L’Aguelid ressuscité dans son royaume

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Le premier roi et sa reine de la Numidie unifiée, en l’occurrence Massinissa et Sophonisbe, ont fait l’objet de plusieurs adaptations dramaturgiques et musicales depuis l’antiquité. Et ils l’ont amplement mérité par leur patriotisme, par leur intransigeance envers les envahisseurs romains.

N’est ce pas Massinissa qui proclama le premier «L’Afrique aux africains» ? Massinissa est né à Mascula, actuelle Khenchela, en 202 av JC et mort à Cirta en 148 av JC à l’âge, probablement, de 54 ans. Massinissa fut célèbre dans tous les pays de la Méditerranée et l’île de Délos, en Grèce, lui éleva trois statues. Vers la fin de sa vie, il projeta de s’emparer de Carthage pour en faire sa capitale. Les Romains, qui redoutaient qu’il n’acquière une puissance encore plus grande que celle des Carthaginois et qu’il ne se retourne contre eux, étaient opposés à ce dessein. Ce fut de nouveau la guerre en Afrique et, après d’âpres combats, Carthage fut livrée aux flammes, puis au pillage. Les survivants furent réduits en esclavage et la ville fut entièrement rasée (146 av. J.-C.). Massinissa, mort quelque temps plus tôt, n’avait pas assisté à la chute de la ville convoitée. Ses sujets, qui l’aimaient, lui dressèrent un mausolée, non loin de Cirta, aujourd’hui Constantine (Algérie), sa capitale, et un temple à Thougga, l’actuelle Dougga, en Tunisie. Massinissa, qui était un rude guerrier, encouragera la littérature et les arts, envoya ses enfants étudier en Grèce et reçut à sa cour de nombreux écrivains et artistes étrangers. Ce fut un homme courageux et un roi généreux (pardon accordé à Lacumazes et Meztul, protection accordée à Sophonisbe). Après la bataille de Zama, Massinissa vécut encore de nombreuses années. Il garda sa vie durant l’amitié de Rome sans jamais être son vassal et, contre ses appétits impérialistes, déclara, dans une formule restée célèbre : «l’Afrique appartient aux Africains». Il récupéra non seulement les territoires que lui accordait le traité passé avec Carthage, mais aussi de nombreuses villes et régions sous l’autorité des Carthaginois ou de Vermina, le fils de Syphax. De 174 à 172, il occupa soixante-dix villes et forts. Si Massinissa combattit les Carthaginois, il ne dédaigna pas pour autant la civilisation carthaginoise, dont il sut tirer avantage. La langue punique fut d’usage courant dans sa capitale où l’on parlait également, en plus du berbère, les langues grecque et latine. Il savait aussi se comporter en souverain raffiné portant de riches vêtements et une couronne sur la tête, donnant, dans son palais de Cirta, des banquets où les tables étaient chargées de vaisselle d’or et d’argent et où se produisaient les musiciens venus de Grèce. L’œuvre sociale et politique de Massinissa fut aussi grande que son œuvre militaire. Il sédentarisa les Numides, édifia un État puissant et le dota d’institutions, inspirées de celles de Rome et de Carthage. Il fit frapper une monnaie nationale et entretint une armée régulière et une flotte qu’il mit parfois au service de ses alliés romains. Ce fut un grand souverain qui s’efforça toute sa vie, de faire de la Numidie un pays unifié et indépendant. Ceci pour la présentation du grand roi. Cependant, il est incontestable que Sophonisbe joua un rôle prépondérant au côtés de l’Aguelid.

Le roi et la reine au théâtre

Il y eu plusieurs versions de leur adaptation au quatrième art avec plus ou moins de bonheur. Cela écrit la pièce «Massinissa et Sophonisbe». La générale de la pièce « Massinissa et Sophonisbe », montée par le théâtre régional Kateb Yacine de Tizi-Ouzou, a été présentée hier sur les planches du théâtre régional de Constantine (TRC). La pièce a été présentée comme une « œuvre artistique et poétique » et interprétée en langue amazighe. Écrite par Naima Hassas et adaptée pour le théâtre par Noureddine Ait Slimane, sur une musique de Djaffar Ait Menguellet et une scénographie de Mourad Bouchher, la pièce met en lumière le « fin stratège » que fut Massinissa et sa politique pour stopper « les ambitions hégémoniques romaines », a souligné le metteur en scène. Affirmant que « Massinissa et Sophonisbe » est une « réécriture de l’histoire de la Numidie » avec le souci de se « rapprocher le plus possible de la réalité historique », Mme Ait El Hadj précise que l’œuvre zoome sur les deux « Igueliden » Amazighs, Massinissa et Syphax, et met en scène « le courage, la vaillance et la témérité dont les deux rois ont fait preuve pour unifier la Numidie ». Elle ajoute que cette pièce théâtrale est « une réappropriation de l’histoire de la Numidie » et « une réhabilitation de l’histoire de Massinissa », estimant que l’histoire de ce roi, telle que rapportée par les occidentaux « , a omis des chapitres imposants » du parcours de Massinissa. À une question relative à la présentation de plusieurs pièces retraçant l’histoire de Massinissa dans le cadre des productions théâtrales inscrites au programme de « Constantine, capitale 2015 de la culture arabe », le metteur en scène a précisé que la multiplication des œuvres sur ce roi berbère « enrichit et diversifie l’art et la culture’’. L’un des derniers ouvrages consacrés à Massinissa et Sophonisbe est l’œuvre de l’écrivain algérien disparu en 2011, Abdelaziz Ferrah, qui a notamment raconté le drame au cours duquel Sophonisbe, fille du général carthaginois Hasdrubal, avait trouvé la mort. Les principaux rôles de cette pièce ont été confiés à six (6) comédiens, dont Noureddine Ait Hamdane (Massinissa) et Makhlouf Aoudia (Syphax), Selmani Kamel (Scipion), Salhi Tilelli (Sophonisbe), Saber Farida (Massiva), Krim Norddine (Akli et Lilus). Sur le plan mise en scène, cette pièce est issue du théâtre épique, tenant à la fois de la tragédie avec les récits poétiques d’une dramaturgie prenant en haleine le spectateur. Des spectacles aussi bien produits par une main de

S.A.H

Qui est Hamida Aït El Hadj, dramaturge et metteur en scène ?

Psychologue de formation, de l’université de Paris, elle se dirige vers l’URSS où elle décroche son diplôme de metteur en scène avec mention excellent. Encore étudiante, elle est primée pour la meilleure conception mise en scénique des jeunes de l’Ukraine. À son actif plusieurs adaptations et dramaturgies dont : «Un tramway nommé désir» deTennesse Williams, «Le chant de la forêt» de L. Oukrainka et «Le journal d’un fou» de Gogol, ainsi que des créations dramaturgiques : «Un couteau dans le soleil» et «Le Butin», réécrites avec F. Beuouar «El Khamsa», «Fathma» et «Hissaristan».

Mise en scène primée

«Le chant de la forêt» à Kiev, «Le Butin» à Londres, «Le couteau du soleil» à Paris, «Le fleuve détourné» en Algérie et Jordanie et autres… Elle a fait partie de plusieurs jurys, souvent présidente dans plusieurs manifestations nationales et internationales.

Par S. Ait Hamouda

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