Zerd de trois jours à Sidi Youcef

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À Darguina, particulièrement, la tradition de Zerd ou Timechert n’est pas beaucoup célébrée, ces dernières années, vu l’exode des habitants des villages vers le chef-lieu et autres destinations. Mais au chef-lieu, les citoyens continuent de la perpétuer. A cet effet, chaque année, avant le lancement de la traditionnelle cueillette des olives, les habitants de toute la contrée se retrouvent au niveau du temple érigé en la mémoire du saint Sidi Youcef pour organiser le traditionnel Zerd (un rite appelé ailleurs Zerda ou Timechert). Une tradition qui a survécu à tous les bouleversements que la Kabylie a connus à travers les âges.

Une coutume qui consiste à égorger pendant les mois qui précédent la saison des labours ou de la cueillette des olives un ou plusieurs bœufs, en guise de sacrifie, pour en distribuer équitablement leur viande à toutes les familles des villages. Et au début de la semaine écoulée, ce rite a été organisé par des citoyens de Darguina avec la participation de ceux de Taskriout, Souk El Tenine et Melbou. Même quelques Français, surtout ceux natifs de la localité, ont marqué de leur présence ce rassemblement. Cette fois-ci, six bœufs ont été sacrifiés, en plus d’une quarantaine de caprins qui représentent des dons ou Louaâdi dans le jargon local.

A signaler que quatre des six bœufs sacrifiés ont été offerts par quelques citoyens. Ainsi, mille parts de viande ont été dégagées. «Nous avons décidé d’arrêter le nombre de parts à mille pour faciliter leur distribution. Nous avons retardé l’opération pour la faire coïncider avec la fête du Mawlid Ennabaoui», a déclaré l’un des organisateurs. En plus des parts dégagées pour la vente, cinquante autres parts sont destinées aux nécessiteux. Aussi, chaque femme ayant nouvellement accouché dans la région a reçu une part des boyaux. «Chaque quartier de viande pèse en moyenne 3 kg pour un prix symbolique de 600 DA.

Quatre cents kilos ont servi à la préparation du plat traditionnel consommé sur place par les présents dans une ambiance conviviale», a ajouté notre interlocuteur. Sans conteste, les jeunes ont pris la relève pour mener à bien cette opération. Il convient de rappeler qu’avant l’entame des corvées et la distribution des quotas de viande, une opération de nettoyage des lieux a été organisée. Par ailleurs, notons que le temple, qui servait jadis de mosquée, situé à quelques centaines de mètres de la RN9, est très bien entretenu. On y trouve une chambre aménagée qui abrite une source dont l’eau possède des vertus médicinales, a-t-on affirmé.

Une chambre froide pour stocker la viande a été aménagée par des volontaires, en plus d’un petit réfectoire pour le partage du traditionnel repas. L’APC, elle, a promis de bétonner le sentier qui mène à cet endroit, en plus de la création de sanitaires. Pendant les trois jours du rite, une ambiance des meilleurs jours a régné. Une occasion pour des amis d’enfance de se retrouver et surtout aux nombreuses femmes au foyer de sortir et se rencontrer.

Elles étaient venues invoquer le saint pour intercéder en leur faveur dans le but de réaliser des vœux divers contre quelques offrandes. Concernant le but de ce rite, notre interlocuteur a avoué que c’est pour attirer la protection du saint Sidi Youcef. «Nous tenons à organiser ce rite avant chaque saison de cueillette des olives. Une occasion pour invoquer Dieu et le saint afin de nous éviter les accidents et autres mésaventures durant la cueillette et aussi pour fructifier la récolte.»

Sami D.

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