«L'assurance Cat-Nat est en progression mais demeure insuffisante»

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L’assurance catastrophe naturelle «progresse d’année en année», soutenait récemment M. Brahim-Djamel Kessali, président de l’Union des assurances et réassurances, mais «il convient de dire qu’elle reste minime», nuance-t-il. Les chiffres arrêtés dans ce créneau à travers les près de 1 900 agences et représentations que compte le réseau national parlent en effet d’eux même et mettent en évidence le peu d’engouement, pour ne pas dire le désintéressement, des potentiels souscripteurs à prendre l’initiative d’aller contracter une assurance. Selon M. Kessali, «il y a effectivement des raisons qui expliquent la faiblesse relative de la souscription à la Cat-Nat (Assurance Catastrophe Naturelle), peut-être le manque d’informations du large public mais aussi, sans doute, des raisons économiques qui peuvent également expliquer cela. Et puis, il y a la culture d’assurance qui, il faut le dire, n’a pas un fort ancrage dans notre pays. Mais au risque de me répéter, la souscription progresse d’année en année. Le chiffre d’affaire, bien qu’il ne soit pas au niveau souhaité est cependant relativement appréciable puisque nous avons atteint à fin 2013 un montant de 1,7 milliards de dinars de primes d’assurance, alors que nous étions à moins de 500 millions de dinars dans les années 2004 – 2005. C’est quand même une progression importante et bien entendu il y a encore beaucoup d’efforts à faire», soutient-il. Evoquant le taux de pénétration global chez les particuliers et les industriels, M. Kessali, qui faisait le point chez nos confrères de la radio, a révélé que l’Algérie était à «une moyenne de 8,5% à fin 2013». Il note au passage «une progression puisqu’on était aux alentours de 3% en 2009». «Reste que ces pourcentages demeurent insuffisants par rapport au parc immobilier, qui s’élève à travers le territoire national (statistiques arrêtées à fin 2013), entre sept et huit millions de logements et quelques 1,8 millions d’unités en matière d’installations industrielles et commerciales. Mais c’est ce qui nous donne cette moyenne globale de 8,5%, un chiffre certes très perfectible mais qui progresse et nous espérons atteindre un taux beaucoup plus élevé bien entendu». Et pour y arriver, M. Kessali ne voit pas de solution miracle en dehors d’un large travail de sensibilisation à faire, pour toucher et inciter la population à saisir l’intérêt de la souscription à l’assurance Cat-Nat. «Les compagnies d’assurances doivent faire beaucoup d’efforts à mon sens, particulièrement dans le domaine commercial et marketing. Il faut réussir à vendre couramment ce produit qu’est l’assurance Cat-Nat, en le proposant systématiquement à tous les clients des compagnies d’assurances. Il faut que l’assureur soit imprégné de ce qu’on appelle la vente additionnelle en faisant à chaque fois la proposition de l’assurance Cat-Nat à chaque client qui se présente pour par exemple contracter une assurance automobile. Ca devrait être un reflexe à travers tous les réseaux. Nous le faisons certainement, mais nous devons le faire mieux. Et au plan marketing, nous devons aussi faire davantage d’efforts pour informer et sensibiliser le grand public sur l’intérêt d’une souscription à une assurance Cat-Nat, en insistant sur la modestie du prix, la simplicité de la souscription, mais aussi sur l’étendue des garanties. C’est pour cela que je dis qu’il y a des efforts à faire dans ce domaine». A travers ses propos, M. Kessali montre qu’il privilégie donc la pédagogie à la punition, car doit-on rappeler que l’assurance Cat-Nat a été instituée obligatoire en 2003 (suite au séisme qui a frappé Alger et Boumerdès). «Nous sommes prêts à discuter aussi avec les pouvoirs publics pour arriver à inciter le citoyen ou le pousser à se soumettre à la mesure de l’obligation. Je pense qu’il y a d’ailleurs des mesures qui sont déjà arrêtées dans ce sens puisque pour les locations, il est désormais exigé la présentation des contrats d’assurance pour les biens immobiliers de divers natures, comme elle est également exigée pour toute déclaration fiscale. Et en ce sens, la loi de 2006 prévoit des mesures coercitives qui précisent que tout manquement constaté dans ce sens est sanctionné par une amande qui correspond au montant de la prime majoré de 20%. Ceci dit, je suis convaincu que la manière préventive peut aussi nous amener à vulgariser cette Cat-Nat. C’est vrai qu’à un moment donné il faut contraindre, obliger et sanctionner les réfractaires, mais il y a aussi les efforts d’explications et de sensibilisation à mener auprès du potentiel contractant», d’autant plus, soutient-il, «que notre pays reste continuellement exposé à ces catastrophes naturelles». A rappeler que les sinistres que couvre la Cat-Nat sont notamment les séismes, les inondations, les coulées de boue et mouvements de terrain ainsi que les tempêtes.

 D. C.

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