La Dépêche de Kabylie : Votre cellule s’est rendue dans plusieurs localités touchées par les feux de forêt. Quel fut votre constat ?
Saadi Aït Benamara : Nous avons en effet visité environ 25 localités touchées par les incendies. Les dégâts sont hélas énormes et auraient pu être plus dramatiques, n’était-ce l’intervention rapide des éléments de la Protection civile, des services des forêts et de la population qui a participé activement et significativement à l’extinction des feux. Ce sont malheureusement environ 2 000 hectares de forêts, de broussailles, de maquis et d’arbres fruitiers qui sont partis en fumée. Certaines habitations ont aussi été touchées par les flammes. Plusieurs ruchers et poulaillers ont également été calcinés. À Makouda, 4 000 poulets ont été brûlés vifs par les flammes. Les cheptels ovin, bovin et caprin n’ont pas été touchés. Et nous n’avons heureusement enregistré aucune perte humaine.
Quelles sont les causes de ces incendies ?
Jusqu’à présent, aucune expertise ni enquête n’ont encore livré les résultats de leurs recherches. Les enquêtes se poursuivent et les résultats se font attendre. Mais la seule piste plausible et qui fait presque l’unanimité est sans doute la cause humaine, notamment les comportements inconscients et les incivilités, soit par le jet de mégots ou l’abandon de bouteilles vides et de verres en milieu forestier. La canicule a accompli le reste. Ajoutez à cela quelques cas où, selon les déclarations officielles du conservateur des forêts de Tizi Ouzou, certains départs de feux seraient l’œuvre des barons du foncier. Pour en savoir plus, nous attendons les résultats des enquêtes pour voir plus clair. Il y a aussi le non-respect des mesures préventives par certaines localités qui ont fait fi des opérations de nettoyages, de désherbage et de sensibilisation. Pour se protéger de pareilles catastrophes, la sensibilisation et la prévention restent les meilleurs moyens de lutte. Les interventions les plus rapides et les plus efficaces ne font que limiter les dégâts.
Que recommandera la cellule lors de la prochaine session de l’APW ?
Nous allons déjà donner lecture de notre rapport avec les moindres détails et où tout sera défini et situé. Nous allons insister beaucoup sur la multiplication des opérations de sensibilisation des citoyens pour éviter tout départ de feu. C’est un travail qui doit être fait sans discontinuer, pour amener la population et parfois même les autorités locales à prendre toutes les mesures préventives avant l’entame de chaque saison estivale. Nous allons également focaliser sur le renforcement des moyens des collectivités locales, de la Protection civile et des services des forêts. Les moyens humains et matériels doivent être renforcés pour plus de rapidité et d’efficacité des interventions. Il est inconcevable qu’une APC ne puisse pas disposer d’au moins deux camions citernes avec chauffeurs pour faire face aux incendies. Au parc national du Djurdjura, totalisant plus de 5 400 hectares et à Tala Guilef où on enregistre des espèces d’arbres rares et qui n’existent que dans ces lieux, on ne totalise que 4 agents. C’est quasiment impossible d’être efficace. C’est vrai qu’on doit focaliser sur la sensibilisation, mais le renforcement des moyens humains et matériels est également important.
Allez-vous demander des indemnisations pour les sinistrés ?
Bien entendu, nous allons demander l’indemnisation des victimes qui seront recensées, mais nous allons encore faire plus. Il s’agira d’exiger des opérations rapides de reboisement et de plantation d’arbres fruitiers, notamment des oliviers, pour d’une part préserver notre patrimoine fruitier et forestier, mais aussi pour remplacer les arbres calcinés. Nous exigerons aussi la dotation de notre wilaya d’hélicoptères porteurs d’eau, à défaut de canadairs.
Propos recueillis par Hocine T.