Les coups de colère de Djemaa

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En l’espace d’un mois, le wali de Tizi Ouzou, M. Mahmoud Djemaa, aura effectué deux visites dans la commune de Draâ El Mizan, où il a inspecté de nombreux projets en souffrance. Hier, sa première halte fut sur le site des 1 000 logements sociaux dont la livraison est annoncée pour le 5 juillet. Accueilli par le chef de daïra et le maire, le wali n’a pas manqué d’exprimer sa colère, les travaux de VRD promis lors de sa dernière visite de février n’ayant toujours pas été lancés.

Projet des mille logements sociaux : rien n’a été fait pour les VRD

Lors de sa dernière visite, toutes les entreprises s’étaient engagées à entamer les travaux de VRD le jour suivant. Mais à la grande déception du wali et de tous les directeurs de son exécutif, la situation n’a pas évolué d’un iota. La cause donnée est que la moitié de l’enveloppe financière manquait, environ 16 milliards sur les 31 milliards de centimes prévus. Immédiatement, le wali a appelé le secrétaire général du ministère du Logement. On croit savoir que l’accord a été donné pour prendre en charge cette situation. D’ailleurs, des instructions fermes ont été données à tous les intervenants de se mettre au travail afin de ne pas rater le rendez-vous donné aux bénéficiaires pour le 5 juillet prochain.

L’étape suivante de la visite fut consacrée au deux blocs scolaires. Là, M. Mahmoud Djemaa a instruit le directeur de l’éducation d’anticiper sur les mesures nécessaires pour équiper les deux établissements et prévoir aussi le personnel. Les entrepreneurs réalisateurs de ces deux écoles ont été sommés de respecter les délais de réalisation, notamment du bloc scolaire du site des 521 logements AADL où il faudra quand même quelques mois pour le livrer, contrairement à celui des 1 000 logements entièrement achevés. Avant de quitter les lieux, le premier responsable de la wilaya a insisté aussi sur l’alimentation électrique de tout le pôle, d’autant que les travaux prendront un peu de temps à cause des VRD non encore lancés. Au cours de cette deuxième escale, les deux structures sportives ont été visitées par la délégation et de nombreux citoyens, notamment des sportifs, sont venus s’enquérir de la date de leur mise en service.

Là, une certaine satisfaction a été exprimée quant à la qualité des travaux, même si ces deux structures ont été lancées en 2012. Les différents intervenants ont dit leur volonté de les livrer au plus tard le 5 juillet prochain. Il ne reste que le réseau d’assainissement et de leur raccordement au réseau électrique dont tout le devis a été réglé. Les jeunes de la cité des 64 logements ont profité de l’occasion pour interpeller le wali sur l’état de l’aire de jeux de leur cité. «Nous souhaiterions qu’elle soit engazonnée et clôturée», a suggéré l’un d’eux, ce à quoi le wali a réagi en appelant le directeur de la jeunesse et des sports pour lui demander de prendre note à ce propos.

Chantier de la clinique mère-enfant : le fiasco !

Pour la troisième escale, la délégation s’est arrêtée sur le chantier du projet de la clinique mère-enfant. Celui-ci est à l’arrêt depuis 2014. L’entrepreneur est revenu sur toutes les contraintes qui freinent ce projet. Il s’agit surtout de l’instabilité du sol. D’ailleurs, un affaissement continue de menacer des blocs de logements LSP situés en haut du projet. Les hôtes de Draâ El Mizan ont été surpris de remarquer que cer tains poteaux du bloc A étaient inclinés et d’autres présentaient des cisaillements. La structure de santé a été lancée en juin 2012 et n’a atteint que 30% d’avancement. «J’exige un rapport détaillé du CTC.

Aussi bien l’entreprise que le bureau d’études et bien sûr le CTC, vous devriez travailler ensemble afin de trouver des solutions pour rectifier toutes les anomalies. Vous avez un délai d’un mois», ordonna le wali avant d’inviter le directeur de la santé et de la population à suivre, pas à pas, ce projet dont l’utilité n’est plus à démontrer dans une région aussi importante. Des rapports de stabilité du sol et les confortements nécessaires ont ensuite été mis en avant par le wali devant les responsables concernés. Ensuite, le cortège s’est dirigé aux logements RHP implantés sur la route de Henia. Non seulement les bénéficiaires résidant dans des cités précaires sont impatients de les habiter, mais ils serviront également à reloger les familles du bidonville surplombant l’hôpital qui bloque même la reprise de l’évitement prévu afin de contourner la ville et interdire aux poids lourds de traverser la ville où constamment la route principale est dégradée.

