Des centaines d’étudiants de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou ont marché, hier après-midi, dans les rues de la ville des Genêts, pour crier leur rejet du système politique en place.
La mobilisation estudiantine ne s’estompe pas et prend de l’ampleur au fil des jours. La marche, qui s’est ébranlée comme d’habitude du campus universitaire Hasnaoua, a vu les manifestants arborant l’emblème national et des affiches contre le pouvoir, le système et le 5e mandat.
«Les étudiants s’engagent, système dégage», «Non au 5e mandat», «Ne jouez pas avec notre avenir», ou encore «Respectez la voix du peuple» sont, entre autres, les slogans que les manifestants ont scandé tout au long de leur périple. Les étudiants en arrivant à l’hôpital universitaire Nedir Mohamed, ont traversé ce tronçon dans le silence par respect aux malades.
La foule a, par la suite, emprunté le chemin de la grande rue pour atteindre la place de la bougie, où ils ont observé un sit-in. La marche des étudiants a été empruntée de civisme et pacifisme, des caractères que tenaient à préserver les meneurs de cette marche tout au long du périple en scandant de temps à autre «pacifique, pacifique». Les étudiants ont insisté sur «le changement radical du système», un changement qu’ils veulent toutefois «pacifique et dans la sérénité».
… La mobilisation maintenue à Bouira…
L’ensemble des départements de l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira étaient fermés, hier matin. Des milliers d’étudiants ont décidé de battre, une nouvelle fois, le pavé en direction du siège de la wilaya, pour dire sa désapprobation de l’option du cinquième mandat. Cette fois-ci, même les enseignants ont accompagné les étudiants après avoir organisé un rassemblement devant le rectorat.
Les marcheurs ont scandé des slogans hostiles au système, en brandissant des banderoles sur lesquelles ont pouvait lire, entre autres, «Touche pas à mon avenir, FLN dégage !», «Non au viol de la Constitution». Tout le long de l’itinéraire menant à l’esplanade de la wilaya, des marcheurs sont venus grossir le rang de la procession.
Des lycéens et des collégiens ont en effet également tenu à manifester pour demander l’invalidation de la candidature du Président sortant. «Nous voulons un changement pacifique et une transition démocratique dans le calme, avec le report des élections», explique Said, un étudiant de l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira arborant fièrement une pancarte sur laquelle était inscrit «Ma priorité est la nation avant mes examens».
Ainsi, la mobilisation populaire au départ estudiantine, sans aucun relent de mouvement politique, a rapidement pris de l’ampleur avec des citoyens qui ont rejoint les carrés des marcheurs. Les marcheurs ont sillonné de long en large les artères du chef-lieu avant de se retrouver, vers 11h, devant le siège de la wilaya. L’institution était quasiment encerclée par les milliers de personnes. Le sit-in improvisé aura duré plus d’une heure avant que les manifestants ne se dispersent dans le calme, sous l’œil vigilant des forces de l’ordre qui n’ont pas eu à intervenir.
À noter que la veille au soir, des jeunes de la ville de Bouira avaient tenté d’organiser une marche nocturne, mais de nombreuses voies se sont élevées pour les en dissuader. Des riverains rencontrés, hier, parmi les marcheurs affirment adhérer entièrement aux marches mais uniquement de jour, et ce pour éviter toute manipulation qui n’aurait rien à voir avec les revendications de l’heure.
«Nous ne voulons pas d’opacité dans ce mouvement pacifique et nos enfants n’ont pas à manifester de nuit», expliquera un sexagénaire drapé fièrement de l’emblème national sur ses épaules.
… Des lycéens et des étudiants investissent la rue à Béjaïa
Depuis les premières heures de la matinée d’hier, des centaines de lycéens faisaient des va-et-vient incessants entre leurs établissements et le siège de la wilaya de Béjaïa. À se fier aux slogans et aux pancartes brandies, le mouvement inhabituel des lycéens de Béjaïa s’inscrit dans le cadre des manifestations contre le 5e mandat de Bouteflika.
En milieu de matinée, c’étaient plusieurs milliers d’étudiants de l’université Abderrahmane Mira qui ont déserté les campus de Targa et Aboudaou pour investir la rue. Ces derniers entendaient, encore une autre fois, réitérer leur désir de «changement du système politique en Algérie et le départ de tous les caciques du régime».
Les deux manifestations des lycéens et des étudiants se sont déroulées sans heurts. Toujours dans le cadre des contestations contre le pouvoir, les avocats de Béjaïa ont décidé, avant-hier, de geler leurs activités au niveau de toutes les institutions juridiques pour la journée d’aujourd’hui mercredi.
«Nous informons tous les avocats que, suite à la réunion du Conseil de l’Ordre régional des avocats de Béjaïa, le 04 mars 2018, il a été décidé du gel de l’activité judiciaire, le 06 mars 2019, au niveau de la cour, de tous les tribunaux y compris le tribunal administratif et les établissements pénitentiaires (…)», écrit l’ordre des avocats de Béjaïa dans une notre adressée à tous ses membres, les invitant au respect de cette décision.
K. H., H. B. et F. A. B