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Libye : Colère chez les démocrates après la proclamation par le CNT de la charia comme source de législation : “La Libye ne peut tourner le dos à la modernité”

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La mort de Kadhafi, qui a été enterré dans la nuit de lundi à mardi derniers, dans un lieu tenu secret, ne constitue nullement le point d’arrivée, au contraire, les choses sérieuses ne font que commencer pour les Libyens.

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Il est peut-être trop tôt pour se prononcer sur ce que sera la Libye après « sa libération » du régime Kadhafi, mais des signes prêtent bien à l’inquiétude et à un avenir pas du tout reluisant. À entendre le président du Conseil national de transition (CNT), Mustapha Abdel Jalil, on ne peut qu’être sceptique quant au devenir de ce pays. « En tant que pays islamique, nous avons adopté la charia comme loi essentielle, et toute loi qui violerait la charia est légalement nulle et non avenue », affirmait, en effet, le n° 1 du CNT lors de son discours prononcé à l’occasion de la proclamation de la libération de la Libye. Ce discours ponctué d’ailleurs, par des «Allah Akbar !», en dit long sur les orientations politiques que les nouveaux dirigeants veulent imprimer au pays. La peur de voir le pays basculer vers l’islamisme est réelle, d’où, d’ailleurs, toutes ces voix qui se sont élevées pour dénoncer cet état de fait. Même les pays occidentaux, qui ont soutenu ce même CNT, ont vite fait de réagir en rappelant à l’ordre les nouveaux dirigeants Libyens. L’ancien ministre de la justice du régime Kadhafi, ce même Abdel Jalil, a vite tenté de se ressaisir en déclarant : « Nous n’accepterons aucune idéologie extrémiste, de droite ou de gauche. Nous sommes un peuple musulman, à l’islam modéré et nous allons rester sur cette voie ». Certaines organisations mondiales n’ont, également, pas été indifférentes. Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) a réagi à travers une déclaration rendue public, hier, où il « dénonce vigoureusement ces déclarations, illégitimes et d’une grande brutalité qui portent les germes de la division et tendent à orienter les futurs choix fondamentaux des Libyens dans le sens d’un conservatisme religieux anachronique et rétrograde ». Pour le CMA, en fait, “la Libye n’est pas encore libre”. “Elle ne peut tourner le dos à la modernité aux principes démocratiques universels…”. Il est vrai, en effet, que la Libye est loin d’être sortie de l’auberge. L’après Kadhafi s’annonce en effet difficile. Pour certains observateurs, l’avenir du pays de Omar El Mokhtar demeure incertain, dans ce sens que non seulement il est guetté de prés par la menace intégriste, mais aussi, estime-t-on, le risque de voir le pays plongé dans le chaos d’une guerre fratricide n’est pas à écarter. Il est certain, en somme, que la Libye, qui renferme en son sein des milliers de démocrates et de progressistes, n’a pas encore choisi son camp. Les démocrates républicains, et les berbères en particulier, ne vont sûrement pas se laisser faire face à Abdel Djalil et Abdelhakim Belhadj, un autre membre du CNT qui n’est autre qu’un ex terroriste au sein d’El Qaida. Ces démocrates qui sont aussi représentés dans ce même CNT, défendront eux aussi leur projet de société. Un bras de fer, dont les conséquences sont imprévisibles, n’est pas à écarter. Il est certain, en tous cas, que la guerre des clans a déjà commencé au sein du CNT, appelé d’ailleurs à disparaître, à travers tout la pays. La Libye ne connaît, ainsi, pas de répit. La population locale doit savoir qu’un long parcours reste encore à faire avant que son pays ne retrouve sa sérénité. L’exemple de la Tunisie et de l’Egypte est là pour en témoigner. L’expérience algérienne doit aussi en dire quelque chose à cette même population, qui n’a pas eu le temps de savourer son historique victoire sur son ancien guide, qu’elle est appelé d’ores et déjà à se pencher sur l’avenir de son pays pas encore aussi libre qu’on puisse le penser. La mort de Kadhafi, qui a été signalons-le, enterré dans la nuit de lundi à mardi derniers, dans un lieu tenu secret, ne constitue nullement le point d’arrivée, au contraire, les choses sérieuses ne font que commencer pour les Libyens.

M.O.B

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