«Le fonds national cancer mal exploité»

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Y a-t-il une relation entre l’alimentation et l’environnement et le cancer ? Telle est la question à laquelle ont tenté de répondre les professeurs et autres spécialistes en médecine à la 1ère Journée nationale sur le cancer, l’environnement et l’alimentation, tenue, hier, à l’université M’Hamed Bougara.

Organisé par le Laboratoire de recherche en technologie alimentaire de la faculté des sciences de l’ingénieur (FSI) et l’association Errahma d’aide aux malades cancéreux, en collaboration avec l’Association nationale d’éco-conception, la direction du commerce…, l’évènement coïncide avec la Journée mondiale de lutte contre le cancer (4 février).

À l’occasion, le Dr Kamel Bouzid, chef de service d’oncologie au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC), a déclaré que le budget du fonds national cancer n’est pas totalement consommé depuis la mise en œuvre de la caisse, en 2013, ajoutant que le budget consommé jusqu’ici n’a même pas atteint les 4%.

Il précisera, en revanche, que «le gaspillage des médicaments a atteint 34%». Pour lui, le fonds a été créé afin de prévenir les cancers, dont l’incidence est en constante augmentation au Nord du pays. La pathologie, toujours selon lui, tue près de 20 000 personnes chaque année en Algérie.

Développant la thématique de la rencontre, le Dr Bouzid affirme que les mauvaises habitudes alimentaires contribuent à l’émergence des cancers, notamment colorectaux, lesquels affectent de plus en plus de sujets dans les zones Nord du pays. Il préconise, donc, un retour à l’alimentation «de nos ancêtres comme mesure préventive pour minimiser les risques de développer un cancer».

Il donna ainsi l’exemple du plat du couscous traditionnel, «considéré comme étant une recette parfaite pour une alimentation saine et équilibrée, car il contient des légumes essentiels et des céréales». Il relève, par contre, l’impact néfaste des pesticides et leur rôle considérable dans l’émergence de la maladie.

Dans une étude menée par des doctorants de l’université de Boumerdès sur le respect des règles de traitement des plantes par les insecticides dans les wilayas d’Alger, Boumerdès et Tipaza, il est démontré que 70 % des agriculteurs de ces régions ne respectent pas le dosage réglementaire, ce qui expose le consommateur à différentes affections, parmi lesquelles le cancer.

L’objectif principal de cette rencontre scientifique est de maximiser les efforts pour minimiser l’ampleur et les dégâts causés par les tumeurs cancéreuses. «S’il est primordial de soigner les malades, il est aussi très important de réduire le risque de l’émergence de nouveaux cas, en s’attaquant aux causes environnementales et alimentaires», dira Kamel Delci, chargé de communication du Laboratoire de recherche en technologie alimentaire de l’université de Boumerdès.

«Plus que jamais, avertit-il, il faut une volonté et une coopération ambitieuse de santé environnementale et alimentaire pour faire face à cette affection mondiale, afin de minimiser son ampleur, notamment en Algérie». Cette journée a pour objectif principal de proposer quelques pistes de réflexion à travers la contribution de professeurs, médecins et chercheurs nationaux, leaders dans le domaine médical, particulièrement en oncologie.

Elle a offert, en outre, l’opportunité d’acquérir des connaissances approfondies sur la maladie, ses causes ou origines ainsi que sa relation avec l’environnement et l’alimentation. Cette journée intervient également dans un contexte particulier, dominé par l’augmentation de l’incidence des cancers, avec le recensement de nombreux nouveaux sujets cancéreux, en nette augmentation, particulièrement dans les pays en voie de développement.

Le mode alimentaire déséquilibré, induit par les industries agroalimentaires, et les modifications de l’environnement atmosphérique en semblent être des facteurs de risque non négligeables.

Youcef Z.

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