Asmekti ou le retour aux sources

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Cinq ans après la sortie de son dernier album « Rwayeh », le groupe Abranis, précurseur du pop-rock en Algérie, revient avec un nouvel opus intitulé « Asmekti » (Souvenir) imprégné de mélodies kabyles remises au goût du jour. Les onze titres qui composent cet album, sorti récemment, s’inscrivent dans la lignée de l’ensemble de la discographie du groupe qui s’était fait connaître dans les années 1970 et 1980 par le pop-rock. Produit par « Gosto », une boite de production basée à Béjaïa, « Asmekti » remet en mémoire des mélodies anciennes qui ont fait le succès de ce groupe quadragénaire. Malgré la prédominance du style pop-rock, « Asmekti » se distingue des autres albums par les mélodies qui apportent « plus de couleurs kabyles », explique, à l’APS, Karim Abranis, compositeur et leader du groupe. « A Hemma », un titre sorti en 1993 dans l’album « Wali Kan », a été complètement revisité et présenté ainsi dans une tonalité contemporaine: «Je n’étais pas satisfait de la version 1993 de A Hemma. En plus du texte qui a été modifié j’ai aussi apporté des changements dans le rythme et l’arrangement», précise le musicien sexagénaire. Des artistes de renom ont été étroitement associés à la réalisation du nouvel album, à l’image du compositeur Ameziane Kezzar et du poète Salim Benkhlifa. Leur apport artistique a notamment marqué les titres « Tamurt-iw » (Mon pays), « lbaz » (L’aigle) et « Urgagh » (J’ai rêvé), une chanson écrite par Saïd Abdelli qui rappelle la fameuse ballade « Imagine » du compositeur anglais John Lennon. Outre le producteur Amirouche Belaid, Abranis est accompagné par les guitaristes Nazim Mohamedi et Idir Mouhia, le batteur Yacine Haddad et le bassiste Lahlou Hammoudi. Deux choristes, Lifa et Yamina, ont associé leurs voix à celle de Karim Abranis dans la chanson « Tajmillt » (Hommage), déclinée également en vidéoclip visible sur You Tube. Elles ont également prêté leurs voix à « Silas » et « Tamurt-iw « , où le chanteur manifeste son indignation face au « sort fait au pays ». S’abreuvant à sa propre discographie, le groupe a su préserver des qualités essentielles à son identité musicale, des thèmes et des textes élaborés et engagés. Dans « Yerna dessen », Abranis reproduit un texte d’Abdallah Mohya, plus connu sous le nom de Muhia, pour rendre hommage à ce dramaturge et poète disparu en 2004. Evoquant la séparation, Karim rend un hommage émouvant à son père, tombé au champ d’honneur en 1957 pendant la guerre de libération, dans « Sevâa u xemsin » (57). « Asmekti » évoque, d’autre part, l’exil, des questions d’ordre intime ou politique, en plus des thèmes plus classiques comme l’amour, la paix et la liberté. S’ouvrant à d’autres musiques, Abranis a aussi introduit des morceaux de gospel, un style d’origine afro-américaine, dans « Aris » où le tempo et les instruments montent crescendo. Formé en 1967 sous l’impulsion de Sid Mohand Tahar, dit Karim Abranis, le groupe « Abranis » connaît un grand succès dans les années 1970-80 en Algérie et en Europe. Le groupe qui se définit comme un « concept en constante évolution », inscrit sa musique dans le rock universel, imprégné de sonorités folkloriques kabyles. Les Abranis avaient disparu de la scène artistique pendant plus de vingt ans (1986-2008), avant que Karim Abranis ne revienne en 2004 avec un album solo qui a connu un grand succès. Avec à son actif plusieurs albums à succès, comme « Imeti n tayri » (Les larmes de l’amour, 1978), « Avehri » (Le vent, 1983) et « Wali Kan » (Regarde un peu, 1993), entre autres titres sortis en quarante ans de carrière, les Abranis sont considérés comme les pionniers de la musique rock en Algérie.

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