«Notre commune accuse un énorme retard»

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A travers cet entretien, le maire de la municipalité d’Agouni Gueghrane fait le point sur la situation de sa commune et définit ses objectifs et attentes.

La Dépêche de Kabylie : Quels sont les projets réalisés durant les deux premières années de votre mandature ?

Farid Bachouche : Durant ces deux premières années, nous avons, dans le cadre des PCD, du budget communal et des programmes sectoriels, réalisé plusieurs opérations qui ont contribué à l’amélioration du cadre de vie de notre population, bien qu’il reste beaucoup à faire puisque notre commune accuse un immense retard. Au volet PCD 2018 et 2019, nous avons donc concrétisé des opérations à hauteur de 6,5 milliards de centimes.

Il s’agit, entre autres, de neuf projets se rapportant à l’assainissement, à l’aménagement de routes, au bitumage en BB, au dallage, au confortement, à la réalisation d’un réservoir d’eau à Tigzirt et à l’aménagement d’aires de jeu dans les villages. Le secteur de l’éducation n’a pas été oublié puisque nous avons réhabilité quatre écoles primaires. Des caniveaux au niveau des villages Aït Ergane, Agouni Gueghrane et Iazounène ont été aussi réalisés. En outre, nous avons engagé un bureau d’études pour la régularisation de notre siège de l’APC, qui était utilisé par la l’ex-Police communale, avec la réalisation des aménagements nécessaires. C’est dire que nous n’avons pas chômé.

Sur le budget communal, nous avons prélevé 7 M/DA pour la concrétisation d’autres petites opérations sur le réseau routier, dans les établissements et dans notre unité de soins, en sus de l’acquisition d’un matériel de secours pour le service biométrie (2 millions de dinars). Pour le sectoriel, nous avons bénéficié de deux projets de bitumage sur plus de 9 kilomètres au profit des tronçons menant vers Aït Ergane et Azaghar. Ceci en plus de la réalisation d’un dalot sur ce même axe.

Quelles sont les structures manquantes dans votre commune ?

Les manques y sont nombreux. A vrai dire, nous n’avons rien au niveau du chef-lieu, hormis un siège d’APC de fortune, car c’est un édifice qui avait été conçu pour la l’ex-Police communale. Nous n’avons ni stade communal, ni salle de sport, ni maison des jeunes, encore moins une polyclinique ! Notre chef-lieu est un grand village qui n’a rien à voir avec une ville. Nous demandons aux responsables concernés, que ce soit de la santé ou de la jeunesse et des sports, de regarder dans la direction d’Agouni Gueghrane, car nos 10 000 habitants se sentent lésés et abandonnés.

Qu’en est-il du réseau routier ?

Il est défectueux dans sa globalité ! Les travaux de raccordement aux gaz, AEP et assainissement l’ont substantiellement endommagé. Il nous faut des montants conséquents pour le réfectionner. A notre niveau, nous effectuons de petites opérations dans le cadre des PCD et du BC, mais c’est comme une goutte dans l’océan. Il faut savoir que notre réseau est long de plus de 80 km. La DTP est interpellée pour inscrire quelques opérations de revêtement au profit de notre commune.

Et le gaz naturel et l’électricité ?

Pour le gaz naturel, c’est presque une satisfaction puisque cette énergie alimente la quasi-totalité des foyers de nos villages, y compris Aït Ergane. Certes, il y toujours quelques habitations omises réparties sur le territoire de la commune. Nous demandons, d’ailleurs, un programme complémentaire d’extension. S’agissant de l’électricité, huit opérations dans le cadre de l’extension du réseau ont été inscrites, mais elles ont été toutes gelées. Nous demandons justement leur dégel pour faire parvenir la lumière aux foyers qui n’en bénéficient pas encore.

Parlez-nous des secteurs de l’AEP, de l’assainissement et de l’environnement…

Je commencerai par le secteur de l’AEP. Nous avons encore deux grands villages, à savoir Aït El Kaïd et Iazounène, alimentés via des sources. En été, les sources tarissent et c’est la pénurie. Un projet de l’hydraulique a été lancé pour la réalisation d’un réseau, mais l’entreprise a suspendu les travaux. Nous demandons à la direction de l’hydraulique d’intervenir pour relancer le projet. Actuellement, c’est notre APC qui gère l’eau ; nous réfléchissons à la création d’une régie communale pour gérer cette denrée rare et précieuse.

Pour ce qui est de l’assainissement, bien que nous ayons réalisé plusieurs tronçons, le manque perdure. Au sujet de l’environnement, nous avons bénéficié d’un projet de CET, réalisé et achevé, mais non opérationnel depuis des années, car l’entreprise de gestion des CET a jugé qu’il n’est pas rentable. Il y a aussi des réserves à son sujet étant donné qu’il se trouve à côté d’une grotte et d’une école et est entouré d’habitations. Il se situe, de surcroît, à l’entrée du chef-lieu. Nous demandons à la direction de l’environnement de le transformer en centre de tri. Quant au ramassage des ordures ménagères, une partie est prise en charge par la commune et une autre a été confiée à une entreprise privée.

Qu’est-il fait pour promouvoir le tourisme dans la commune ?

Notre région peut générer de la richesse et des emplois grâce à la promotion de ce secteur, puisque nous comptons un village rustique et classé patrimoine national, en l’occurrence Aït El Kaïd. Seulement, ce patrimoine est en déperdition et nécessite des travaux de restauration qui tardent à être lancés. En attendant, les maisons s’écroulent l’une après l’autre. Si rien n’est fait, tout le village risque de disparaître.

Il est donc tout indiqué de le restaurer pour attirer le touriste local, national et international. D’ailleurs, dans ce village, nous avons relancé le projet de la bibliothèque communale à l’architecture du village. Sinon, il y a aussi la rivière tamda Oussarghi, pour laquelle nous avons engagé un bureau d’études spécialisé pour voir ce qu’il faut faire pour la rentabiliser. Le village Aït Ergane a aussi un fort potentiel touristique, étant situé entre deux flancs de la montagne, à 1 200 mètres d’altitude. On peut réaliser plein de structures de tourisme là-bas.

Un complexe sportif par exemple est tout indiqué à Aït Ergane pour permettre à l’élite sportive nationale de se préparer. Sur le terrain, une zone d’extension touristique a été inscrite mais elle en attente de réalisation. Si la direction du tourisme s’occupe de la concrétisation de toutes ces commodités, Agouni Gueghrane constituera sûrement un pôle touristique de choix. Nous avons tous les atouts pour devenir une destination touristique et faire sortir notre commune de son sous-développement, mais il nous faut l’accompagnement et des financements conséquents ; chose que nous ne pouvons pas réaliser avec les maigres cagnottes des PCD.

En outre, nous avons constitué un dossier pour récupérer les impôts de l’unité d’eau Lalla Khedidja, car il faut savoir que nous ne touchons même pas la taxe sur l’activité professionnelle (TAP) bien que l’unité se trouve dans notre commune. C’est vous dire que nous essayons d’avancer afin de relancer la roue du développement dans notre commune.

Entretien réalisé par H. T.

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