Quel deal entre le poursuivant et le poursuivi ?

Partager

Par S Ait Hamouda

Rien ne sert de brûler les étapes, de confondre vitesse et précipitation, d’avoir les résultats séance tenante. L’Algérien, c’est connu, veut tout, tout de suite. Mais pour ses besoins, il faut qu’il s’arme de patience, qu’il soit entre chameau et gazelle, prendre son temps, à grandes enjambées mais patiemment, lorsque la nécessité l’exige, et courir, à grands bonds, quand il faut être rapide. Il s’avère que quoiqu’il fasse, l’Algérien est toujours en lutte avec le chronomètre. Il compte et recompte les instants qui passent, le laissant coi dans son coin.

L’heure n’est pas à se presser, pour atteindre le point d’arrivée, mais à paresser un tant soit peu, pour tromper ceux qui nous souhaitent la débâcle, à fortiori, lorsqu’elle n’existe que dans leur imagination perverse. On ira là où ils veulent, ces ennemis de la vie, du beau, du magnifique, de l’harmonie, ne leur en déplaise, sous le signe du céleste. Qu’ils souffrent de la béatitude dans leurs gites impromptus, où ils maugréaient en charabia arabo-berbéro-franco-maltais, ou en un mot de ce «Pataouète» que personne ne pige, par les temps qui courent.

Ils vont errer à travers monts et vaux, sans chercher à saisir la moindre nuance. Il faut qu’on bourlingue, partout et nulle part, dans l’espoir de trouver les éléments qui composent l’étoile du berger. Que chaque mot contienne son sens plus loin que l’azur, plus loin que l’horizon au ras des cils, que les lèvres qui susurrent ce qu’il faut dire et ce qu’il ne faut pas esquisser. Ces pseudo-langues, qui se tiennent par la main pour ne pas se perdre, mais qui se font au contact des bifurcations soudaines.

Il va de soi qu’à l’ombre d’un jujubier rabougri, on trouve souvent des lames qui vous écorchent la peau, pour marquer le souvenir de votre passage au lieu dit. Nonobstant, l’ombre, les épines, le jujube et le firmament qui vous plombe au sol, il existe, quand même, une voie de sortie pour la misère. A l’heure des courses poursuites, il y a naturellement un deal entre le poursuivant et le poursuivi, qui mène à l’entente.

S. A. H.

Partager