«Il pense qu’il est le messie et ne respecte aucun confrère»

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Le professeur Abdelouahab Oudaï, cité par le DG du CHU disant de lui qu’il «s’est exclu de lui-même», n’a pas tardé à réagir en se déplaçant à nos bureaux.

Tout d’abord, «le service de chirurgie existe depuis l’inauguration de l’hôpital Khellil Amrane et les praticiens de la santé publique l’ont géré comme il se doit, en y soignant les patients de Béjaïa, c’est-à-dire en y accomplissant les missions qui leur ont été assignées.» C’est par cette déclaration que le professeur Oudaï a commencé sa mise au point. Il enchaînera en rappelant le fait qu’il y ait eu un décalage entre la création de la faculté de médecine, en 2007, et le CHU en 2010 ; ce qui avait fait qu’il n’y a pas eu la construction d’un nouvel édifice mais plutôt l’occupation, dans l’urgence, d’une structure prête, à savoir l’hôpital Khellil Amrane, ainsi que de quelques annexes. Pour le lancer en tant que tel, il fallait des hospitalo-universitaires et le professeur Oudaï, venu d’Alger, se targue d’avoir été, avec six autres confrères, les pionniers de ce CHU en y assurant l’intérim de la chefferie de services sans toucher un centime pour cette responsabilité. Ayant pris en charge le service de la chirurgie générale, notre interlocuteur dira avoir «travaillé dans la bonne intelligence avec le personnel trouvé en place dans une confraternité et personne n’avait claqué la porte car il avait valorisé tout le monde», soulignera-t-il, en précisant que «de toute façon, il ne pouvait travailler tout seul.» Il reconnaitra toutefois que dans ce contexte, il n’y avait pas de traditions hospitalo-universitaires mais qu’au fil des jours, il avait pu installer cet esprit et les confrères faisaient des visites, de l’enseignement, prenaient en charge totalement les patients et toute l’équipe avait assuré le programme opératoire : «On est arrivé à opérer une vingtaine de malades par semaine dans une salle et demi, car il fallait laisser le bloc une fois par semaine pour les pédiatres», préciser-t-il. Après avoir présenté la genèse du lancement du CHU, il abordera le volet relatif aux éclaircissements apportés par le DG et le chef de service viscéral du CHU. Tout en considérant cela comme de la pure diffamation, il s’interroge sur l’insinuation relative aux faux rapports qui seraient transmis par le service de chirurgie à la direction ou par la direction au ministère ? Notre interlocuteur lâchera la phrase suivant, lourde de sens : «L’actuel chef de service pense qu’il est le messie et il ne respecte aucun confrère, en allant jusqu’à exclure quelques confrères en leur interdisant le bloc opératoire pour les programmer uniquement pour la garde. On a fait la même chose avec moi alors qu’en venant d’Alger vers ma région natale, j’étais venu apporter un plus en mettant mon expérience au service de la population de la wilaya de Béjaïa.» Et à notre interlocuteur de rappeler qu’à son arrivée à Béjaïa, il était professeur depuis une dizaine d’années avec dans ses bagages une expérience d’une quarantaine d’années, et était le premier à introduire la cancérologie à Béjaïa en traitant le cancer de sein. «Pourtant par cette mise à l’écart, on empêche les malades à accéder à mon expertise, ce qui est contraire à l’éthique et à tout et cela dure depuis deux ans sans que personne n’ose lever le petit doigt alors que c’est tout le monde qui est au courant de cette situation de confrères écartés», fulmine-t-il. En parlant des praticiens qui ont quitté le CHU récemment, le professeur Oudaï se désole qu’on ait pu pousser de telles compétences vers la porte de sortie, alors qu’elles cumulent toutes un minimum d’une quinzaine d’années d’expérience. En remettant en cause le volet disciplinaire mis en exergue par le chef de service, notre interlocuteur dira que «la discipline est universelle et elle ne peut s’asseoir que par le respect d’autrui, car il n’y a pas de discipline propre à chaque personne.» En conclusion, le professeur reviendra sur le reproche fait aux enfants de la région qui ne seraient pas animés d’une volonté de contribuer au développement de leur wilaya, en déniant à quiconque le droit de lui donner des leçons, lui qui avait laissé Alger pour venir à Béjaïa pour aider au lancement du CHU et d’ailleurs, dira-t-il, les gens de la région sont au rendez-vous et ne laisseront pas les aventuriers détruire la région.

A. Gana

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