Des dizaines de citoyens ont observé, samedi dernier, un sit-in devant le portail de l’EPH Akloul Ali d’Akbou, pour dénoncer l’état jugé «catastrophique» dans lequel se trouve l’établissement hospitalier.
Les protestataires, tout en restant silencieux pour veiller à la quiétude des patients, ont réclamé, via des pancartes brandies, «le départ immédiat» du directeur dudit hôpital et «une meilleure prise en charge du malade». Cette action est intervenue suite à une panne d’électricité survenue, ces derniers jours, au niveau de l’établissement. «L’hôpital ne dispose même pas d’un groupe électrogène digne de ce nom !», fulmine Djamel Bouchiche, un militant activiste sur les réseaux sociaux à travers une vidéo qu’il a diffusée sur sa page facebook.
Ainsi, un appel largement relayé sur les réseaux sociaux a été lancé pour rejoindre ce sit-in. L’interruption du courant électrique, pendant cinq à six heures durant les deux jours ayant précédé le sit-in, est due, notamment, à la vétusté du groupe électrogène et à la dégradation avancée du réseau d’alimentation. «C’est la goutte qui a fait déborder le vase !», estiment les protestataires. Nous avons essayé à maintes reprises de joindre M. Kechah Ali, le directeur de l’hôpital, mais en vain, à cause probablement de son état de santé, ont signalé certains de ses proches.
La crise qui sévit au sein du service des urgences hospitalières est récurrente. Elle se répète année après année. Pour chaque nouvelle crise, des plans «pansements» sont mis sur pied. Il ne faut pas oublier non plus que cet hôpital a pour mission de garantir des soins aux milliers de citoyens venus des quatre coins de la vallée de la Soummam et des régions limitrophes, en vain ! «Il faut revoir la politique sanitaire de la tutelle pour espérer aboutir à une amélioration globale du système hospitalier du pays», dira avec regret un haut responsable de l’hôpital.
En effet, les décisions prises par la tutelle et qui ont trait principalement aux urgences hospitalières ne sont pas parvenues à résoudre les véritables problèmes qui y sévissent, à savoir : les difficultés à accueillir des patients qui arrivent aux urgences en nombre, en l’absence d’une permanence de soins ambulatoires et avec peu de médecins hospitaliers.
«Les urgences sont le lieu de cristallisation des dysfonctionnements du système de santé. Leurs difficultés ne peuvent être résolues, si on ne s’intéresse ni à l’amont ni à l’aval», s’accordent à dire de nombreux médecins interrogés sur place. Le désarroi affiché par les citoyens vis-à-vis des carences enregistrées dans cet établissement ne date pas d’aujourd’hui. En effet, la section syndicale affiliée à l’UGTA a rédigé, au cours du mois de février dernier, une déclaration pour tirer la sonnette d’alarme sur la dégradation de la qualité de la prise en charge du malade. Les syndicalistes ont souligné de nombreuses lacunes auxquelles n’arrivent pas à faire face les personnels médical et paramédical de l’hôpital.
La missive n’ayant pas été rendue publique a été envoyée aux différents responsables de la santé, aux responsables locaux, ceux de la wilaya et aux pouvoirs publics. «Le mauvais aménagement» du nouveau pavillon des urgences a, entre autres, été évoqué, lequel, selon les rédacteurs de cette missive, est «non conforme» aux normes standards régissant le service des urgences. Ainsi, la répartition des services et l’exploitation globale du nouvel édifice sont passées au crible. «En raison du flux des usagers, l’installation d’un couloir technique pour les services de maternité et de chirurgie, reliant le bloc opératoire des deux services, est indispensable afin de préserver l’intimité du malade», peut-on lire sur le document.
D’ailleurs, des citoyens et des malades ne sont pas indifférents à cette situation et interpellent les autorités concernées pour lui trouver une solution. En effet, les malades sont obligés, à défaut d’un couloir technique, de passer par le couloir, au vu et au su de tout le monde. L’élu communal Mourad Benarab, ayant participé au sit-in, fustige et qualifie l’extension de l’hôpital de «gâchis». Et de poursuivre : «L’ancien service de médecine interne pour hommes est fermé. Quant à l’ancien service de chirurgie, devenu actuellement une chambre de garde et un dortoir, qui disposait de 44 lits, il a été rétréci à 39 lits», ajoute-t-il.
«De quelle extension, parle-t-on ?», s’interroge-t-il. Outre le manque affiché, selon eux, en personnels médical et paramédical et en certains médecins spécialistes, notamment des gynécologues, en plus de la vétusté du matériel roulant, les syndicalistes ont appelé la tutelle à intervenir pour doter l’hôpital d’un radiologue dans le but de faire fonctionner le scanner, resté non opérationnel depuis son acquisition, en 2012 !
Menad Chalal