À ce niveau, il a été question de poursuivre les travaux de VRD, d’alimenter les logements en courant électrique et en eau potable. Toutes les dispositions ont été prises afin de répondre justement à la demande des bénéficiaires. Des habitants de la cité des 90 logements ont eux aussi saisi l’occasion, pour alerter le premier magistrat de la wilaya sur l’état de leur quartier : «M. Le wali, notre cité est oubliée. En plus de l’étanchéité qui pose problème, les cours sont dégradés alors que la peinture extérieure des immeubles a entièrement disparu», dira un représentant de cette cité au wali, avant de lui remettre un courrier qu’il remit sur place au directeur de l’OPGI.

L’évitement de la ville, un projet datant de 2011, à l’arrêt

Le projet dit «déviation Est» a été lancé en 2011. Actuellement, il est à l’arrêt pour diverses raisons. S’il est vrai que le tronçon allant du CW04 jusqu’à la RN30 a été achevé, avec le temps, il a subi au moins deux énormes affaissements dont l’un exige tout un confortement. Les autres problèmes liés à ce projet sont les indemnisations des propriétaires terriens et le déplacement des habitants du bidonville dit ‘’de l’hôpital’’ aux logements RHP. «Les per sonnes expropriées n’ont toujours pas été indemnisées M. le wali. Il y aussi le problème du bidonville. Dans un premier temps, nous demandons l’achèvement et le confortement du tronçon sur 1400 mètres allant du CW04 à la RN30, puis, l’autre tronçon CW04 jusqu’à la RN25 près de l’hôpital.

Mais, il faudrait que l’entreprise revienne sur les lieux», clamera le maire, M. Abdelghani Issolah, sans omettre de mettre en relief l’utilité d’un tel projet. Le directeur des travaux publics interviendra à son tour, s’engageant à mettre en œuvre toutes les instructions données par le wali. Il fera néanmoins savoir à la délégation que «des opérations de déviation des conduites d’eau jouxtant cet axe routier ont déjà été confiées à l’ADE» et que l’entreprise allait reprendre incessamment. Un délai de deux mois a été accordé pour livrer au moins deux tronçons.

EPH Krim Belkacem : Le DSP instruit de prendre en charge les manques

Au niveau de l’EPH Krim Belkacem, son directeur, M. Lounès Bounous, a fait un exposé exhaustif sur le fonctionnement de l’établissement de 250 lits, en présentant tous ses services, son personnel, toutes les activités et même le nombre de patients soignés dans pratiquement tous les services, allant de celui de pédiatrie où le problème d’espace a été relevé par le chef de service, en passant par la gynécologie, la médecine interne, l’ophtalmologie, puis l’ORL. Dans son rapport, le directeur a aussi évoqué les manques qu’il a recensés depuis son installation. «J’avais trouvé 25 milliards de dettes», confierat-il.

Le wali a instruit le directeur de la santé de prendre en charge les manques, notamment au service de la pédiatrie où «des résidents, au moins, devront être affectés dès que cela sera possible», a-t-on indiqué. On a aussi évoqué le problème de l’organisation des services dont certains citoyens ont parlé au wali, tels le pavillon des urgences et le laboratoire des analyses médicales. «Tout n’est pas noir mais il faut combler les manques. C’est la santé du citoyen qui passe avant tout. Concernant les équipements et l’affectation du personnel nécessaire, je vous invite à rédiger un rapport détaillé et à le remettre au DSP.

De même, on essaiera de trouver une solution au scanner. Il y a lieu aussi de renforcer le service d’hémodialyse en générateurs», a répondu le wali. Il faut aussi rappeler qu’une fiche technique a été établie pour l’extension de cet hôpital avec la réalisation d’un bloc où seront abritées les urgences, le service d’oncologie et aussi y transférer le service d’hémodialyse. Un autre objectif est tracé, celui de la restauration de l’ancien hôpital dès le délogement des familles qui l’occupent.

Le wali à l’écoute des citoyens

Dès son arrivée sur le site des 1 000 logements, de nombreux citoyens ont abordé le wali, lui exposant certains de leurs problèmes liés notamment à leur relogement aussi bien au niveau des 1000 logements sociaux qu’au niveau des 235 logements RHP. «Monsieur le wali, j’habite avec mes enfants dans un garage qui me sert aussi d’atelier de couture. Faites quelque chose pour moi et mes enfants», lui dira une dame, d’un ton désespéré. Là, le wali a invité le chef de daïra à prendre son problème non seulement pour le logement mais aussi pour une quelconque aide matérielle et financière. Les squatteurs de logements depuis 2001 ont, eux aussi, exposé leur situation. Pour cette question, le wali a répondu que le problème est à l’étude parce qu’il touche des centaines de logements au niveau de toute la wilaya.

Amar Ouramdane

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