«Moi, j’écris pour mon pays !»

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C’est une première dans toute la wilaya de Bouira. L’écrivain et poète Rachid Boudjedra a animé, dans la soirée du vendredi dernier, une conférence-débat au niveau de la salle du centre culturel d’Ath Leqsar, au Sud-est de la wilaya de Bouira.

Cette salle s’est avérée trop exiguë pour contenir le grand nombre des citoyens qui se sont déplacés en masse pour assister à l’intervention de Rachid Boudjedra, qui a répondu à l’invitation de l’association «Tagrawla». L’écrivain est notamment revenu lors de cette conférence sur son dernier roman «Les contrebandiers de l’histoire».

L’auteur algérien et ancien Moudjahid dira qu’à travers ce romain, il a voulu dénoncer une «dégradation grave des valeurs patriotiques dans le milieu de la littérature algérienne». Il affirmera aussi que beaucoup d’œuvres littéraires algériennes, «sont commandées par des parties étrangères qui visent à déformer et falsifier l’histoire algérienne et sa sociologie».

L’hôte d’Ath Leqsar n’hésitera pas, d’ailleurs, à tirer à boulets rouges sur l’auteur et journaliste Kamel Daoud, en affirmant que le roman «Mersault, contre-enquête» aurait été «commandé par la France» pour palier à l’échec de la caravane Albert Camus en Algérie : «Il (Kamel Daoud ndlr) a reçu une commande pour écrire son roman sur Albert Camus après l’échec de la caravane Camus qui devait sillonner plusieurs régions du pays.

Moi j’écris pour mon pays et je n’ai pas besoin de lumières ou de projecteurs de l’étranger», a-t-il déclaré. Interrogé par un intervenant à propos du passage qu’il a réservé dans son dernier livre pour Saïd Bouteflika, le frère et conseiller du président de la République, M. Boudjedra affirmera qu’il a voulu saluer un geste courageux lors de sa participation au sit-in de solidarité avec l’écrivain au mois de juin 2017 à Alger : «Said Bouteflika n’a pas écrit de livres.

Je l’ai connu quand il était de gauche, un syndicaliste. Il a eu le courage de venir prendre part au sit-in de solidarité. Je l’ai remercié pour ce geste-là. C’est tout. Beaucoup de mes camarades ne sont pas venus», a-t-il souligné, avant d’enchainer : «Nul n’est prophète en son pays !

Mes romans ont été adaptés au théâtre et au cinéma partout dans le monde, sauf en Algérie. J’avoue que je suis content de ne pas avoir reçu de prix littéraire français. Mes romans ont été traduits dans une trentaine de langues et j’ai été récompensé dans plusieurs pays».

Il faut préciser que des groupuscules d’islamistes avaient tenté de perturber cette conférence vendredi dernier, et des appels au boycott de cette conférence avaient même été lancés depuis une semaine sur les réseaux sociaux. Mais la présence en force des citoyens de la région, notamment de femmes, ainsi qu’une organisation sans failles, a fait que la conférence s’est déroulée dans de très bonnes conditions.

À noter aussi qu’au début de la conférence, une minute de silence a été observée à la mémoire du défunt Hamid Ferhi, ancien coordinateur du MDS, et une vente-dédicace a été animée par le conférencier.

Oussama Khitouche

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