L’huile d’olive à 750 dinars le litre

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Contrairement aux deux dernières saisons, la campagne oléicole cette année n’a pas été prolifique à Aïn El-Hammam. La saison est terminée depuis maintenant un mois alors qu’elle avait duré jusqu’au mois d’avril, en 2018.

Comme il fallait s’y attendre, le faible rendement oléicole dans la région s’est répercuté sur le prix de l’huile locale. Les agriculteurs refusent de brader leur produit à «un prix ne rapportant même pas les frais engagés pour l’entretien des olivaies», disent-ils. Pour Da Achour, un retraité, il fallu plus de trois mois de travail dans les champs pour le nettoyage du sol, la taille des oliviers et la récolte.

«Le rendement est loin de compenser les dépenses et les efforts physiques que nous avons consentis», dit-il. «Je préfère stocker mon huile plutôt que de la vendre à n’importe quel prix. Les autres oléiculteurs de Michelet semblent s’entendre sur le prix de vente : pas moins de sept cents dinars», affirme sèchement l’un d’eux.

Certains villageois sont même décidés à la vendre à sept cent cinquante dinars. Les magasins spécialisés dans la vente des produits locaux emboîtent le pas aux paysans, et proposent diverses qualités à des prix tout aussi distincts.

Au marché bihebdomadaire, les habituels pourvoyeurs de la région en huile d’olive ne ratent pas les mardis et samedis, avec des camionnettes chargées de bidons d’huile. Originaires de l’autre côté du Djudjura, de Tazmalt particulièrement, ils affichent, comme l’an dernier, le prix de l’huile à 600 dinars. Même si la clientèle ne manque pas, les acheteurs ne s’approvisionnent que pour des «dépannages», avec des bouteilles d’une à deux litres, en attendant de trouver un produit de meilleure qualité.

Vantant la qualité de son huile, un des vendeurs propose aux clients de la goûter. Les connaisseurs, sans faire de commentaires, font la moue en portant à la bouche le doigt qu’ils viennent de tremper dans l’huile. Il faut reconnaître qu’il existe comme toujours un fossé entre les avis des producteurs et ceux des consommateurs. Les premiers se défendent, en soutenant que «l’huile n’est jamais chère.

Pour arriver à avoir ne serait-ce qu’une dizaine de litres, il faut travailler pendant plusieurs jours dans les champs. Hormis l’élagage et l’arrachage des mauvaises herbes pour préparer le sol, nous devons faire tomber les olives et les ramasser. Ce qui est loin d’être une sinécure». Quant aux connaisseurs, ils ne conçoivent pas «un couscous sans l’huile d’olive de qualité quel qu’en soit son prix». «Entre la margarine et l’huile d’olive, il faut choisir», disent les vieux paysans.

A. O. T.

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