Des militants politiques issus de différentes formations ont proposé, lors d’une table ronde à Tizi-Ouzou, un manifeste pour une sortie de la crise politique actuelle et l’avènement d’une «nouvelle République». Au cours de cette rencontre organisée jeudi soir à l’Université Mouloud Mammeri, les promoteurs de la proposition, intitulée « Manifeste pour une Algérie nouvelle », ont indiqué que cette contribution se veut un moyen permettant de «refonder l’Etat» pour «l’avènement d’une nouvelle République».
«La démocratie repose essentiellement sur deux piliers, à savoir la liberté et l’égalité et ne peut se réduire au seul suffrage universel», a soutenu Tarik Mira, ancien responsable du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et l’un des rédacteurs d’un document ponctuant cette rencontre. C’est pourquoi, il est primordiale, a-t-il poursuivi, de promouvoir «une démocratie substantielle» qui consacre toutes les libertés, collectives et individuelles, et non pas juste «une démocratie arithmétique et de procédures». Pour sa part, Hamid Ouazar, ancien responsable et député du Front des forces socialistes (FFS), a relevé «une profusion de propositions pour une sortie de crise» depuis le 22 février dernier, mais, qui portent toutes, a-t-il déploré, sur «les mécanismes et les personnes devant gérer cette transition».
Or, fait-il remarquer, «la consécration de la démocratie est liée à la nature de l’Etat que nous voulons construire». «Nous devons d’abord savoir ce que voulons et ensuite définir quels sont les instances et les mécanismes à mettre en place et choisir ceux qui vont les gérer», a-t-il expliqué. Les rédacteurs de ce manifeste relèvent dans son préambule que la construction de «l’Etat démocratique et social» dans «le respect des libertés fondamentales» énoncée par la plate-forme de la Soummam et la Déclaration du 1er novembre 1954 n’a pas abouti. Ils soulignent, à cet effet, «la nécessité de refonder l’Etat pour l’avènement d’une nouvelle République en combinant valeurs, principes et fondements de la démocratie avec notre référentiel mémoriel dont la lutte de libération nationale reste un exemple et l’élément constitutif de l’édification de l’Etat national souverain».
Déclarant, par ailleurs, «agir en faveur d’un mouvement d’opinion pour la concrétisation, par des moyens pacifiques, des objectifs de ce manifeste», ces militants, qui ont lancé une campagne de collecte d’un million de signatures, ont appelé à consacrer les éléments de ce manifeste au cœur des «assises des institutions de la transition et de la Constituante».
Soirée artistique et débat politique à Yakouren
Une grandiose soirée politico-artistique a été, par ailleurs, également organisée, avant-hier soir, au stade communal de Yakouren, où une forte adhésion populaire a été enregistrée. L’avocat et militant des droits de l’homme Me Mustapha Bouchachi et les deux chanteurs engagés Ali Idheflaouène et Brahim Tayeb étaient les invités de la Coalition de la société civile de la wilaya de Tizi-Ouzou, initiatrice de l’événement, et ce dans le cadre du Forum des libertés qu’elle a organisé, en collaboration avec l’APC de Yakouren. La foule nombreuse présente sur place a été bercée par les airs des deux célèbres chansons «Djthagh avrid» et «Berrouaghia», chantées par Ali Idheflaouène.
Ces deux chansons ont été entonnées par la foule d’une même voix. Il en fut de même pour «Intas», le succès du chanteur Brahim Tayeb. Le spectacle s’est poursuivi avec les interventions des membres de la Coalition de la société civile de Tizi-Ouzou. Une organisation née au cœur du mouvement populaire et composée de plusieurs collectifs syndicalistes. Les initiateurs se sont ainsi exprimés sur la question qui focalise les débats actuellement dans le pays et mis en avant la vocation de l’organisation qui est «d’accompagner activement le mouvement populaire et partager les revendications portées». Une lettre adressée au Général de corps d’armée a été lue sur place.
Dans ce sillage, Me Aïssa Rahmoune, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH), a plaidé avec l’appui de la foule pour le renvoi de la présidentielle du 4 juillet. Pour sa part, Me Mustapha Bouchachi a réitéré sa «position de principe de refus de dialoguer avec les symboles du système». Pour lui, «la crise qui prévaut au pays nécessite une solution politique, en dehors de la Constitution». «Une instance présidentielle, un gouvernement d’union nationale, une instance indépendante des élections» sont, selon lui, les mécanismes d’une transition démocratique qui conviendrait le plus à la conjoncture.
Agence et K. H.

