Les nuages en grève illimitée

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Par Ali Boudjellil

Les belles journées de notre hiver 2020, même si elles ont plu aux marcheurs des vendredis et des mardis et ont fait pousser des fleurs dans nos champs, inquiètent aussi bien le berger, le fellah que les ménages. Il est certes plus facile de prier la Providence pour des averses que de s’interdire de gaspiller le précieux liquide, de violenter les conduites avec des piquages illicites ou d’alerter énergiquement un responsable quand l’eau fuit librement et alimente les ruisseaux. Car il n’y a de pire sécheresse que celle des idées. Nos aïeux qui, tout en accueillant le liquide des sources dans leur thala et leur fontaine, savaient que l’eau c’est la vie et, quand meurt l’été, ils scrutaient le ciel et invoquaient Anzar et souventes fois, le Ciel exauçait leurs vœux. Maintenant qu’on a beaucoup plus les yeux plongés dans les Smartphones, on se retrouve à se cacher derrière le brouillard du réchauffement climatique et sous la couche d’ozone. Le ciel, qui se plaît ou se complaît à voir la terre s’assécher, veut seulement nous faire réfléchir sur nos erreurs dues à notre cécité qui nous voile le beau.

Car, quand le ciel nous donne pluies, neiges et vents, on l’appelle : mauvais temps et, on oublie le vœu de nos sages : « Que chaque saison ait son temps ». Et puisque janvier et février refusent cette année d’être généreux, il est plus que recommandé de ne point laisser couler de son robinet inutilement l’eau. Étant donné que le niveau des barrages baisse et que la tension des fellahs monte, il est plus qu’urgent de lorgner vers d’autres sources. Une station de dessalement de l’eau de mer est certes coûteuse, mais le jour où on cessera d’ignorer que certains pays savent, depuis déjà hier, que l’eau est un liquide indispensable, la peine de dégager des enveloppes financières et d’y plonger tout un savoir fera jaillir des sources qui feront naître les espoirs et taire les langues qui se diluent pour cacher le soleil avec un tamis. Prions donc et chantons : A Rebbi swits ar azar (Dieu, arrose-là jusqu’à la racine) et dansons pour que le nuage menaçant couvre cet azur inquiétant.

A. B.

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