Depuis le début de la protestation contre la candidature du Président de la République pour un 5e mandat et l’implication de plusieurs corporations, formations politiques et associations, la Mouhafadha de Bouira vit au rythme de dissensions et de démissions.
En effet, une grande partie de ses militants, cadres et élus s’affichent, désormais, ouvertement et publiquement dans les marches et les actions de rue. Beaucoup de militants et d’élus du vieux parti à Bouira ont annoncé, juste après la première mobilisation, leur soutien et leur appui aux revendications adoptées par les citoyens.
Aussi, ces évènements qui touchent actuellement le pays ont fait ressurgir des anciens conflits qui datent de plusieurs années. C’est le cas notamment de la section universitaire du FLN à Bouira, et dont la totalité des militants et étudiants adhérents ont annoncé leur démission des structures du parti.
D’autres étudiants, membres d’organisations estudiantines très proches de ce parti, à l’instar de l’UNEA et de l’UGEA, se sont démarqués publiquement du parti et ont rejoint les nombreuses manifestations organisées par les étudiants de Bouira : «Nous ne reconnaissons plus dans la ligne politique tracée par les dirigeants du parti, gagné par les luttes de clans et d’intérêts à l’échelle locale comme nationale.
Nous, étudiants militants du FLN à Bouira, tenons à nous démarquer des décisions prises par la direction du parti et déclarons rejoindre le mouvement de protestation du peuple algérien et soutenir ses revendications légitimes pour un changement politique radical et l’instauration d’un État de droit et de justice. Les étudiants du FLN répondront présents à toutes les actions décidées par les étudiants de notre université», a déclaré, le 24 février dernier, un étudiant militant de ce parti, lors d’un rassemblement des étudiants.
Du côté des élus, c’est l’adjoint au maire de Bouira, Ahcène Guettaf, qui avait annoncé, au lendemain de la manifestation du 22 février, sa démission du FLN et son soutien au mouvement populaire.
À travers son mur Facebook, l’ancien journaliste d’El-Khabar mène depuis plusieurs semaines une véritable «campagne de sensibilisation» afin d’inciter les élus et les cadres du FLN de Bouira à quitter les structures du parti et rejoindre la mobilisation citoyenne : «Mes principes et mes convictions ne me permettent plus de rester militant du FLN qui doit revoir sa politique et assister les revendications légitimes du peuple algérien», a-t-il assuré à travers l’un de ses écrits sur Facebook.
Des élus de l’APW de Bouira, mais aussi des APC de M’Chedallah, Ath Rached, Taghzout, Haïzer, Aïn-Bessem, Sour El-Ghozlane et Lakhdaria ont aussi affiché leur soutien à ce mouvement, notamment à travers leur participation aux trois derniers grandes marches à Bouira. Par ailleurs et selon des sources crédibles, ces dissensions ont même touché le bureau politique de la Mouhafadha de Bouira, avec notamment des démissions en cascade qui ont touché les sections de communication et des jeunes.
La page Facebook du FLN de Bouira a même été supprimée et aucune information n’est désormais communiquée, ni aux journalistes ni même aux citoyens. Le bureau de la Mouhafadha, sis en plein centre-ville de Bouira, demeure quant à lui fermé et les militants permanenciers n’assurent plus leurs missions. Le même siège a été, d’ailleurs, la cible d’actes de sabotage et des slogans hostiles au pouvoir et au FLN ont été tagués depuis plusieurs semaines sur la façade de ce siège.
Oussama Khitouche