Lifting informatique pour la justice

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Le séminaire régional sur la modernisation de la justice, organisé jeudi à Tizi Ouzou, a regroupé pas moins de 200 participants entre présidents de cours et de tribunaux, ainsi que les procureurs généraux et de la République de neuf wilayas du Centre, à savoir Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa, Boumerdès, Bouira, Chlef, Médéa, Blida et Bordj Bou-Arréridj.Ces travaux, dirigés par la Direction générale de la modernisation de la justice, ont été tenus en présence du wali El Hocine Mazouz, qui a donné le coup d’envoi avec une allocution d’ouverture en mettant en exergue les avancées constatées en matière d’activité judiciaire. Le directeur général de la modernisation, M. A. Henni, qui a traité de “La stratégie de la modernisation de la justice : choix des priorités”, dira d’emblée que l’objet du séminaire est de faire une halte pour fixer et consolider les points de repère depuis la conférence nationale sur la réforme de la justice. La direction organisera quatre séminaires régionaux qui auront pour finalité d’associer et d’impliquer dans l’action et la réflexion les responsables du secteur à l’échelle des juridictions. M. A. Henni a recommandé une panoplie d’axes relatifs à la modernisation de la justice, tels que la poursuite de l’exécution du plan de modernisation en concentrant les efforts sur les projets prioritaires et l’exploitation des nouveaux outils modernes existants par la création des systèmes de gestion automatisés et de réseaux spécialisés. Il a recommandé également l’élaboration d’un modèle architectural des juridictions et les établissements intégrant le plateau technique nécessaire à l’utilisation de technologies de l’information et de la communication, ainsi que l’élaboration d’un organigramme -ype des juridictions visant à la réorganisation des services entièrement orientée sur l’emploi des nouveaux outils. Toutes les opérations, indique-t-il, passeront “par l’entreprise des études nécessaires pour un plan de conversion progressive des registres et documents actuels en registres et documents électroniques”.Le conférencier a évoqué deux orientations essentielles, que les chefs de juridictions doivent prendre en considération, à savoir la priorité absolue à l’amélioration du service public au profit du citoyen et le choix des outils les plus performants en termes de sécurité et d’efficacité.“Les systèmes de gestion du dossier judiciaire, de la population carcérale et du casier judiciaire, la carte judiciaire et le tableau de bord visant une plus grande rationalité et transparence dans le travail”, souligne-t-il. L’intervenant recommande à l’assistance un plus haut niveau de rigueur, de discipline et d’organisation. “Les données insérées à chaque maillon de la chaîne doivent être exactes et exhaustives, c’est une condition sine qua non pour le bon fonctionnement”, renchérit-il. La vigilance quant à la sécurité du système et à l’intégrité des données est mise également en exergue. Idem pour le redéploiement des personnels qui est nécessaires pour placer les ressources les plus qualifiées au niveau des maillons les plus décisifs de la chaîne.A ce titre, il est attendu la création d’un service spécialisé, indique encore le conférencier, avant de conclure que l’informatisation est loin d’être une question technique, mais elle pose des questionnements d’ordre organisationnel, de méthodes de travail et de gestion de personnels qui, par conséquent, fait endosser la responsabilité aux chefs des juridictions.

36 cours, 150 tribunaux et 42 établissements pénitentiaires dotés de l’IntranetAbordant l’architecture, les fonctionnalités et l’état d’avancement du réseau Intranet de la justice, Mme L. Baraka, directrice au ministère de la Justice, a déclaré de prime abord que le secteur de la justice est parmi les premiers secteurs à s’être doté d’un réseau d’une telle envergure. “Ce réseau est une infrastructure indispensable au système d’information du secteur pour permettre la circulation des informations”, a-t-elle affirmé. Présentant l’état d’avancement de ce projet à travers les juridictions, elle dira qu’il est réalisé dans 36 cours et 150 tribunaux tandis que pour 42 tribunaux, c’est en cours de réalisation. La réception est prévue, selon l’oratrice, à la fin du mois en cours. “Il y aura prochainement la réception des serveurs pour les 73 tribunaux restants, à raison de deux serveurs par juridiction”, indique-t-elle encore.Concernant les établissements pénitentiaires, cette opération est achevée dans 48 établissements et en cours de réalisation dans 34 autres, tandis que 45 établissements nécessitent une extension du réseau. Il reste, selon toujours la conférencière, 30% de liaisons spécialisées à réaliser par Algérie Télécom, “qui n’a pas encore fourni la plupart des équipements d’inteconnexion”, dira L. Baraka.Cette dernière a recommandé, pour la finalisation de l’opération pour les 42 tribunaux restants, d’effectuer les bons choix pour l’emplacement des équipements, de veiller à ce que le bureau d’études soit régulier et exécute les missions qui lui ont été assignées. Idem pour les entreprises qui doivent travailler dans le respect des délais fixés, et à Algérie Télécom de vérifier que les équipements d’interconnexion ont bien été livrés et testés. “La coordination régulière entre ces trois opérateurs est très indispensable”, lance la conférencière. S’agissant des objectifs du réseau Intranet, la directrice a énuméré les points primordiaux tels que la fourniture d’un support sécurisé pour toutes les applications à partager en réseau par le secteur de la justice, la consultation des bases de données ainsi que l’obtention de nouveaux modes de gestion de l’information et des contacts. “Le réseau”, dira-t-elle, “permettra d’opérer un rapprochement des juridictions et établissements géographiquement éloignés par la visio-conférence, réunions à distance, audiences de détenus à distance, instructions de la chancellerie et la télé-formation”.Le réseau sectoriel de la justice est composé de trois compartiments, à savoir des réseaux locaux au niveau des juridictions, des établissements pénitentiaires et du ministère de la Justice, d’une interconnexion de ces différentes structures et d’un centre d’observation et d’administration. Ce dernier est chargé de la supervision technique de tous le trafic d’information, de la surveillance et de la maintenance des liaisons, de la sécurité logicielle et materielle du réseau à distance ainsi que l’hébergement de fichiers centraux et de bases de données accessibles à tout le personnel du secteur. Pour un bon fonctionnement de ce réseau, il est à noter que les tribunaux et les établissements pénitentiaires sont reliés aux cours dont ils dépendent territorialement alors que chaque cour est reliée à une cour régionale, parmi les quatre cours désignées uniquement pour les besoins de routage de trafic. “C’est ainsi”, ajoute-t-elle, “à travers les cours régionales que toutes les cours sont reliées au ministère de la Justice. La Cour suprême, le Conseil d’Etat, les écoles sont également reliés à la tutelle”.Après avoir longuement expliqué les aspects techniques du réseau Intranet, L. Baraka a conclu que “la tâche est ardue pour l’achèvement d’un projet d’une telle envergure, mais il appelle à l’implication et au dévouement de tous les secteurs qui y participent”.Les autres interventions animées par les directeurs centraux au ministère de la Justice traitent dans l’ensemble les aspects purement techniques des systèmes de gestion (SGDJ, SGPC) et des applications du casier judiciaire. De leur côté, les participants à ce séminaire, marqué par une bonne organisation, n’ont pas été avares dans la phase réservée aux débats et aux questionnements.

M. Aït Frawsen

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