L’ARAV, l’intérieur et la justice interpellés !

Partager

Une foule nombreuse, composée d’hommes de lettres, d’écrivains, de journalistes, d'artistes, d'académiciens et de dizaines d’anonymes s’est rassemblée, hier, devant le siège de l’ARAV pour protester contre les dérives de la chaîne de télévision privée Ennahar.

il faut dire que cette dernière a collectionné ces derniers temps les écarts, touchant à la morale, sans que personne ne s’en offusque au niveau de l’autorité de régulation. Les choses ont pris une tournure très dénoncée par l’opinion, notamment ces derniers jours, avec l’affaire de l’ex-ministre déchu du tourisme que la chaîne a traîné dans des situations peu supportables pour le commun des anonymes. Alors là parler de la sorte d’un ministre de la République, ex, soit-il, relève de l’indécence et de l’immoral, la déontologie étant ostentatoirement foulée au pied. Viendra par la suite le traitement réservé à l’affaire du désormais ex P-DG de Naftal, victime d’un lynchage en règle pour une question qui n’est censé regarder personne à part lui, s’agissant d’une orientation purement privée. Et puis, le dernier épisode de Boudjedra qui a été malmené comme un vulgaire malfrat dans une caméra cachée diffusée par la même chaîne. C’est l’intolérable qui a été encore une fois dépassé. Des écrivains, des journalistes, des poètes et des responsables politiques ont crié hier haut et fort leur «ras-le-bol». Les présents ont tenu à se «démarquer et dénoncer» les pratiques «médiocres dans lesquelles excelle cette chaîne de télévision depuis sa création», disaient-ils. «La diffamation, la manipulation et la désinformation y sont monnaie courante», ont fait remarquer les présents qui ont affiché leur soutien indéfectible à l’écrivain Rachid Boudjedra, qui était lui aussi présent à la protestation.

«Que justice soit appliquée !»

Une déclaration a été lue sur place, par le poète Achour Fanni, un des organisateurs de cette manifestation. «Il n’est plus possible de se taire», «Nous exprimons notre grande colère après cette agression lâche et délibérée orchestrée contre l’écrivain Rachid Boudjedra, dans un programme diffusé par la chaine Ennahar Tv» ; «Un programme qui a choqué les intellectuels et tous les téléspectateurs, à cause du sujet d’abord, puis de la manière dont a été interrogé l’écrivain» ; «Ce fut une atteinte à sa vie privée, ayant été forcé à déclarer sa croyance», disaient encore les signataires de la déclaration. «Ces pratiques sont une atteinte à la vie privée et une pression sur les citoyens, une tentative de tutelle sur leur conscience», a-t-on ajouté. «Ce programme (…) rappelle une pratique digne de celle des groupes terroristes dans les années 90. C’est un rappel, voire un retour aux pratiques de cette époque-là. Le peuple et les institutions de l’Etat s’en sont sortis victorieux, c’est une époque révolue», criaient encore les protestataires, exprimant leurs «solidarité et appui à l’écrivain Rachid Boudjedra, approuvant sa démarche de saisir la justice». Les participants au mouvement de protestation ont sollicité les autorités, à leur tête les ministères de la Justice, de l’Intérieur, de la communication, ainsi que l’autorité de régulation de l’audio visuel, pour prendre leurs responsabilités et arrêter les dérives et dépassements de ces gens qui ne respectent pas l’éthique et la déontologie de ce métier». Les organisateurs du rassemblement ont par ailleurs appelé la population «à boycotter cette chaîne et les annonceurs à lui retirer leur publicité».

Said Bouteflika aux côtés de Boudjedra.

Le frère et conseiller du président de la République, Saïd Bouteflika, a marqué de sa présence le sit-in organisé par les intellectuels algérien contre la chaîne de télévision Ennahar Tv. Il a tenu à exprimer «son soutien» à l’écrivain Boudjedra, avec qui il s’est entretenu un moment, avant de quitter les lieux. Un geste symbolique de la part du frère du Président, mais ô combien significatif. En effet, ce dernier par cette démarche publique se «démarque et désapprouve les nombreuses pratiques de cette chaîne de télévision qui a versé dans la diffamation et la désinformation», ont fait remarquer quelques présents, faisant référence au cas du ministre de Tourisme déchu, Benagoune, ainsi qu’à l’affaire du P-DG de Naftal, notamment».

Kamela Haddoum.

Partager