Un chahid sans sépulture

Partager

Si les chouhada tombés au champ d’honneur dans leur région natale sont souvent évoqués à plusieurs occasions, en cours d’année, beaucoup de ceux qui ont été tués en dehors de la wilaya de Tizi Ouzou, sont inconnus des générations post indépendance.

Le chahid Babaci Mohand Améziane que le destin a mené à combattre à la frontière tunisienne, fait partie des nombreux martyrs de la révolution qui ne possèdent pas de tombe que les proches pourraient fleurir, à l’occasion des fêtes nationales et religieuses. Né d’une famille de paysans, le 18 février 1932, le chahid a vécu dans son village natal de Oumadhen dans la région de Béni Zmenzer jusqu’à l’âge de 24 ans.

Après avoir accompli le service militaire français, il rejoint les rangs de l’ALN et fut nommé chef de groupe, dès son incorporation grâce à ses connaissances en armement et en tactique militaire. Il fut chargé d’assurer la sécurité des moudjahidine qui transitaient par la région de Béni Douala.

En 1956, après l’assassinat de son grand frère, «moussabel», dans la forêt de Beni Douala, il fut envoyé, comme volontaire, en Tunisie pour convoyer des armes et subir une formation militaire à Ghardimao. Selon Abdeslam Zougari, un de ses frères de combat, le jeune Babaci, assurait le ravitaillement entre le camp de Zitoun (en Tunisie) et Souk Ahras où il participait à des opérations sporadiques dans le maquis, en tant qu’adjudant chef de section.

Encore en vie, le moudjahid Hama Chouchen du troisième bataillon basé à Souk Ahras et adjoint au chef de la troisième région, à l’époque, témoigne que Mohand Améziane, du nom de guerre Sidi Hani, était très dynamique. Ce qui lui valut d’être surnommé «Amlemeth» (l’insaisissable, en chaoui).

Toujours selon des témoignages d’anciens moudjahidine, il fut par la suite, muté à la huitième compagnie du troisième bataillon chargé des opérations contre les postes avancés français, tels celui de Mechri et Aïn Zana. C’est là que le destin l’appela pour disparaître au mois d’octobre 1958 alors qu’il convoyait des armes.

Une embuscade de l’armée française les surprit, ses compagnons et lui, au milieu d’un oued en crue qu’ils allaient traverser, chargés d’armes et de munitions. Probablement emportés par la rivière, personne ne les revit, lui et quelques uns de ses camarades.

A. O. T.

Partager