Une pratique à risque ?

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Les services des urgences de l’Établissement public hospitalier (EPH) Krim Belkacem de Draâ El Mizan ne désemplissent pas, ces dernières semaines. Et pour cause : le nombre de blessés dus aux chutes du haut des oliviers augmente de jour en jour. «Ce n’est pas seulement le cas de notre hôpital. Il en est de même pour pratiquement toutes les structures de santé de la wilaya, qui reçoivent des cas similaires quotidiennement, en cette période de cueillette d’olives. Il s’agit de fractures au niveau des membres inférieurs et supérieurs.

Mais les cas les plus graves sont évacués au service de traumatologie du CHU de Tizi Ouzou», a confié une source proche de cette infrastructure sanitaire. Et de poursuivre : «Chaque année, on reçoit des personnes ayant contracté des blessures dues essentiellement à cette activité ô combien dangereuse. Nous recensons même des enfants et des femmes. Il ne faut pas oublier non plus que nos oliveraies sont situées dans des zones montagneuses, où le relief est escarpé, mais aussi que beaucoup ne maîtrisent pas les techniques de gaulage.»

Vu la cherté de l’huile d’olive, tout le monde se met à l’ouvrage, d’autant plus que ces derniers jours, le climat est clément, a-ton fait remarquer. Ainsi, tous les oléiculteurs essaient d’achever la cueillette le plus vite possible de peur d’être rattrapés par le mauvais temps. «Je profite des vacances scolaires, car mes enfants sont tous à la maison pour nous donner un coup de main. Mais je fais très attention parce que grimper sur un arbre exige beaucoup d’agilité et de dextérité. Je me demande comment certains osent confier cette mission à des femmes. D’ailleurs, souvent, les cas de blessés concernent le sexe féminin et les enfants.

Dans notre village, presque chaque année, où le fruit est abondant, nous avons au moins un décès. J’espère que les villageois feront attention afin qu’il n’y ait pas de mort», a indiqué un oléiculteur de Tafoughalt, un grand village de la commune d’Aït Yahia Moussa. Pour parer à ce genre d’accidents parfois mortels, les connaisseurs estiment que la meilleure solution est l’élagage des branches d’oliviers présentant des risques. «On doit savoir comment couper les branches qui pourraient nous causer des désagréments. Il ne suffit pas de monter sur un arbre et gauler, il faut aussi maîtriser les techniques de cueillette», a recommandé un octogénaire de Frikat qui affirme avoir commencé à gauler les olives dès l’âge de dix ans.

Par ailleurs, il est à noter que depuis le lancement de la campagne oléicole, pas moins d’une trentaine de blessés a été accueillie par les services des urgences de l’EPH. Dernièrement, à Agouni Gueghrane (Ouadhias), un sexagénaire a perdu la vie, en tombant du haut d’un olivier. La vigilance et la prudence sont donc recommandées. D’autre part, certains justifient ce mauvais sort qui frappe certains oléiculteurs par le fait que dans beaucoup de villages «Tahamemth» ou «Timechret» (immolation de bêtes avant le lancement de la saison) ait été abandonnée, bien que des Comités de village aient ressuscité cette tradition ancestrale.

Amar Ouramdane

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