Mobilisation record hier dans les rues d’Alger, Tizi-Ouzou, Béjaïa, Bouira et Boumerdès, à l’instar de plusieurs wilayas du reste du pays, avec les slogans hostiles au système et au 5e mandat.
Les Algériens ont battu le pavé, hier, dans plusieurs marches populaires pacifiques, à travers plusieurs wilayas du pays. Dans la capitale, la matinée fut plutôt tendue avec cet important dispositif de sécurité déployé.
Les manifestants qui s’étaient regroupés au niveau de la place du 1e Mai et ont emprunté plusieurs rues principales d’Alger, passant par la Grande Poste, Bab El Oued, Rue Hassiba, Rue Larbi Ben Mehdi, Didouche Mourad et autres axes principaux. Les manifestants ont scandé leur désapprobation au système et au 5e mandat.
«Le peuple s’engage, système dégage», «non au 5e mandat» ou encore «L’Algérie n’est pas la Syrie», étaient les principaux slogans brandis. La marée humaine, en tentant de s’approcher de l’immeuble de l’APN, a été confrontée au dispositif sécuritaire qui a tenté de diviser la foule, sans toutefois qu’il y ait un affrontement. Les manifestants ont alors rebroussé le chemin.
Un autre groupe de marcheurs a même tenté, en fin d’après-midi, de rallier El Mouradia, où se trouve la présidence de la République. Là, les forces de l’ordre ont usé de bombes lacrymogènes pour les en dissuader. Plusieurs personnalités ont marché aux côtés des citoyens, à l’instar de la grande révolutionnaire Djamila Bouhired mais aussi de militants politiques et anciens ministres.
A Tizi-Ouzou, l’ambiance fut différente. Aucun dispositif sécuritaire n’a été déployé, même les policiers en civil se sont faits discrets. La marche s’est ébranlée du campus de Hasnaoua de l’université Mouloud Mammeri. Dans la sérénité et le calme, les marcheurs, qui brandissaient des drapeaux algériens, des banderoles et des affiches, ont avancé doucement vers l’axe de la grande rue où d’autres groupes de manifestants les ont rejoins.
La mobilisation fut «record», observe-t-on sur place. Tout au long du trajet, les kabyles ont scandé «Y’en a marre de ce pouvoir», «Non au 5e mandat», «Système dégage», «Une seule ligne rouge : le peuple» et d’autres slogans hostiles au pouvoir entrecoupés de chants patriotiques. Les manifestants, parmi lesquels des hommes, des femmes, des militants politiques toutes tendances confondues, des intellectuels, des journalistes et des simples citoyens, ont raccordé leurs violons, sur un air de révolte.
La marche s’est poursuivie vers la placette de la bougie où un sit-in a été improvisé, avant que les marcheurs ne reviennent sur leurs pas, pour rallier le siège de la wilaya, où un autre sit-in a été observé. La manifestation s’est poursuivie jusqu’à une heure tardive de l’après-midi sans aucun incident, la foule s’est dispersée dans le calme. A noter qu’avant-hier jeudi, ce sont les robes noires qui ont marché dans la ville des genêts, faisant entendre leur voix et leur avis par apport à la situation qui prévaut dans le pays. Bouira pour sa part a également connu plusieurs manifestations similaires.
À 10h du matin, les citoyens d’Ahnif, Taourirt, Raffour, Chorfa et Takerboust ont rejoint le chef-lieu de daïra de M’Chedallah pour entamer une marche pacifique de Bouaklane jusqu’à l’esplanade du siège de la daïra et de l’APC. Plusieurs centaines de marcheurs ont, ainsi, battu le pavé en scandant des slogans hostiles au pouvoir, avec toutefois un silence total à leur arrivée devant l’hôpital Kaci Idir, par respect aux malades hospitalisés.
Une fois l’établissement hospitalier dépassé, les chants patriotiques reprirent de plus belle. Les marcheurs brandissaient des drapeaux algériens et des banderoles pour réclamer l’alternance et une bonne gouvernance. Devant le siège de la daïra, une minute de silence a été observée à la mémoire des martyrs, avant que les manifestants ne se dispersent dans le calme.
Au chef-lieu de wilaya, malgré l’annonce de la marche pour 14h, ils étaient plusieurs centaines de citoyens, jeunes et moins jeunes, à se réunir dès 13h au niveau de la vieille ville, en attendant le gros des marcheurs venus des quatre coins du territoire de la wilaya. Ainsi, juste après la prière du vendredi, des citoyens ont entamé leur marche vers le siège de la wilaya, tandis que d’autres manifestants, notamment des citoyens d’Ath Leqsar, attendaient au quartier Draâ El Bordj.
Plusieurs dizaines de marcheurs, ayant pris le départ depuis le quartier de l’Ecotec, sont venus grossir les rangs et les carrés des marcheurs qui scandaient «Tilleli i Ugdud», «FLN dégage», «RND dégage», «Nous sommes tous des Algériens», ou encore «Algérie Chouhada». Aucun incident n’a été enregistré lors de cette marche qui se voulait absolument pacifique.
À Takerboust, à l’extrême Est de la wilaya de Bouira, une marche a été initiée par des villageois vers les villages Ivahlal et Ath Hamdoune, en passant par le CW10 pour rejoindre la ville limitrophe de Tazmalt, dans la wilaya de Béjaïa. À noter que ces manifestations pacifiques se sont déroulées dans le calme et les forces de sécurité déployées sur les lieux n’ont pas eu à intervenir. Même topo enregistré à béjaïa ou la mobilisation de la population ne faiblit pas.
Hier encore, ils étaient des milliers à être descendus dans la rue pour réitérer leurs revendications. Dès 13h30, le principal axe routier de la ville de Béjaïa était noir de monde. Dans une marche bruyante, la foule a scandé des slogans hostiles au pouvoir, entre autres, «Y en a marre de ce pouvoir», «Ulac smah ulac» et «Système dégage». Arrivés au carrefour Daouadji, les manifestants ont brandi des cartons rouges, tout en observant une halte de plusieurs minutes.
La foule compacte, qui s’est ébranlée lentement depuis la maison de la culture, s’est rassemblée devant le siège de la wilaya pendant plusieurs minutes. Comme ce fut le cas le week-end dernier, la manifestation s’est déroulée dans le calme et aucun dépassement, même insignifiant, n’a été enregistré. Il est à signaler qu’aucun dispositif de sécurité n’a été déployé sur l’itinéraire de la marche.
«L’Algérie n’est pas la Syrie», ont également tonné des milliers de manifestants dans les villes de Boumerdès. Des milliers de citoyens ont répondu à l’appel à une marche contre le 5ème mandat et le système, dans les communes de Boumerdès, telles Boudouaou, Naciria (Laaziv), Bordj Ménaël et Issers. A Bordj Ménaeil, les manifestants qui sont sortis dans la rue ont aussi fait valoir le caractère pacifique de leur action.
Kamela H, Hafid B, F. A. B. et Youcef Z.