Maintenant que les constats sont faits…

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Les incendies ravagent chaque année des milliers d’hectares de forêts et de maquis dans la wilaya de Tizi Ouzou.

Ce cauchemar qui hante les habitants est un problème qui constitue un véritable casse-tête pour les responsables qui, à défaut de solution et d’efficacité, restent dans le constat en dressant chaque année les lourds bilans d’après la catastrophe. Pour l’année en cours, pas moins de 3400 ha sont partis en fumée, dont 940 ha de forêts, 750 de maquis, 1609 de broussailles, 65 ha de blé sur pied, 28 000 arbres fruitiers et 350 poulets vivants calcinés depuis le début de l’été. Un bilan lourd constaté par la cellule de suivi des incendies installée au niveau de l’assemblée populaire de wilaya, dans son rapport durant la plénière de l’assemblée.

À défaut d’enquêtes sérieuses et d’expertises, chaque année, une polémique s’installe autour des causes et raisons de ces incendies. À ce propos, la cellule affirme n’avoir reçu aucune expertise ni résultat d’enquêtes. Ils attestent toutefois que ces incendies n’incombent pas à la nature, pointant du doigt le facteur humain. Les communes touchées par les incendies sont Azeffoun, Tigzir t, Makouda, Bouzeguène, Frikat, Sidi Naamane, Tademaït, Fréha, Boudjima et Iflissen, Yakouren, Idjeur, Mekla, Mizrana, Ifigha et le parc national du Djurdjura (Tala Guilef).

Des pertes économiques considérables Ces incendies, en plus de leur impact négatif sur la nature et l’homme, engendrent des pertes économiques très importantes. Elles sont estimées cette année, d’après un rapport établi par la conservation des forêts, à 142 126.780.00DA. Par ailleurs, ce même rapport explique que les effets du changement climatique à l’origine des fortes chaleurs et des canicules qui sévissent encore et dont les effets sont observés à travers le monde et en particulier dans le bassin méditerranéen où le climat est très sensible, sont à l’origine de l’enregistrement d’un bon nombre de foyers d’incendie depuis le mois de juin, ce qui n’est pas habituel, précise-t-on.

L’analyse du bilan établi par la conservation, et qui ne diffère pas trop de celui de la cellule de l’APW, a fait ressortir que les incendies enregistrés sont plus fréquents dans les maquis à hauteur de 36% , et les divers vergers à 30% . Pour ce qui est des superficies parcourues par le feu, ils ont relevé que les broussailles sont les formations les plus touchées à 40% , suivies par les maquis à hauteur de 27% et les diverses plantations d’arbres fruitiers à 25%. Ce qui s’explique, souligne-t-on, la nature même des broussailles qui sont denses et présentes dans toutes les formations végétales et qui sont aussi très sensibles aux départs et à la propagation du feu. La nature juridique des terrains touchés, selon la conservation des forêts, est à 25.1% domaniale et 74.9% privée.

L’écart dans les deux chiffres s’explique par le manque flagrant et l’insuffisance d’actions de prévention sur les propriétés privées, telle que les débroussaillements et le nettoiement des vergers, des champs et autres exploitations agricoles. Ledit rapport fait savoir que la réduction ou l’absence d’une zone tampon entre le milieu naturel (forêt/maquis) et le milieu habité (hameau ou village) enclavé, est souvent à l’origine d’importants départs de feu et ce par négligence et manque de vigilance (multiplication des dépotoirs). Néanmoins, la situation sera améliorée, rassure-t-on, avec l’engagement des fiches techniques des travaux préventifs, élaborées conjointement avec les communes dans le cadre du programme TUP HIMO avec la direction de l’action sociale.

