Historique !

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Hier, dans les grandes artères d’Alger, il était très difficile pour les manifestants d’avancer. Les places et rues emblématiques des manifestations antisystème ont été envahies par la déferlante humaine.

Les premiers groupes se sont constitués peu avant 10h devant la Grande-poste. Plusieurs dizaines de personnes formaient déjà les premières grappes humaines. A la place 1er mai, les manifestants arrivaient en petits groupes. Les forces antiémeutes de la police nationale s’étaient installées un peu partout.

Les plus grands renforts étaient postés à hauteur du boulevard Mohamed V, pour empêcher les manifestants de monter vers la présidence, à El-Mouradia. Le même dispositif était installé autour du Palais du peuple et du Palais du gouvernement. Sur les autoroutes menant vers la capitale, des barrages filtrants de la Gendarmerie nationale ont été installés, pour empêcher les bus transportant des manifestants de passer.

Plus d’une trentaine de bus étaient partis hier matin de différentes localités de la wilaya de Tizi-Ouzou, pour marcher et défiler à Alger, mais la plupart ont été empêchés de continuer la route au niveau du barrage de la Gendarmerie de Tadmaït, 17 km à l’ouest de la ville des Genêts.

Qu’à cela ne tienne, les Algérois l’ont fait, plus et bien mieux que les semaines passées. «Tu prolonges le mandat, on prolonge le combat». «On ne construit pas un navire en fer avec du vieux bois», pouvait-on lire sur quelques-unes des pancartes brandies par les marcheurs. Hier, deux thématiques constituaient le leitmotiv des manifestants. En plus de la constance de «dégage» portée contre le système depuis le début des évènements le 22 février dernier, les Algériens ont apporté des réponses claires aux trois personnages de l’Etat qui se sont lancés dans une sorte de contre-offensive médiatique ce week-end.

Il s’agit de Bédoui, Lamamra et Brahimi qui se sont adonnés à un exercice censé calmer la rue et convaincre du bien fondé de leur envie de rester contre la volonté populaire. Les marcheurs ont scandé : «Bedoui dégage», «Résistance et non à l’alternance désignée par la France» ou encore «La rue ne se taira pas». La Grande-poste, place Audin, rue Hassiba ou le boulevard Amirouche, la marrée humaine les a vite saturés. Tout s’est passé dans une ambiance bon enfant, aucun incident ne fut signalé.

Vers 14h, après la prière du vendredi, ce sont des familles entières qui ont rejoint les marches : hommes, femmes, enfants, vieux et vieilles, portant le drapeau national, marchaient à pas assurés, chantant et criant contre le prolongement du mandat de Bouteflika. Sur le boulevard Mohamed V, la police s’est retrouvée débordée par la déferlante qui voulait avancer vers la présidence.

La sœur de Larbi Ben Mhidi a rejoint le hirak, suscitant admiration et respect tout le long du parcours. Vers 16h30, quelques escarmouches ont éclaté à Telemly. Quelques jeunes ont jeté des pierres sur des policiers. Ces derniers, n’ayant pas réagi aux premiers coups, ont fini par utiliser des bombes lacrymogènes pour les disperser.

M. A. T.

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