MME TALEB ANISSA (veuve du défunt)
«Ahcène nous appartient à tous»
«Pour moi, Ahcène n’est pas mort, il vit toujours en moi et chez moi et à travers tout ce beau monde venu aujourd’hui lui rendre hommage et immortaliser son œuvre par cette stèle, je remercie l’APW, l’APC, les villageois et ses amis qui ont tous contribué à la concrétisation de cette stèle. Ahcène a été fort jusqu’à son dernier soupir. Je savais qu’il souffrait surtout vers la fin de sa courte vie, mais il ne donnait jamais l’impression de quelqu’un qui a mal pourtant les soins qu’on lui prodiguait étaient lourds. J’ai eu beaucoup de chance de l’avoir connu et d’avoir vécu avec lui. Il était simple, affectif et affectueux. Les jeunes d’aujourd’hui doivent poursuivre son combat. Ahcène à travers son œuvre est entré dans la mémoire collective. Ahcène nous appartient à tous. Là où il est, je lui dédie la célèbre chanson Vava Inouva, une chanson qu’il adorait tellement».
YOUCEF AOUCHICHE (P/APW de Tizi-Ouzou)
«Son nom est inscrit en lettres d’or»
«Ce sont des moments chargés d’émotion quand on se rappelle et rendre hommage à un homme de la trompe d’Ahcène Taleb. Un militant qui a lutté pour que vive l’Algérie et tamazight. Ahcène Taleb avec son combat, son engagement et son parcours, fait partie de ceux qui sont présents même s’ils sont décédés. Ses idées et son combat sont toujours parmi nous et en nous. Le combat d’Ahcène Taleb se poursuit encore aujourd’hui grâce à la relève. Hommage à tous ceux qui ont contribué à l’organisation de cet hommage. Évoquer Ahcène Taleb c’est évoquer un pan entier de notre histoire contemporaine. Ahcène Taleb, ce sont des idées, des luttes et de l’espoir des Algériens et des Algériennes pour édifier l’Algérie de demain. Son engagement, sa lucidité nous en avons grand besoin aujourd’hui pour faire aboutir le combat, son nom est désormais écrit en lettres d’or dans le combat pour une Algérie meilleure».
DR RAMDANE ACHAB (enseignant et chercheur)
«Un militant saint et propre»
«Ahcène Taleb est pour moi et beaucoup d’autre un nom lié à la propreté, à la sainteté, la modestie et l’engagement. Son combat est connu et reconnu par tous. Son combat, il l’a débuté en tant qu’étudiant à Montréal (Canada) où il était à l’école polytechnique pour ses études d’ingéniorat. Avant 80, il était membre actif dans l’association culturelle berbère créée au Canada. Son combat ne remonte pas à hier. En rentrant au pays, après quelques années au sud, il rejoint l’université Mouloud Mammeri en tant qu’enseignant. C’est pendant cette période que je l’ai personnellement connu au MCB. C’était quelqu’un qui a beaucoup donné au mouvement. Je rappelle aussi qu’ici dans sa maison à Aït Abdelmoumène que quelques numéros de la revue Tafsut furent tirés, une revue qu’on éditait dans la clandestinité. Ahcène avait des qualités humaines immenses. Il était propre en tout, dans son travail, dans son cœur et dans son comportement, c’est ce qui a fait de lui un homme aimé et respecté de tous. À présent, hélas, la politique est pratiquée par des ignares et des gens sales, en tout cas la grande majorité. Ahcène disait qu’on peut faire de la politique proprement. Ahcène a choisi le chemin le plus difficile, celui du savoir et de la science car le militantisme ce n’est pas seulement sortir dans la rue et crier, c’est tout autre. Pour être connu et respecté, il faut se documenter et connaître l’histoire, la sociologie, la linguistique, l’anthropologie pour être vraiment efficace. À présent, on constate le champ de tamazight est infesté de fous et d’amateurs, certains utilisent la malice pour se faire un nom, d’autres sont injectés pour perturber. Présentement, le vrai et mélangé à l’ivraie dans le domaine de l’amazighité. Les jeunes doivent étudier pour éviter d’être emportés par n’importe quel vent. Ahcène serait utile notamment en cette période d’après le 22 février, il verra ce qu’il pensait avant cette révolte. Les marcheurs et leurs slogans sont la réincarnation d’Ahcène, un homme qui a pris une dimension nord africaine puisqu’il comptait des amis même au Maroc».
MAHFOUD ZEROUKI (P/APC de Tizi N’Tléta)
«Ahcène était d’une grande valeur»
«Une rencontre pareille doit se perpétuer, la lutte doit continuer pour les générations futures. Ahcène Taleb a participé au combat pour la démocratie et pour l’Algérie de demain. Il a vécu en citoyen modeste mais son apport a été d’une grande valeur et d’une grande importance. Nous devons être contre l’oubli et ne jamais oublier l’apport de ceux qui nous ont précédés. Évitons de tomber dans le régionalisme comme l’a su le faire le défunt Taleb. Ahcène c’est avant tout un algérien et un kabyle. Son combat doit être mené à terme. Merci à tous ceux et celles qui ont contribué à l’organisation de cet hommage. Que tout ceux qui peuvent apporter une brique à l’édifice y participent car Ahcène et ses compagnons étaient de cette catégorie de militants qui prônent l’union et la fraternité».
FARID RABIA (militant et auteur en tamazight)
«Il a tout fait pour préserver l’unité du MCB»
«Ahcène Taleb était un militant propre, engagé, responsable et rassembleur. Je l’ai connu au sein du MCB (commissions nationales), c’est quelqu’un qui a publié plusieurs contributions en tamazight. Il a participé à l’élaboration du dictionnaire en ligne en tamazight. Il a également contribué à la rédaction et au tirage de la revue Tafsut dans la clandestinité. Il était aussi l’un des rares militants qui ont lutté pour éviter l’effritement du MCB. Le meilleur hommage à lui rendre est de contribuer à la promotion de notre identité dans sa triple dimension langue, culture et identité.»
Propos recueillis par Hocine T.