La laiterie d’Amizour plongée dans la crise

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Au niveau local déjà une unité privée a cessé toute fabrication depuis samedi tandis que les 4 autres restantes subissent les affres des cours de la poudre blanche qui se sont hissés, à des prix jamais atteints cette semaine au niveau du marché.

Mais la surprise vient du côté de la laiterie d’Amizour qui a plus la cote et son environnement n’est pas porteur de par les turbulences qui traversent cette unité, la seule du secteur public parmi les 4 autres dépendant du privé. Créée en 1995, la laiterie d’Amizour qui fait travailler quelque 50 employés était considérée à ses débuts comme un géant dans la vallée de la Soummam elle accuse des pertes ces 7 dernières années. Une crise qui s’accentue par cette dernière surprise de la hausse du prix de la poudre de lait, atteignant les 100 % et qui vient grever une trésorerie très anémique Le directeur de cette unité M. Bounif, avance que cette matière première importée a atteint en une semaine 2700 DA la tonne sur le marché mondial alors qu’elle a été cédée il y a quelques jours à 1850 DA.

Dans ce contexte difficile de redresser la barre la direction, cette laiterie attend “le geste qui sauve” de la part du groupe Giplait afin d’éviter la chute qui s’annonce déjà à grande vitesse.

Pour des prévisions de 15 mille litres jour, selon la demande, la laiterie d’Amizour possède des capacités de production qui peuvent atteindre les 120 mille litres jour mais cela reste un chiffre théorique, vu l’absence de moyens d’accompagnement par le groupe. “Avec un prix administré à 23,25 DA le litre, l’unité travaille actuellement à perte de 10 à 12 DA de déficit” reconnait le directeur qui ajoute que même si son usine a préservé une bonne partie des clients de plusieurs wilayas limitrophes, les déconvenues sont de mise, puisque beaucoup de ces distributeurs ont préféré s’approvisionner auprès des autres unités de fabrication de lait, une concurrence que ce responsable qualifie de “déloyale” sans pour autant vouloir expliquer par quel moyen, on arrive à “”draguer” ces clients. Cette unité du secteur public, contrainte de respecter le barème de calcul des salaire, contrairement au privé, de sorte qu’elle débourse beaucoup plus d’argent qu’elle ne peut récupérer par une production affaiblie et réduite.

La vraie descente aux enfers de cette laiterie a déjà commencé en 99, suite déjà à une flagrante augmentation des prix de la poudre. Ce qui a généré des dettes pour cette unité d’une valeur de sept (7) milliards de centimes. Aussi, le potentiel de l’unité d’Amizour s’essouffle et ce, en dépit de l’amélioration de la qualité du produit par l’utilisation d’une eau distribuée par l’EDEMEA et la mise en place d’un encadrement jeune et qualifié, surtout en matière de contrôle bactériologique.

Aujourd’hui la menace est grande et l’unité se trouve au creux de la vague. Un crash financier insupportable, une baisse de la rentabilité et une crise sociale subie par les employés sans salaire depuis 3 mois et qui de surcroît sont dans le collimateur de la réduction d’effectif envisagé par le groupe.

Les 46 travailleurs de cette entreprise se trouvent aujourd’hui entre le marteau et l’enclume. Demander leur salaire et ce, au détriment du fonctionnement de leur unité ou se sacrifier pour épargner une grande détresse financière à leur unité déjà au bord de l’asphyxie seul moyen de préserver leur outil de travail. Un véritable cercle vicieux qui demande que toutes les parties, travailleurs et responsables se mettent à table pour trouver les solutions équitables et efficaces à cette crise qui ne cesse de s’aggraver.

Nadir Touati

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