Le wali de Béjaïa, Ahmed Maabed, a pris, avant-hier, un arrêté de suspension du maire de la commune du chef-lieu de wilaya, Hocine Merzougui, et du vice-président chargé de la culture, tous les deux d’obédience FFS, conformément à l’article 43 du code communal.
En effet, le code communal stipule dans son article 43 que «l’élu faisant l’objet de poursuites judiciaires, pour crime ou délit en rapport avec les deniers publics ou pour atteinte à l’honneur ou ayant fait l’objet de mesures judiciaires ne lui permettant pas de poursuivre valablement l’exercice de son mandat électif, est suspendu par arrêté du wali, jusqu’à intervention de la décision définitive de la juridiction compétente.
En cas de jugement définitif l’innocentant, l’élu reprend automatiquement et immédiatement l’exercice de son activité électorale». En effet, les deux élus font l’objet de poursuites judiciaires pour «mauvaise gestion et dilapidation des deniers publics», d’où la décision du wali portant leur suspension. Les deux élus ont d’ailleurs été auditionnés, début janvier, par le juge d’instruction près le tribunal de Kherrata, dans le cadre de la gestion du comité des fêtes de la ville de Béjaïa. Au terme de leurs auditions, le juge instructeur a ordonné de les placer sous contrôle judiciaire.
Le pôle judiciaire en charge de cette affaire se penche depuis plus d’un mois sur tous les détails inhérents à la gestion du comité des fêtes ces dernières années. Durant ces années, des sommes astronomiques ont été dépensées, d’où des suspicions de «détournements et de surfacturations». Après avoir signé l’arrêté de suspension du maire, le wali de Béjaïa a invité tous les élus de la commune du chef-lieu de wilaya à une réunion devant se tenir, aujourd’hui mardi, à la salle des conférences de la mairie. C’est lors de cette réunion, que le successeur du désormais maire suspendu de Béjaïa, Hocine Merzougui, sera connu. Selon des indiscrétions, son colistier, Abdenour Tafoukt, ser ait déjà investi nouveau maire de la commune.
La réaction du FFS
Réagissant à la suspension du maire de Béjaïa par le wali, la direction du Front des forces socialistes a dénoncé, dans un communiqué, signé par son premier secrétaire national, «les agissements autoritaires du wali de Béjaïa contre les maires de la wilaya, comme représailles pour leurs positions politiques hostiles au pouvoir et à sa feuille de route hégémonique».
Le FFS a rappelé, dans son communiqué que «le maire (…) de la commune de Béjaïa, depuis son rejet catégorique d’encadrer le simulacre électoral présidentiel, subit un embargo et des restrictions administratives, portant préjudice à des projets de développement importants destinés initialement à la commune», révélant au passage que «le wali s’est permis de se réunir avec quelques élus de l’assemblée communale afin de serrer l’étau sur le maire, après avoir instrumentalisé l’appareil judiciaire et gelé les projets suscités comme préludes à la décision de le suspendre».
Le premier secrétaire du parti, Dr Hakim Belahcel, signataire de la déclaration, a fait observer que le FFS ne va pas rester silencieux suite à la suspension des deux élus. «Le FFS met en garde les autorités du pays qui s’affairent à porter atteinte à nos élus locaux sous l’ambition de fragiliser notre formation politique dans son propre fief. (…) le FFS assure qu’il ne lésinera pas sur le moindre effort pour défendre la dignité de ses élus locaux et la souveraineté populaire avec les moyens pacifiques», a-t-on souligné.
De son côté, la fédération du FFS de Béjaïa, a lancé, avanthier, un appel à «tous les élus et toute la population de la wilaya de Béjaïa à participer massivement au rassemblement populaire qui aura lieu devant le siège de la wilaya, le dimanche 9 février 2020 à 10h00 pour défendre la souveraineté et la volonté populaires, dénoncer les relais du pouvoir totalitaire, dénoncer les entraves bureaucratiques faites aux élus locaux, dénoncer les tentations de reconstruire el 3issaba à Béjaia, dénoncer l’abus de pouvoir du wali de Béjaïa».
F. A. B.