“Le ramassage des ordures est notre plus grand problème”

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Elu trois fois de suite à la tête de la municipalité d’Akerrou, Mohamed Maouel, ne cache pas sa peine à faire aboutir des projets vitaux pour sa commune. Une commune faite de bric et de broc et de beaucoup de volonté dont les résultats ne sont pas pour rassurer une population de près de 5 000 habitants, ayant vécu le terrorisme et l’exode qu’il a généré.

La Dépêche de Kabylie : Vous êtes à la tête de la commune pour la troisième fois de suite, des mandatures émaillées d’inconvénients, surtout après l’incendie du siège de la mairie qui n’est toujours pas refait. Quelles sont les évolutions que vous avez vécues ?

Mohamed Maouel : Quand je suis arrivé au poste de maire, la commune n’existait pas car le siège et les documents ont été totalement détruits. C’était la troisième fois que cela arrivait à notre commune, la première fois en 1994, puis en 1996, lorsque des hordes terroristes ont attaqué le chef-lieu communal, puis encore en 2002, lorsque des individus se proclamant du Mouvement citoyen des archs, ont pris pour cible le siège de la mairie et l’ont incendié pour manifester leur rejet des élections municipales. Autant dire, que la commune d’Akerrou a vécu des moments invraisemblables qui ont sérieusement pénalisé les administrés. A mon arrivée, il fallait donc tout reconstituer. Je me rappelle que le premier document que j’ai signé je l’ai fait sur le capot d’une voiture, à ma sortie de la daïra d’Azeffoun, pour vous dire à quel point nous avons souffert de l’inexistence de siège, même pas un petit bureau pour travailler. Vers la fin 2002, il aura fallu se démener pour récréer tous les services de la municipalité. Ça n’a pas été chose aisée. Rien que pour refaire l’état civil, nous étions obligés de faire un travail d’hercule. Tout le fichier a disparu, et pour le reconstituer, nous avons dû payer des agents engagés auprès de la Cour de justice de Tizi-Ouzou pour les transcriptions. Un travail qui nous a pris du temps et de l’argent.

En dépit du temps passé vous ne disposez toujours pas de siège ?

Si ! Actuellement, nous avons un nouveau siège, digne de ce nom, il est en voie d’achèvement. Le taux d’avancement des travaux devrait se situer entre 95 et 97%. Mais comme vous le dites, l’absence de siège de mairie aura trop duré et ça n’a pas été du tout facile pour la population locale. Nous avons élu domicile dans des locaux insalubres qui faisaient office d’entrepôts du parc de la mairie. Il aura fallu aussi les aménager, quant au service de l’état civil, nous l’assurons dans des roulottes, comme vous le constatez vous-mêmes. Je dois attirer l’attention sur un point crucial, si nous avons réussi à progresser tant soi peu, c’est grâce à la prise de conscience de la population locale. Après avoir manifesté son courroux, elle a fini par comprendre la situation et nous faire confiance. Dois-je évoquer mon premier mandat ? Je l’ai consommé rien que dans la reconstitution de l’institution municipale ? J’avais un sentiment d’impuissance face aux énormes difficultés que j’ai rencontrées, notamment au niveau de l’administration locale.

Mais il n’y a eu pas que le défi de reconstruire une mairie auquel vous et votre population aviez été confrontés, il y a également les projets de développement qui devraient désenclaver la localité. Où en êtes-vous avec tout ceci ?

Je tiens d’abord à préciser que le programme de raccordement de la commune au gaz naturel est débloqué. Mais le plus grand problème réside dans le ramassage des ordures ménagères et l’aménagement urbain que l’on ne veut pas débloquer. Si, comme vous l’avez relevé les routes et ruelles dans le chef-lieu et dans certains villages sont dans un état piteux, c’est à cause du blocage du projet de l’aménagement urbain. L’étude qui lui a été consacrée a chiffré le coût des travaux à 24 milliards de centimes, sa réalisation aurait dû être entamée en 2006, mais la direction de l’urbanisme refuse de commencer les travaux prétextant l’imminence des travaux de raccordement en gaz et en eau potable. La population ne cesse d’exercer sa pression, d’autant plus que certains endroits nécessitent qu’on effectue des travaux en urgence. Le DUC qui était également mis sous pression par les comités de villages, a eu l’ingénieuse idée de me réclamer un engagement que je devais signer au sujet de ce qui en découlerait. Je l’ai fait séance tenante, ici même, dans mon bureau, hélas, rien n’y fit. Les citoyens d’Akerrou doivent savoir que cette étude d’aménagement urbain a tout bloqué et je ne peux engager aucun travail de l’ordre des PCD, car serait du double financement, puisque l’on va faire pour ensuite défaire et refaire ! Non seulement c’est illégal, c’est irrationnel.

Les citoyens, à leur tête le comité du village de Tifrit Nath-El-Hadj, déplorent l’insalubrité du chef-lieu de la commune et des villages, qu’avez-vous à leur répondre ?

Le ramassage et la gestion des ordures ménagères sont le plus grand problème auquel l’équipe municipale est confrontée. Le point noir de notre gestion réside dans la prolifération des décharges sauvages que nous ne pouvons éradiquer faute de moyens. Le parc communal est entièrement dédié au ramassage scolaire, nous disposons d’ailleurs de six minibus et de deux camions aménagés pour cela, mais aucun véhicule pour le ramassage des ordures. Mais je crois que le problème devrait trouver une solution définitive d’ici quelques mois, grâce à l’implication directe du wali qui a accepté de financer l’achat de trois bennes-tasseuses tractables, à déplacer par tracteurs agricoles ! Nous avons opté pour ce genre de matériel, vu la spécificité et la topographie de la commune. Et comme nous ne souffrons pas de problème d’assiette, je crois que nous pourrons régler le problème de la localisation de la décharge contrôlée, très rapidement dès que le matériel sera arrivé.

Entretien réalisé par

M. A. Temmar

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