«J’aime bien les tragédies humaines»

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Djamel Abdelli travaille comme metteur en scène au Théâtre Régional Abdelmalek Bouguermouh de Béjaïa. Il fait ça par amour du 4ème art. D’ailleurs, il est diplômé de l’Institut National des Arts Dramatiques (Ex-INADC) de Bordj El-Kiffan, une école d’où sont sortis beaucoup d’artistes de renom.

Il est tellement tenace qu’il nous promet pour cette année 2014 deux produits. L’un a déjà été présenté au TRB en Janvier alors que le 2ème est en voie de réalisation. Djamel a eu l’amabilité de se confier à La Dépêche de Kabylie.

La Dépêche de Kabylie : Vous êtes connu pour faire du bon travail au Théâtre Régional Abdelmalek Bouguermouh de Béjaïa. Que nous prépare encore Djamel Abdelli en tant que metteur en scène ?

Djamel Abdelli : Le travail que nous avons déjà entamé c’est tout simplement «Le cadavre encerclé» de Kateb Yacine.

En Tamazight ou en arabe que Kateb Yacine lui-même qualifiait de populaire ?

Pas en Tamazight mais en Arabe dialectal. D’ailleurs, nous sommes en plein travail, je veux dire par là que nous avons déjà débuté les répétitions du cadavre encerclé de Kateb Yacine.

Est-ce que «Le cadavre encerclé» de Kateb Yacine n’a jamais été monté ?

«Le cadavre encerclé» de Kateb Yacine n’a jamais été monté ici à Béjaïa. Il a bel et bien été monté ailleurs, que ce soit en Algérie ou à l’étranger mais, ici au TRB, c’est bien la première fois que l’on va monter « Le cadavre encerclé » de Kateb Yacine.

Il faut quand même reconnaître que c’est un travail colossal qui vous attend, car il s’agit de Kateb Yacine.

Oui, bien sûr. Je dirais même plus, c’est plus que colossal. C’est carrément énorme comme on dit.

Justement. Nous pensons au public parce que, déjà pour comprendre un livre de Kateb Yacine, c’est toute une histoire.

C’est vrai. Pour comprendre un livre de Kateb Yacine, il faut le lire une bonne dizaine de fois, et avec ça, vous n’allez effectivement en comprendre que 20%, et ce sera quand même quelque chose, mais bon… Je suis d’accord avec vous. Pour cela, je vous dis que nous avons pris, entre guillemets, le «risque» de monter «Le cadavre encerclé» de Kateb Yacine. Nous allons le monter et Inchallah, ce sera dans deux mois.

Venons maintenant à vous. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

En fait, c’est un choix personnel. Je suis quelqu’un qui aime bien les tragédies humaines. Je suis quelqu’un qui est très influencé par les tragédies de Shakespeare. Donc, je pense que «Le cadavre encerclé» de Kateb Yacine résume un peu les tragédies de Shakespeare puisqu’il s’agit de l’Homme face à son destin et à la mort, et où justement, le héros meurt toujours à la fin de la pièce. En conclusion, j’aime beaucoup traiter le drame humain.

Et où en êtes-vous actuellement avec ce travail ?

Nous avons terminé l’analyse du texte et nous avons même commencé les répétitions sur scène. J’espère que nous serons prêts pour présenter la générale d’ici deux mois.

Parlez nous maintenant de votre dernière réalisation que vous avez présentée, en première, en janvier.

Il s’agit d’une ballade écrite par Abdelkader Alloula et qui est intitulée «Ledjouad». J’en ai pris un tableau parmi les quatre. C’est l’histoire d’un ouvrier qui travaille dans un Hôpital et qui est contre ce qui passe dans son Hôpital, et là je vais citer en exemple le gaspillage, et donc pour continuer, il se met à courir et à parler avec lui-même : cela le soulage. C’est une sorte de thérapie. Pour résumer le tout, nous avons voulu montrer une vie dans un Hôpital.

Comment le public a-t-il accueilli ce produit lors de la générale que vous avez présentée au TRB en janvier 2014 ?

La pièce a été bien accueillie par le public et la presse. La générale a été présentée au TRB le 11 janvier 2014, à l’occasion de Yennayer 2964, équivalant au 12 janvier 2014. C’est vrai que, pour moi, cela a été une très belle expérience de « toucher » un peu au genre d’Alloula, plus précisément La Halqa. Je n’ai jamais eu l’occasion de monter une Halqa qui est un des genres d’Abdelkader Alloula. Donc, cette pièce est nouvelle dans le sens où elle est différente de ce que j’ai l’habitude de monter. En tout cas, ce produit a été bien accueilli.

Avez-vous présenté d’autres spectacles après la générale ?

Oui, bien sûr. Au TRB même et dans quelques communes de la wilaya de Béjaïa. Nous reprendrons maintenant que les élections du 17 avril ont eu lieu, nous irons d’abord dans d’autres communes comme Akbou, Amizour et Tazmalt pour sortir ensuite de la wilaya de Béjaïa et continuer à Tizi-Ouzou, Alger et même Oran.

Donc, si l’on doit vous comprendre, vous allez finir par présenter au moins deux produits pour l’année 2014.

Oui. Avec «Le cadavre encerclé», cela nous fera deux produits Inchallah.

Venons maintenant à vous personnellement. Nous connaissons Djamel Abdelli comme quelqu’un qui aime beaucoup ce qu’il fait. Alors, quel est le travail que vous aimez le plus de tout ce que vous avez réalisé ?

C’est vrai que j’ai travaillé sur une quinzaine de pièces théâtrales approximativement, que ce soit ici au TRB, dans le milieu universitaire et même avec le mouvement associatif mais, mais je peux vous dire, en toute franchise, que le travail qui me plaît le plus, c’est bien celui que je réalise en ce moment, c’est-à-dire «Le cadavre encerclé», car il s’agit d’un travail simple et difficile en même temps. C’est tellement passionnant  au point que je me concentre uniquement sur ce travail.

On pensait que vous alliez nous dire Uzzu n Tayri.

Oui, effectivement. C’est vrai que ce travail a été réalisé avec Hadjira Oubachir, avec de la danse et de la musique. Je reconnais que c’était un spectacle très réussi. Mais, j’attache énormément d’importance au «cadavre encerclé» de Kateb Yacine et je veux absolument le réussir.

Nous vous souhaitons donc une bonne continuité. Et pour terminer, quel est votre mot de la fin pour conclure ?

Je remercie La Dépêche de Kabylie qui s’intéresse beaucoup à la culture et au Théâtre Régional de Béjaïa. Enfin, cela m’encourage à produire, je ferai le maximum en l’occurrence. Des pièces de théâtre, j’espère en mettre beaucoup sur scène.

Entretien réalisé par Kamel At Sliman

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