Pluies mortelles à Bouira

Partager

Les pluies diluviennes enregistrées en fin de semaine ont été à l’origine de la disparition d’un pompier, engagé avec ses camarades dans des opérations d’intervention sur la RN5. Ainsi, la nuit de mercredi à jeudi aura été cauchemardesque pour les habitants du quartier des 338 logements de la ville de Bouira, qui ont vu les habitations du rez-de-chaussée envahies par les eaux.

Les éléments de la Protection civile ainsi que les résidents ont du recourir aux motopompes pour évacuer les eaux. Dans certaines rues de ce quartier, les eaux pluviales, en l’absence de canaux d’évacuation opérationnels, sont montées rapidement en recouvrant des dizaines de véhicules à hauteur de leurs capots. Même topo au quartier Farachati, où des commerces entiers ont été envahis par les eaux boueuses ainsi que plusieurs habitations au niveau de Harkat et Amar Khodja.

Les inondations n’ont pas épargné le quartier d’Ouled Bellil où plusieurs dizaines d’habitations ont été submergées par les eaux de pluie. D’ailleurs la route menant vers la nouvelle gare routière était quasiment impraticable du fait que le tronçon avait pris les allures d’un oued en furie.

Des routes coupées, il y en a eu au cours de cette journée à l’instar de la RN33 à la sortie nord de Bouira, à proximité du siège de la Protection Civile, à cause des eaux stagnantes. Idem pour la RN18 au niveau du village Saïd Abid, ressemblait à un torrent ayant emporté sur son passage les baraques de commerces informels qui jonchent ce tronçon.

Au niveau de la cité Draâ El Bordj, au chef-lieu de wilaya, ainsi qu’à travers la ville de Bouira, ce sont les canalisations d’AEP qui ont été ‘’victimes’’ des eaux pluviales qui se sont mélangées à l’eau potable. Un liquide brunâtre coulait dans l’ensemble des robinets des foyers de la ville avant que l’ADE ne procède à l’interruption de l’AEP pour réparer les canalisations défectueuses.

Sur le plan circulation, la situation n’était guère reluisante à travers le réseau routier de la wilaya. Des automobilistes ont du prendre leur mal en patience en s’apercevant dès les premières heures de la matinée de la fermeture du tronçon autoroutier au niveau du tunnel de Djebahia dans le sens menant vers Alger. De même que les usagers ayant emprunté la RN05, qui ont du rebrousser chemin à Timizar à la sortie de Lakhdaria à cause de la crue d’oued Issers.

Un pompier emporté par les eaux

Une équipe de trois pompiers était à pied d’œuvre pour déboucher un avaloir refoulant les eaux pluviales au niveau du quartier des 250 logements, à proximité de la RN05 engloutie sous les eaux. Lorsque soudainement, ces pompiers ont malencontreusement glissé et été déstabilisés par la forte pression des eaux. Un d’entre eux, Achour Mohamed âgé de 26 ans, n’a malheureusement pas pu être secouru immédiatement et a disparu dans l’avaloir béant. Aussitôt, d’autres éléments de la Protection civile sont venus en renfort pour sauver leur collègue.

Mais devant la complexité du réseau d’assainissement et des eaux s’engouffrant dans l’avaloir, ils n’ont pas pu intervenir. Des dizaines de citoyens sont également venu prêter main forte mais en vain. Des engins de terrassement ont été déployés pour mettre à nu la zone d’extraction et permettre ainsi l’accès aux éléments de la Protection civile pour l’opération de recherche.

Pendant ce temps, d’autres pompiers, des militaires ainsi que des bénévoles se sont ensuite déployés en aval d’Oued D’hous, afin de repêcher le corps. A noter que les autorités communales et de wilaya accompagnant le ministre des Moudjahidine, venu à Bouira pour le colloque sur le rôle de la région durant la guerre de Libération nationale, se sont rendu sur les lieux du drame.

En début de soirée, c’est le Directeur général de la Protection civile, le Colonel Boualem Boughlef qui s’est déplacé au quartier des 250 logements pour s’enquérir de l’avancée de l’opération de recherche du jeune Achour Mohamed. A rappeler que la victime âgée de 26 ans est originaire de la bourgade de Cheraga, commune de Bouira.

Les recherches se sont poursuivi une bonne partie de la nuit et hier encore, dès les premières heures de la matinée, les secouristes étaient toujours en train de déblayer l’itinéraire de ce canal d’évacuation pour retrouver le corps.

Hafidh Bessaoudi

Partager