Rush sur le bois de chauffage

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Le froid glacial qui sévit ces derniers jours a créé beaucoup de désagréments aux habitants de la commune rurale d’Aït Yahia Moussa.

En effet, comme aucun foyer n’est raccordé au réseau de gaz naturel, les villageois sont contraints à se débrouiller comme ils le peuvent. Si certains ont les moyens de se chauffer au gaz butane ou à l’électricité, la plupart ne recourent qu’au bois de chauffage.

D’ailleurs, pour ceux qui n’ont pas les moyens d’aller le chercher dans les buissons et les maquis limitrophes à leurs villages, ils doivent l’acheter chez certains qui en font leur job en ces temps de vaches maigres. «Vous savez, se chauffer au gaz butane revient trop cher, alors j’ai opté pour la solution la moins coûteuse.

En été, je consacre beaucoup de temps à la coupe du bois mort, j’en vends aussi à ceux qui ne peuvent pas l’avoir avec leurs moyens. J’ai même investi en achetant une tronçonneuse. Ainsi, je joins l’utile à l’agréable», dira un habitant d’Ath Moh Kaci où une dense forêt se trouve à proximité de son habitation. Notre interlocuteur avoue qu’il écoule une benne de tracteur à six mille dinars algériens. «Écoutez, notre village a bénéficié d’un réseau de gaz naturel.

L’entreprise a même procédé aux essais, mais on doit encore attendre parce que la conduite principale suspendue durant plus de deux ans et demi ne vient que de reprendre. On entend ici et là que certains villages seront alimentés en attendant l’achèvement de cette conduite à partir des villages limitrophes des autres communes déjà alimentées, mais ce sont que des promesses.

Il ne faut pas se leurrer. En attendant, vivement le bois sec», souligne la même personne. Au niveau du chef-lieu, les citoyens se plaignent d’un froid sibérien. Depuis plus de quinze jours, la température baisse souvent en dessous de 0° car le chef-lieu se trouve tout près d’une rivière. «Vraiment, nous souffrons du froid à cause du verglas.

Même lorsqu’il fait beau, les rayons de soleil ne nous touchent pas. Utiliser un chauffage électrique ou à gaz butane, c’est impossible. Une bonbonne de gaz est à deux cents cinquante dinars, voire plus. Puis elle n’est pas disponible. Alors, je me mets à couper du bois le long de la RN25. On ne peut rester une heure sans chauffage. À quand le gaz naturel ? Nous sommes les oubliés de la wilaya.

Je crois que nous sommes les seuls habitants d’un chef-lieu de wilaya où cette commodité fait défaut, alors que le gaz naturel est arrivé dans les zones montagneuses les plus reculées», regrette un résident de la cité Rabets. Dans les villages, c’est le même constat. «On a entendu que certains villages seraient concernés par une mise en service partielle et provisoire. En tout cas, pas nous parce que nous sommes situés au bout de la chaîne.

Donc, nous devrons encore attendre une année ou deux si tout va bien. Il faudra achever la conduite dite de transport et aussi tous les postes de détente. Ce n’est pas pour demain. Le bois de chauffage a encore de beaux jours devant lui ici», déclare un habitant de Tifaou. À chaque fois qu’un BMS annonçant la neige, les habitants des villages situés à plus de sept-cent mètres d’altitude tels Chérifi, Ath Atella et Tafoughalt, se tourmentent et se préparent comment affronter le froid. «Vous savez, s’il n’y a pas eu un certain laxisme depuis la résiliation du projet avec l’entreprise CBN, le projet serait déjà livré.

Mais, il a fallu attendre près de trois ans pour le reconfier à d’autres entreprises. Nous souhaitons que cette fois-ci ce sera la bonne. Pour le moment, on se contente du bois sec que nous cherchons dans nos champs», dit cet habitant du village Tafoughalt.

D’ailleurs, tout le monde est content parce que les épisodes neigeux annoncés n’ont pas eu finalement lieu. «La dernière fois qu’il a neigé, nous avions vraiment peur du remake de février 2012 quand nous avions souffert notamment avec les coupures électriques», ajoute cet interlocuteur. Devant ce manque primordial, les habitants de cette commune dont la population s’élève à plus de 25 000 mille âmes espèrent que l’hiver prochain, l’énergie bleue arrivera dans leurs foyers pour oublier les soucis des bonbonnes de gaz et fermer définitivement les hangars réservés au bois sec.

Amar Ouramdane

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