«Une phase d’austérité sévère est à venir»

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L’économiste Youcef Bouabdallah estime que l’absence de réformes économiques structurelles et profondes a mené le pays à une situation de «panne». «Il est sûr qu’une phase d’austérité sévère attend l’Algérie dans le très moyen terme en raison du temps perdu, depuis 2014. Cette période aurait pu être mise à profit pour entreprendre des réformes structurelles de l’économie, au titre d’une dynamique stratégique de développement», a affirmé M. Bouabdallah lors de son intervention, hier, sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale. Et d’ajouter : «Aucune mesure n’a été prise dans le cadre d’une réforme profonde et structurelle.

On est toujours dans l’attente. On a l’impression qu’on est tétanisés par ce proche avenir qui arrive à grand pas». L’économise souligne que le bilan tiré par les officiels «est alarmant», citant la déclaration du ministre de l’Énergie qui avait fait état de l’épuisement de 60% de réserves d’hydrocarbure. «On se retrouve dans un pays qui a complètement raté son industrialisation et ses réserves sont en voie d’épuisement», a-t-il regretté. Si on continue comme ça, le Pr Bouabdallah a estimé que «dans dix ans, on sera sur les genoux et le pays sera très appauvri».

De ce fait, il a mis l’accent sur l’urgence de mettre en place des réformes. Pour ce faire, il a souligné l’importance de réaliser, en premier lieu, un consensus avec l’ensemble des acteurs de la société. «Jusqu’à présent, le consensus qui a été obtenu était grâce à la large distribution de la rente pétrolière. L’État était le seul acteur, ce qui a fait énormément mal. On sait aujourd’hui que l’État est en panne sur le plan financier et sa panne signifie une panne générale. On est dans le rouge», s’est-il alarmé. Selon l’hôte de la radio, au niveau macroéconomique, «les indicateurs ne correspondent en rien au flux de l’économie réelle».

«Si on veut réformer l’économie, on doit aller dans la réalité de cette économie et non pas seulement dans les aspects financiers», a-t-il préconisé, précisant que la «magie» de la rente pétrolière a masqué les aspects réels de l’économie au profit des aspects financiers. «On attend que les finances aillent mal pour finalement découvrir que l’économie va moins bien qu’on ne le croit», a-t-il noté. «La question qui se pose aujourd’hui, poursuit-il, est de savoir comment générer des flux financiers correspondant à la productivité réelle de cette économie». «Ce qui amène, selon lui, aux chantiers de réformes à entreprendre nécessairement lors des prochaines échéances».

Samira Saïdj

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