Les orientations de Tebboune

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Le gouvernement Djerad a été instruit, avant-hier, en Conseil des ministres, de la nécessité de redresser la situation générale du pays et œuvrer au recouvrement de la confiance des citoyens. Présidant son premier Conseil des ministres depuis sa prise de fonction à El Mouradia, Abdelmadjid Tebboune a tenu à rappeler ses engagements électoraux à travers une feuille de route dictée aux nouveaux ministres, afin d’élaborer un plan d’action. Celui-ci devra, rappelons-le, être présenté lors du prochain Conseil des ministres pour adoption avant de le transmettre au Parlement.

Le président de la République a ainsi insisté devant les membres du gouvernement sur l’urgence d’entamer les chantiers politiques, institutionnels, socioéconomiques et culturels, tels qu’il compte les réaliser dans le cadre de sa vision de la nouvelle République. Des visions, a-t-il rappelé aux ministres, qui doivent répondre aux aspirations du peuple algérien.

Pour ce faire, Tebboune a «instruit les membres du gouvernement à être à l’écoute des préoccupations et besoins des citoyens, en adoptant le dialogue et la concertation, et de veiller scrupuleusement à demeurer au service de l’Etat et du peuple, d’où l’impératif de faire montre du comportement exemplaire requis et de la profonde foi en le devoir de préservation des deniers publics, de la lutte contre les comportements bureaucratiques et du respect des engagements de l’Etat», a rapporté le communiqué final du Conseil des ministres. Pour le Président, «il s’agit de redresser la situation générale du pays à travers le rétablissement de l’autorité de l’Etat et le recouvrement de la confiance des citoyens».

Une profonde refonte de la Constitution

L’une des priorités du président de la République sur le plan politique demeure l’amendement de la Constitution, tel qu’il avait promis, lors de sa campagne électorale. Pour le Président, «l’édification de l’Algérie à laquelle aspirent les citoyens et citoyennes implique la reconsidération du système de gouvernance à travers un profond amendement de la Constitution, pierre angulaire de l’édification de la nouvelle République».

Mais pas que, puisque le chef de l’Etat a réitéré devant son gouvernement son engagement à réviser «certains textes de loi importants, à l’instar de la loi organique relative au régime électoral». La séparation de l’argent de la politique, l’instauration d’une gestion efficace et d’un Etat de droit ont constitué également les points sur lesquels, il a orienté les ministres dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions : «La moralisation de la vie politique par la consécration de la séparation entre l’argent et la politique et la lutte contre la médiocrité dans la gestion.

La nouvelle République doit focaliser sur l’instauration de l’Etat de droit qui garantit l’indépendance de la justice et la promotion de la véritable démocratie participative, favorisant l’épanouissement social et politique de tous», a-t-il indiqué dans son allocution. D’après le communiqué, la priorité absolue du Président réside dans le domaine social puisqu’il a ordonné à ses ministres de lui accorder «l’attention nécessaire, voire la priorité absolue afin de hisser le niveau de vie du citoyen algérien».

Tebboune a soutenu à ce sujet que «l’Etat sera aux côtés des classes moyenne et vulnérable de la société pour leur offrir une vie décente et augmenter le pouvoir d’achat de tous les citoyens, avec suppression de l’imposition des faibles revenus». Les ministres du Tr avail et des Finances auront donc à urger pour définir les modalités techniques et juridiques pour la concrétisation de l’engagement du Président sur la suppression de l’IRG au profit des salariés payés à 30.000 dinars et moins mais, éventuellement, à l’augmentation du SNMG.

Débarrasser l’économie de la bureaucratie

La lutte contre la bureaucratie s’avère, selon le Président, la condition sine qua non pour espérer un développement économique concret. C’est pourquoi, il a évoqué devant le gouvernement de Djerad d’affranchir le monde économique de ce fléau et de penser à un «modèle économique solide». Il est ainsi, pour le chef de l’Etat, «impératif d’appliquer un modèle économique solide basé sur la diversification».

Un modèle économique, a-t-il insisté, «affranchi des entraves bureaucratiques, qui génère la richesse et absorbe le chômage, notamment parmi les jeunes et qui soit à même de garantir la sécurité alimentaire pour mettre les Algériens à l’abri de la dépendance de l’extérieur». Et d’expliquer : «Ce modèle doit permettra à l’économie nationale de se libérer de la dépendance aux hydrocarbures, essentiellement à travers l’encouragement des énergies alternatives et renouvelables avec pour objectif l’exportation, la consolidation de la présence sur le marché énergétique et la relance des mégas projets d’exportation de l’énergie renouvelable.»

