Mahrez honoré en France

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Sacré champion d’Afrique avec l’Algérie, Riyad Mahrez a été honoré,

avant-hier, par la ville qui l’a vu grandir, Sarcelles (France).

Le joueur de Manchester City a reçu la médaille de la ville des mains du maire Patrick Haddad. Les traits tirés mais souriant, l’enfant de Sarcelles, en région parisienne, et capitaine de l’équipe d’Algérie Riyad Mahrez a reçu vendredi avec « fierté » la médaille de la ville, quelques jours après son sacre à la Coupe d’Afrique des nations.

Peu après 17h30, le joueur de football est arrivé à l’hôtel de ville de Sarcelles accompagné de ses proches, dont sa maman et ses anciens éducateurs, a constaté une journaliste de l’AFP. « C’est une grande fierté de recevoir cette médaille, j’y ai passé une grande partie de ma vie (à Sarcelles, ndlr), cela me touche énormément », a réagi le milieu de terrain de Manchester City. Né à Sarcelles, Riyad Mahrez, 28 ans, a vécu au quartier des Sablons jusqu’à ses 18 ans. Sa maman Halima est « très fière ». « C’est beau qu’il reçoive la médaille. J’ai passé ma vie ici. J’ai fêté la victoire avec mes copines d’ici », a-t-elle ajouté, émue. Le maire de Sarcelles, Patrick Haddad, a salué le parcours d’un « prodige du monde du football, jamais passé par un centre de formation ».

Il « a enflammé le cœur des Algériens mais aussi celui des Sarcellois ». Riyad Mahrez a eu « un comportement exemplaire face aux horreurs que certains racontent dès qu’il s’agit de l’Algérie », a estimé l’édile socialiste. « Vous avez répondu avec une grande intelligence sur les réseaux sociaux. Là où certains veulent opposer la France à l’Algérie, vous affichez fièrement vos deux pays d’origine ».

Pour Boubakar Coulibaly, président de l’ASS Football de Sarcelles, club où a débuté Mahrez, « son parcours est magnifique ». « Il est resté à Sarcelles jusqu’à ses 18 ans, c’est rare de réussir ce qu’il a fait. Son parcours donne de la force aux jeunes qui se disent qu’ils ne vont pas réussir après 14-15 ans. Il montre qu’il ne faut rien lâcher. » Quelques fans avaient fait le déplacement pour prendre un selfie avec le champion d’Afrique, ou se faire dédicacer le maillot des Fennecs. Mohamed, originaire de Plessis-Belleville, également en région parisienne, « a vécu beaucoup d’émotions » lors de cette CAN.

« Riyad m’a fait vibrer, notamment son coup franc » à la dernière minute de la demi-finale face au Nigeria, qui a envoyé l’Algérie en finale. Très sollicité, Mahrez a joué le jeu des selfies et des autographes pendant près d’une heure. « Je suis un peu fatigué mais on est encore jeune », a lancé la star, tout sourire. Son programme: « partir en vacances quelques temps et après je vais renter à Manchester ».

« C’est merveilleux de voir ça »

Riyad Mahrez a mis en avant le rôle de Djamel Belmadi dans le sacre de sa sélection à la CAN, tout en suggérant qu’il est possible qu’il parte. Depuis la semaine dernière, l’Algérie est championne d’Afrique. Au bout d’une très longue attente, les Fennecs ont su renouer avec la gloire en réalisant un parcours exceptionnel en Egypte.

Une consécration que les joueurs savourent pleinement depuis, à l’instar de Riyad Mahrez, le capitaine et la star de l’équipe. Vendredi, le joueur de Manchester City était à Sarcelles, sa ville natale, où il a été accueilli et honoré par le maire. Mahrez a aussi eu droit aux félicitations de nombreux supporters venus à sa rencontre. Un moment spécial et qu’il a pu apprécier avec ses proches, puisque sa maman était également présente.

À la suite de la cérémonie, Mahrez s’est confié à L’Equipe. Le talentueux gaucher est revenu sur ce triomphe continental. Un triomphe qu’il a comparé à celui de Leicester, il y a trois ans en Premier League. «Il y a des moments comme ça dans le football, ça ne s’explique même pas. C’est comme avec Leicester, quand on a gagné le titre. On sentait vraiment qu’il ne pouvait rien nous arriver. Là, j’ai ressenti exactement la même chose. Avec tout ce qui nous poussait autour, on avait une super équipe, un super entraîneur… Tout était réuni», a-t-il déclaré.

Mahrez a également son nouveau rôle au sein de l’équipe. Beaucoup craignaient que le brassard ne l’inhibe, mais c’est l’effet contraire qui s’est produit. «Inconsciemment, ce rôle m’a aidé, c’est sûr. Avec le brassard, je sens que j’ai plus de responsabilités, mais ça ne reste qu’un bout de tissu. Être un leader, en fait, ça va au-delà du brassard», a-t-il tonné. L’ancien havrais a pu aussi mesurer tout le bonheur qu’il a pu procurer à ses compatriotes à travers notamment son coup franc victorieux contre le Nigeria en quart de finale : «J’ai reçu énormément de vidéos de célébrations après ça. Il y en a une en Algérie : une rue déserte, silencieuse. Et dès que je marque, tout le monde sort de partout, ça explose, la rue se remplit d’un seul coup, tout le monde s’embrasse. C’est merveilleux de voir ça, ce sont des instants vraiment magiques, qui font du bien».

«Belmadi a su faire de l’Algérie une équipe»

Si l’Algérie est remontée sur le toit de l’Afrique c’est aussi grâce au travail de son sélectionneur Djamel Belmadi. Mahrez a admis que ce dernier est pour beaucoup dans la réussite des Verts : « Sur le bord du terrain, il se donne autant que nous, c’est le douzième joueur. Il nous parle beaucoup, « reviens ! », « serre ici ! » Il vit le truc à fond. C’est magnifique. Il nous a redonné les valeurs et l’état d’esprit dont on avait besoin. Plus que du talent, il fallait être une équipe, et Djamel a su faire de l’Algérie une équipe. Tout le mérite lui revient ».

Actuellement, l’avenir du sélectionneur fait l’objet d’un doute, même si son contrat court jusqu’en 2022. Mahrez a admis que c’est le grand flou, mais qu’avec ses coéquipiers il est prêt à respecter la décision du coach : «On en a discuté entre joueurs. Par rapport à ce qu’il se passe, c’est lui qui prendra sa décision et on la respectera».

Enfin, Mahrez a réagi par rapport au message qu’il avait adressé à un représentant de FN en pleine CAN : «Je l’ai fait sur le moment parce que je sentais qu’il fallait le faire. Bon, ça a fait un gros buzz. Mais c’est tout, on va s’arrêter à Mahrez le footballeur, je pense que c’est là où je suis le plus légitime, je ne fais pas de politique ! Il fallait lancer un message, il fallait vraiment le faire, mais soft… Ça ne sert à rien de mettre de l’huile sur le feu, d’attiser la haine. Il faut se mettre au-dessus d’eux. Il n’y a pas d’un côté les Algériens, de l’autre les Français… On est tous ensemble. C’est pour ça que je tweetais les deux drapeaux. Je joue pour l’Algérie, je suis né et j’ai grandi en France».

R. S.

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