La tragique mort du colonel Abdellah Dellys

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L’ancien maquisard et colonel Abdellah Dellys est décédé, jeudi soir, dans un tragique accident de la circulation, survenu au niveau de l’autoroute au lieu-dit «El Yachir» dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj. C’est au retour d’un hommage rendu au maquisard Abdelkader Azil du nom de guerre «Abdelkader El Bariki», organisé par le musée du Moudjahid de Batna, que le véhicule à bord duquel il se trouvait, en compagnie de trois de ses compagnons d’arme, dont le responsable du musée d’Ifri ayant abrité le congrès de la Soummam, a percuté de plein fouet un poids lourd dans une descente.

Évacué par la Protection civile vers l’hôpital d’El Mansoura, il a succombé à ses blessures à son admission, tandis que ses compagnons, toujours vivants, ont subi des blessures plus ou moins graves. Sa dépouille a été déposée à la morgue de l’Établissement hospitalo-universitaire (EPH) de Bordj Bou Arréridj, en attendant d’être récupérée par sa famille. C’est ce qu’on a appris, hier, sur son lieu de résidence, au chef-lieu de Chorfa.

Par ailleurs, pour l’historien Hamadache Boukrif, qui a rédigé les mémoires du défunt dans un recueil paru en 2007 sous le titre «2 370 jours au cœur de l’enfer», Abdellah Dellys, un homme de valeur, avait marqué de nombreuses générations. Né en 1936, il a commencé à militer pour la cause nationale vers la fin des années 1940, en vendant les journaux (clandestins) des partis politiques algériens, à l’image du PPA, dans les marchés hebdomadaires et les places publiques de la région.

D’ailleurs, il était parmi les premiers maquisards de la région à rejoindre, en novembre 1955, le maquis dans le groupe dit «Imnoufaq» (Les insurgés), créé en Kabylie par Krim Belkacem et Mustapha Benboulaid dans les Aurès, après avoir bénéficié d’une formation dans le maniement des armes et les techniques de guérilla. Il fut alors chargé avec un groupe de quatre volontaires (Moussebline) armés de pistolets d’exécuter des actions de sabotage touchant les infrastructures relevant de l’administration coloniale.

Sa première action fut une embuscade tendue contre un groupe de militaires français qui avait l’habitude de faire ses emplettes dans une épicerie, en plein cœur de Chorfa. Une opération où cinq soldats ont été abattus et leurs armes des MAT 49 récupérées. Immédiatement après la réussite de cette opération, lui et ses quatre compagnons ont été accueillis à Ighzer Iwakuren par les colonels Amirouche et Si Sadek Awadhi.

Abdellah a dès lors intégré le groupe d’Abderrahmane Mira pour participer à des dizaines d’embuscades contre les forces coloniales à travers les flancs sud du Djurdjura. Après le congrès de la Soummam, il a été affecté au Sahara pendant six mois pour rejoindre ensuite un groupe de Fidayine dans l’Akfadou sous la houlette du sergent Merzouk Hadj Moussa. Ayant été repéré par le lieutenant Hocine Lahlou, ce dernier l’a enrôlé dans son groupe de choc en 1957, où il a participé à de nombreuses opérations contre les forces coloniales à travers la Kabylie, et ce jusqu’à 1958, où le défunt a été promu adjudant de secteur de la circonscription qui s’étalait de l’ex-Maillot, actuelle M’Chedallah, jusqu’à Akbou dans la wilaya de Béjaïa.

Parmi ses célèbres faits d’armes, celui de Tala Rana dans la région de Saharidj où 75 militaires français ont été éliminés, le 2 octobre 1959. Il continua la lutte armée à la tête d’une section de 36 maquisards jusqu’au cessez-le-feu pour rejoindre l’ANP avec le grade de lieutenant, après un stage de formation en Égypte. Son parcours l’a mené dans plusieurs casernes et régions militaires, dont celles de Réghaïa et Batna, avant d’être promu au grade de commandant de secteur à M’Sila, ensuite à Jijel, où il a combattu le terrorisme durant la décennie noire, avant de prendre sa retraite en 2007.

Oulaid Soualah

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