Les transporteurs à l’origine des accidents sur nos routes se verront, désormais, retirer «immédiatement» les documents d’exploitation de leur activité. C’est l’une des six mesures phares coercitives, à effet immédiat, adoptées dans l’urgence par le Gouvernement, lors de sa réunion mercredi dernier, «afin de mettre fin à l’hécatombe sur nos routes». Abdelaziz Djerad a ainsi instruit son staff d’engager, «sans attendre», les actions visant à réduire les accidents de la circulation, suivant l’instruction du chef de l’État.
La réaction de Tebboune, faut-il le rappeler, est intervenue suite à la succession d’accidents mortels, ces deux derniers mois, occasionnés notamment par les transports en communs, faisant plusieurs dizaines de morts et autant de blessés. Et c’est certainement au ministre de l’Intérieur que revient de durcir ces mesures déclinées dans l’urgence en six points. Le Premier ministre a ainsi clarifié qu’il est urgent de passer au «durcissement des mesures à l’encontre de tout comportement criminel dans la conduite, notamment concernant les moyens de transport de voyageurs, de transport scolaire ou de transport de marchandises».
Djerad a appelé, à ce propos, les ministres concernés, à leur tête celui de l’Intérieur et des Collectivités locales, à «engager, sans attendre, les actions à même de permettre de réduire les conséquences néfastes et les bouleversements qui en découlent sur les vies humaines et sur le quotidien des blessés et des familles». Ainsi, face à l’urgence dictée par la multiplication de ce genre de sinistres qui endeuillent, quasi-quotidiennement, des familles algériennes, il a été décidé du retrait immédiat des documents d’exploitation des transporteurs à l’origine d’accidents ; de renforcer les brigades mixtes entre les services relevant des directions de transports de wilaya (DTW) et les services de sécurité pour effectuer des contrôles inopinés sur l’ensemble du réseau routier.
En amont, il a été décidé de «renforcer les moyens liés à l’expertise des activités de contrôle technique des véhicules», de «contraindre les transporteurs exerçant sur les lignes de longue distance à utiliser le principe du deuxième conducteur et à respecter le temps obligatoire de conduite et de repos». Les autres mesures portent, en outre, sur l’«engagement d’opérations d’inspection, sur l’ensemble du territoire national, en direction des gares routières, des stations et autres espaces dédiés au transport de voyageurs pour vérifier l’état des moyens de transport en commun ainsi que le respect de la réglementation par leurs propriétaires et conducteurs, et la mise en place d’un fichier, par wilaya, de l’ensemble des conducteurs de transport de personnes et de marchandises pour assurer un suivi particulier de ceux ayant été à l’origine d’accidents».
Ces mesures sont également applicables à l’encontre des employeurs qui recrutent des conducteurs «sans s’assurer, au préalable, de leur état de santé psychologique et psychiatrique et de leur parcours professionnel». L’entrée en vigueur immédiate de ces mesures sera suivie par «la mise en place d’un dispositif coercitif de plus gr ande consistance».
Rien qu’au mois de janvier écoulé, quelque 5 349 accidents ont été enregistrés ayant tué près de 200 personnes et blessé plus de 6500 autres, selon un décompte basé sur les chiffres communiqués par les services de la Protection civile. Un exposé, présenté par le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement lors du dernier Conseil des ministres, fait état de 22 500 accidents corporels durant l’année 2019 ayant causé 3 200 décès et 31 000 blessés. Ces sinistres coûtent annuellement près de 100 milliards DA.
M. A. T.