En ce qui concerne l’agriculture, Abdelmadjid Tebboune a souligné «la nécessité d’un plan d’urgence pour le développement de l’agriculture, notamment saharienne, de l’industrie agroalimentaire et de la pêche». «Outre la relance du secteur du tourisme, toutes sources de richesse pour peu que l’appui nécessaire leur soit accordé». Le président de la République a, par ailleurs, instruit le gouvernement, principalement le ministre des Finances, sur «l’impératif d’une réforme profonde de notre système fiscal avec tout ce qui en découle, en termes de réglementation des incitations fiscales au profit des entreprises, notamment des start-up et PME, en veillant à l’allègement de l’imposition sur les entreprises créatrices d’emplois».

Tebboune a également orienté ses ministres sur «la nécessité d’établir un lien entre l’université et le monde du travail, afin qu’elle soit la locomotive de l’édification d’une économie nationale solide, qu’il s’agisse de l’économie traditionnelle ou du savoir, à travers la création de pôles d’excellence universitaires». Aussi, la révision du système éducatif dans son volet pédagogique devrait être le chantier prioritaire du nouveau ministre de l’Éducation, appelé par le Président à réfléchir sur la façon d’alléger les programmes scolaires, «tout en accordant une place importante aux activités sportives et culturelles».

Dans le domaine sanitaire, le gouvernement est rappelé sur «la nécessité d’un plan sanitaire intégré garantissant les soins adéquats aux citoyens avec l’examen de la manière d’augmenter la part du secteur de la santé dans le Produit intérieur brut (PIB), en vue de construire des Centres hospitaliers et de nouveaux Centres hospitalo-universitaires répondant aux standards internationaux et d’améliorer les infrastructures existantes».

Rendre honneur aux artistes et aux médias

«Le chef de l’Etat a estimé nécessaire de dédier aux artistes des espaces à même de valoriser la profession et promouvoir son rôle, en veillant au développement de l’industrie cinématographique, afin de permettre l’émergence de leurs talents», est-il indiqué dans le communiqué du Conseil des ministres, relevant que le chef de l’Etat «a souligné l’importance d’une réflexion sur l’opportunité de promouvoir la formation artistique et culturelle, afin d’encourager les talents, renouveler les élites artistiques et accorder des avantages fiscaux pour le développement de la production culturelle, cinématographique et intellectuelle, outre la prise en charge de l’artiste au plan social».

Pour ce qui est des médias, le Président de la République, a indiqué le communiqué, a enjoint le gouvernement de réunir toutes les conditions adéquates au renforcement du professionnalisme des médias et des journalistes. Il a, à cet effet, repris son engagement à garantir «le soutien et l’encouragement nécessaires et indispensables à une pratique médiatique responsable dans le cadre de la liberté. Une liberté qui n’a de limites que la loi, l’éthique et la morale, outre la consolidation de la liberté de la presse, de la créativité et du rôle de la presse électronique».

Le Président Tebboune a mis, également, l’accent sur «l’impératif d’accorder un intérêt soutenu au sport depuis l’école», exhortant le gouvernement à «encourager le sport d’élite, toutes disciplines confondues, et à soutenir matériellement ses jeunes athlètes pour leur permettre de se préparer dans des conditions optimales». En ce qui concerne le volet politique étrangère, Abdelmadjid Tebboune, évoquant «l’environnement régional et international complexe, théâtre aujourd’hui de grandes manœuvres géopolitiques et terrain d’imbrication de facteurs de menace et d’instabilité», a rappelé la sacro sainte position de l’Algérie qui «se refuse toute immixtion dans les affaires des autres pays et s’oppose fermement à toute tentative d’ingérence dans ses affaires nationales.

Des principes qui soustendent ses engagements en faveur de la paix et de la sécurité dans notre r égion, le Maghreb arabe, l’Afrique et à travers le monde», a ajouté le chef de l’État qui a réitéré, en outre, le soutien constant de l’Algérie aux causes justes, notamment la cause palestinienne et la question du Sahara occidental. «En sus des objectifs stratégiques, notre politique extérieure doit désormais s’adapter aux nouvelles priorités du pays, notamment économiques, par le redéploiement de son potentiel, en s’appuyant sur des cadres de compétence et d’engagement avérés», a-t-il notamment ordonné.

Il en est de même pour la communauté nationale établie à l’étranger envers laquelle Tebboune a ordonné de mettre en branle «l’action diplomatique devant mettre notre communauté à l’étranger au cœur de ses préoccupations, en s’attelant à lui garantir la meilleure protection consacrée par les lois nationales et les législations des pays d’accueil.» Des nationaux établis ailleurs que Tebboune tient impérativement à associer au développement et à la modernisation de l’économie nationale, a conclu le communiqué.

M. A. T.

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