Le FLN montré du doigt

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L’empêchement de la conférence de Mouloud Lounaouci à l’université de Tizi-Ouzou continue de susciter indignation et condamnation. Dans une pétition signée par les animateurs du Printemps berbère, et mis en ligne avant-hier en fin de journée, le parti FLN est directement mis en cause dans l’agression ayant débouché sur l’annulation de la conférence du Dr Lounaouci. «Le 10 mars 1980, Mouloud Mammeri avait été empêché par le pouvoir du FLN de donner une conférence au campus universitaire de Tizi-Ouzou qui, depuis, porte son nom.

Ce mardi 7 mai, le docteur Mouloud Lounaouci, un des disciples de l’illustre écrivain, et M. Arezki Kecili ont été invités par la Coordination locale des étudiants (CLE) pour animer une rencontre-débat dans la même enceinte sur le thème «D’avril 80 à février 2019». Selon les premières informations, des «étudiants» connus, dont certains sont à la solde de ce même FLN, disséminés dans l’amphithéâtre, ont fait part, lors d’une prise parole qui a duré un quart d’heure, de leur détermination à empêcher à tout prix la conférence.

Devant le refus d’abdiquer des organisateurs, ils ont provoqué une bagarre et lancé une bombe lacrymogène sur l’orateur pour l’empêcher de s’exprimer», est-il expliqué dans la pétition signée par Arezki Abboute, Amar Hamadi, Rachid Aït Ouakli, Youcef Hebib, Arab Aknine, Hamid Louni, Ahmed Aggoun, Mohand Naït Abdellah, Mhend Amarouche, Omar Oulamara, Saïd Chemakh, Mohand Ouamer Oussalem, Saïd Doumane, Ahmed Saadi, Rachid Halet, Hocine Sadi et Saïd Sadi.

Les signataires estiment qu’«à cause de la violence de l’agression, de sa conjoncture, du lieu où elle a été perpétrée, comme de l’identité des personnes ciblées, celle-ci se présente comme l’un des actes qui ont le plus gravement attenté à la dignité et la crédibilité de la communauté universitaire et au combat pour les libertés démocratiques qu’elle a initiées et défendues à l’époque des années de plomb». Et de poursuivre : «Nous ne devons pas et nous ne pouvons pas laisser passer cette forfaiture.» Au passage, ils ont rappelé que «les débats dans l’université de Tizi-Ouzou ont fait école.

Ils constituent une tradition pour laquelle ont été consentis les plus grands sacrifices. Ce capital intellectuel et démocratique doit impérativement être préservé et développé». Les animateurs d’avril 80, signataire de la pétition, n’ont pas manqué d’apporter leur solidarité «la plus active au docteur Lounaouci, à M. Kecili et aux étudiants qui honorent les traditions de lutte de leur institution», avant d’interpeller la Direction de l’université, lui exigeant de condamner «ces actes indignes d’une enceinte universitaire» et de «poursuivre devant la justice les nervis et leurs commanditaires».

Le recteur s’exprime à nouveau et condamne !

Hier, le recteur de l’université Mouloud-Mammeri, le Pr Ahmed Tessa, a réagi, pour sa part (pour la deuxième fois), à l’interpellation faite par les animateurs d’avril 80, en condamnant l’acte d’agression contre le Dr Lounaouci et son camarade. «Nous condamnons avec fermeté toutes les formes de violence verbale et/ou physique et regrettons que ces actes se produisent à l’intérieur du campus universitaire», a écrit le Pr Tessa dans une déclaration transmise à notre rédaction. Le recteur affirme, par ailleurs, que «la Direction de l’université a engagé les procédures réglementaires nécessaires pour éradiquer ces pratiques bannies et rejetées par toute la communauté universitaire».

M. A. T.

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