procédure de désistement en faveur des bénéficiaires d’El Kseur, de Berchiche et de Béjaïa, conformément, souligne-t-on, au décret exécutif n° 18-153 du 4 juin 2018.
Situation des laboratoires : une commission d’enquête médicale réclamée
Dans un autre chapitre, les enseignants affiliés au CNES déplorent les conditions de travail «difficiles » au niveau des laboratoires pédagogiques et scientifiques de leur établissement universitaire. Pour remédier à cette situation, ils préconisent, notamment, la mise à la disposition des responsables de laboratoires les enveloppes budgétaires pour réhabiliter et acquérir les produits nécessaires au bon déroulement de la pédagogie et de la recherche. «Ce n’est ni à l’enseignant ni à l’étudiant et encore moins au travailleur de payer de sa poche», a-t-on affirmé.
Par ailleurs, ils demandent à ce qu’un audit soit réalisé par la commission d’hygiène et de sécurité élue sur les normes de sécurité dans les laboratoires et remédier aux carences dans les plus brefs délais afin, explique-t-ils, «de sauvegarder la santé et la vie des utilisateurs». En dernier lieu, le CNES exige à ce qu’une commission médicale d’enquête soit dépêchée au niveau des laboratoires de l’université suite, mentionne-t-il dans sa plate-forme de revendications, «à la multiplication de décès d’enseignants et de travailleurs pour cause de cancer».
À noter que ce syndicat des enseignants de l’enseignement supérieur compte remettre, dès la reprise des cours, sa liste de doléances au recteur de l’université de Béjaïa. Il prévoit également l’organisation d’une AG qui statuera sur le dépôt d’un préavis de grève, «à défaut d’une réponse à l’entrée des vacances d’hiver».
B. S.