Malgré les dégâts constatés chaque année, des efforts colossaux sont consentis par les services de la protection civile et les Forêts pour au moins minimiser à chaque fois les pertes, mais… Lutte contre les incendies : recommandations et contraintes Plusieurs campagnes de sensibilisations et de préventions ont été menées. Sur le terrain, plusieurs contraintes sont rencontrées par ces deux corps, ce qui les empêche de travailler dans de bonnes conditions et par conséquent altère leur efficacité. Les services des forêts font part notamment de l’insuffisance des actions préventives, celles relevant de certains organismes (TPF-SONELGAZ), exploitation agricoles), ainsi que les tourières autour des villages et l’éradication des dépotoirs qui ne sont pas pris en charge dans leur totalité par les communes.

En outre, ils soulignent une latence dans le déclenchement des COC et COD. La pression de la population qui varie de 40 à 670 habitants par km2 constitue une entrave. La plupart des organismes retenus par le dispositif du plan feux de forêt n’assurent que rarement la permanence, difficultés d’accès pour l’intervention (relief souvent très accidenté), moyens très insuffisants par apport à l’étendue du territoire d’intervention (plus de 21 600 Ha par brigade de première intervention. Les effectifs réduits contraignent ces services à faire fonctionner les brigades de première intervention, avec un personnel composé d’un agent forestier et de deux ouvriers au maximum.

La protection civile, de sont côté, soulève plusieurs lacunes, à savoir particulièrement d’après son rapport, l’accessibilité difficile au massifs forestiers, la topographie de la wilaya, localisation des villages et les habitations, les décharges sauvages, simultanéité des incendies en plus du manque de désherbages et de nettoiements autour des maisons et villages qui aggravent la situation en plus des facteurs climatiques. Ces deux services, après avoir dressé un constat global dans leurs rapports respectifs, ont émis plusieurs recommandations pour plus d’efficacité dans la lutte contre les incendies dans la wilaya. Il s’agit, concernant les services des forêts, de la suggestion de la tenue de permanences de jour comme de nuit à tous les niveaux des comités opérationnels par une personne qualifiée.

Il s’agit d’éviter l’utilisation du feu dans les chantiers ou autres ateliers se trouvant en forêt ou à proximité (moins de 1000mètres) pendant toute la durée de la campagne (du 1er juin au 31 octobre), d’éradiquer les dépotoirs et d’éviter l’incinération des chaumes et des décharges contrôlées, d’équiper les moissonneuses batteuses de cache-flammes durant la période des moissons et veiller à la mise à leur disposition d’une citerne d’eau avec un outillage approprié. Tout cela conjugué à l’effort de procéder à l’ouverture de tourières autour des champs céréaliers, à l’établissement des arrêtés d’interdiction d’incinération pendant la durée de la campagne, à l’implication des citoyens.

La protection civile, pour sa part, suggère aussi l’interdiction formelle d’incinération à partir du 1er juin, l’éradication et l’interdiction des décharges sauvages, ouverture et entretien des pistes, assiettes de terrains pour les postes avancés dégelés de Tazi Rached, Souama et Mekla en plus de doter les services de la protection civile de moyens appropriés. Insuffisance des moyens de lutte La conservation des forêts et les services de la protection civile sont les deux corps chargés de lutte contre les incendies. Ces derniers, à la lumière de leurs deux rapports, souffrent du manque de moyens, compte tenu de l’ampleur des incendies, de leur fréquence et aussi d’autres paramètres sus cités. Néanmoins, les services de la protection civile cette année ont été renforcés par l’installation de deux colonnes mobiles à partir du premier juillet au niveau de l’unité principale de Tizi-Ouzou.

Ils ont aussi bénéficié du renforcement de la carte opérationnelle à Maatkas, Azazga par deux CCFL, et 1 CCFL au niveau de Tigzirt et Ain El Hammam. Les unités opérationnelles ont été aussi renforcées par des stagiaires. La protection civile a mis l’accent sur la nécessité de trouver des assiettes de terrains pour les postes avancés dégelés de Souama, Mekla et Tazi Rached.

Kamela Haddoum.

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