Si les fruits de saison tels le raisin, le melon, la pastèque et la nectarine sont abondants, les premières figues fraîches ont fait, elles aussi, leur apparition en ce début de semaine.
En effet, quelques fellahs commencent déjà à exposer ce fruit succulent, même si encore en petites quantités, sur la place du marché des fruits et légumes du centre-ville. Car, il faudra dire que les figues n’ont pas mûri à temps. « A cause des changements climatiques, la figue fraîche est arrivée un peu en retard. Il a fait chaud depuis la fin du mois de juin. Or, ce fruit aime les températures douces notamment en nocturne. Je peux dire aussi que la récolte ne sera pas abondante. Beaucoup de figues sont tombées », dit un fellah de Henia connu pour ses figueraies.
Ils sont nombreux ceux qui confirment les explications de notre interlocuteur parce que, pratiquement, dans tous les villages, les premières figues précoces n’ont été trouvées que deux ou trois jours avant la fête de l’Aid. Tout de même, certains d’entre eux mettent en vente déjà quelques kilos. Quant au prix affiché, il est entre 200 dinars et 250 dinars. « Ce n’est pas cher si vous le comparez aux prix des autres fruits. Je me demande pourquoi les consommateurs ne rouspètent pas lorsqu’ils achètent les fruits venus d’ailleurs à des prix exorbitants. Ils ne voient que ceux de la figue fraîche et de la figue de barbarie.
Pour cueillir cinq kilos de figues, il faudra se lever à l’aube et faire le tour de toutes les figuiers », répond un petit vendeur à un client qui négociait le prix. Effectivement, si on faisait tous les calculs de ce vendeur, ce prix n’est pas vraiment excessivement élevé comme le
pensent certains. D’abord, ce fruit est devenu rarissime parce qu’il n’y a pas vraiment de nouvelles plantations. Celles léguées par les ancêtres disparaissent l’une après l’autre.
« Dans notre village, chaque famille avait jusqu’à une trentaine voire plus de figuiers dans ses champs. Aujourd’hui, nous constatons que la plus grande plantation peut avoir une dizaine de figuiers. Cet arbre ne résiste pas comme l’olivier. S’il est n’est pas bien entretenu, il ne tient pas longtemps. Et puis, on ne voit plus des agriculteurs renouveler leurs figueraies décimées par les flammes chaque été et aussi par les aléas du temps », explique un fellah d’un certain âge de Tazrout.
D’ailleurs, ils sont nombreux à plaider pour la labellisation aussi bien de l’huile d’olive que de la figue notamment sèche. « Je ne sais pas pourquoi tous les autres produits sont labellisés sauf l’huile d’olive et la figue. Il faudra faire en sorte à ce que ces deux produits du terroir ancestraux aient aussi une considération comme par exemple la datte à laquelle est institué un office national de la datte », estime un autre fellah.
Cela étant, déguster ce fruit succulent n’a pas d’égal quand on sait que même nos écrivains à l’exemple de Mouloud Feraoun ont consacré des pages pour non seulement décrire ce fruit mais aussi pour faire part aux lecteurs de ses vertus. Dans quelques jours, le prix va baisser. Il est à signaler que les récoltes ne seront pas abondantes et qu’avoir des figues sèches relèvera de l’impossible pour ces petits fellahs qui comptent beaucoup sur ce produit.
Amar Ouramdane